
Suite de la première partie
La troisième et quatrième cérémonie du feu furent l’occasion de me débarrasser d’un peu de mobilier et des nombreux bois flottés que je conservais pour faire les armatures de mes mobiles céramiques.
La cinquième, celle de vider la maison et mon mental de certains mauvais esprits avant de faire le grand saut pour Marseille. Elle dura quatre heures pendant lesquelles je donnais à manger au feu des branches de bougainvillier en fleur, des graines de palmier royal et un énorme buisson de romarin coupé et séché trouvé sur ma route. Lavé et conservé dans des bocaux, j’en fis cadeau aux participants en souvenir de cette soirée aromatisée aux essences de romarin, également une des plus puissantes plantes de la pharmacopée. Le lendemain, je me sentis éreinté, tout desséché et vieux de 80 ans. Mais incroyablement léger ! Avec mon ami Marco, nous avons fait quelques photos post-cérémonie. J’aurais aimé qu’il saisisse dans son objectif un lancer de cendres scintillantes sous le soleil matinal, mais cela n’a pas marché. Marco aimerait brûler tout le système bancaire international sous domination du dollar. Mais je ne sais pas de quelle dimension devrait être ce grand feu de la Saint Jean alimenté en billets pour être efficace !
Malgré la magnificence du brasier numéro 5, il faut croire que des esprits malins ont perturbé le bon déroulé de mon retour en France, puisqu’une de mes deux valises n’arriva pas à destination alors que je l’avais remplie de bonnes énergies : mon petit bouddha qui m’a suivi dans tout le Mexique, un Nouveau Testament offert par les Témoins de Jéhovah et un petit carnet pour réciter entièrement le Namu myōhō renge kyō – « Hommage au Sūtra du Lotus de la Loi sublime de la Vie » – selon les préceptes bouddhistes de Nichiren ; aussi avec un masque tressé en palmes de Oaxaca, des cauris d’Afrique, des perles noires du Pacifique. en plus de toute ma garde-robe… Je brûle en pensée la compagnie Iberia ainsi que l’aéroport – Mexico, Madrid, Marseille ? – où ma valise s’est égarée, volontairement ou pas.
La sixième et la septième cérémonie eurent lieu en automne 2023 à Marseille, dans mon nouveau lieu de résidence. Comme offrandes, des olives et des amandes sèches, du bois de figuier, de pin et d’amandier. J’ai dédié la sixième à la Vierge Marie, qui domine toute la ville sous les traits de Notre Dame de la Garde.
Pour terminer, il ne faut pas s’attendre à des miracles d’une cérémonie du feu, si vous souhaitez en organiser une. C’est un acte avant tout symbolique et de gratitude. Il ne s’agit pas de magie blanche, encore moins de magie noire. Par exemple je déconseille vivement de souhaiter du mal à une personne de votre entourage à l’occasion du rituel des papiers brûlés. En revanche vous pouvez désirer vous en libérer, couper certaines attaches qui vous y relient, ce qui est différent.
Toujours mes mains souffrent du fait de coupures aux doigts, suite au ramassage des branchages ou des brûlures superficielles qui se transforment vite en ampoules. C’est le prix du sang pour ce rituel, me dis-je. Alimenter le brasier demande une attention permanente qui se traduit par des gestes sans retenue, assurés, efficaces dans une sorte de ballet un peu illuminé. L’effet libératoire ressenti par la suite vaut bien les quelques écorchures que je prends sur moi, et jusqu’à présent personne ne s’est plaint de sa participation à mes cérémonies du feu. La danse des flammes reste fascinante pour tous les âges de la vie, le fumet du feu de bois enchante les cœurs (selon les correspondances de la médecine chinoise). Mes invités en ont plutôt gardé le souvenir d’une performance réussie ! Quelle sera la huitième cérémonie ? En avez-vous déjà organisé, y avez-vous déjà participé ? N’hésitez pas à laisser témoignages et commentaires à la suite de cet article.
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Photos Florent Hugoniot
Cérémonies 5, 6 et 7 – Oaxaca, Marseille, 2023
Et pour continuer dans le bassin méditerranéen avant de terminer ce tour d’horizon solaire et enflammé par l’Inde et l’Iran, voici l’introduction de cet article de Martine Pédron, paru sur le journal numéro 40 de alternativesante.fr :
« Mystérieux, magique, fécond et destructeur, protecteur et purificateur, le feu nous accompagne depuis environ 300 000 ans. Si certaines sociétés traditionnelles continuent à le vénérer, qu’en est-il chez nous en Occident ? A-t-on conservé son caractère sacré et magique ?
Dans les légendes grecques, Prométhée dérobe le feu à Zeus pour l’offrir aux hommes. Du feu inextinguible chez les Grecs anciens qui brûlait sans cesse à Athènes et à Delphes au feu des prêtresses romaines et dans toute l’Antiquité, le feu a été objet de vénération. Moteur de la civilisation, la maîtrise du feu a permis à l’homme de cuire ses aliments, de se protéger des bêtes sauvages, de s’éclairer et de se chauffer ; plus tard, il deviendra source de métamorphose de la matière avec la naissance de la terre cuite et de la poterie, de la métallurgie et de la fabrication des métaux. Mais pas seulement !
Célébrer le Soleil
Tous les 24 juin, on fête la Saint-Jean (Jean le baptiste) et le solstice d’été. La veille au soir, on allume des feux de joie pour célébrer le Soleil qui est alors au sommet de sa puissance, car c’est le jour le plus long de l’année ; puis la lumière va en diminuant. Dans nos villes, ces rituels sont quasiment absents, mais en Bretagne ou encore dans l’Aubrac, cette fête de la Saint-Jean est aujourd’hui encore une grande fête villageoise, l’occasion de partager de la nourriture, boire du vin et chanter au son de l’accordéon ou (…) »
Martine Pédron – le 24 octobre 2016
La suite avec un rapide historique et les sources dans la troisième partie.
Quelle sera la huitième cérémonie ?
FH



























