
Le quartier du Panier est un vivier du street art marseillais. Certes, il a bien changé depuis les début des années 2000, lorsque le TGV est arrivé â la gare Saint Charles. Il s’est « boboïsé » et la mixité populaire, culturelle et ethnique haute en couleurs qui faisait sa particularité a laissé la place à des activités plus touristiques, telles que des boutiques de souvenirs, des savonneries, des ateliers d’artistes et des bar-restos. Il faut dire que le microcosme urbain du Panier, situé dans le 2e arrondissement, se prête sans problème à cette transformation avec ses multiples grandes places et placettes, son dédale de ruelles et ses nombreux escaliers, qui donnent à ce lieu – le plus vieux de Marseille, déjà habité pendant la période gréco-romaine – des allures de Montmartre-sur-Méditerranée.
Un jour de semaine ensoleillé, je suis allé y photographier les œuvres que vous pourrez voir plus bas et dans la deuxième partie de cet article. C’était un mardi, le Centre de la Vieille Charité, qui recèle dans son exposition permanente des trésors archéologiques et historiques du pourtour méditerranéen, mais aussi d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, était fermé. Il y avait, déambulant dans les rues vides de motos et de voitures ou assis aux terrasses des restaurants ouverts, peu de touristes. J’ai dû certainement croiser aussi quelques habitants du quartier ou de la ville, en plus des commerçants sur le pas de leur porte, mais ils étaient tellement discrets que je ne m’en suis presque pas aperçu. Ah, le moment le plus vivant fut quand j’ai entendu puis vu un groupe d’enfants accompagné de la responsable pédagogique faire un « tour street art » dans le Panier. Il faut dire que c’était un jour travaillé de décembre et qu’en 2023, toute la faune locale – familles d’origine italienne, gitane, maghrébine, subsahariennes débordant de leurs petits appartements sur la voie publique et décrite brillamment dans Cinq dans tes yeux de Hadrien Bels, publié aux Éditions L’Iconoclaste en 2020 – s’est volatilisée depuis longtemps. Le Panier était usque dans les années 1990 un quartier mal famé où il ne faisait pas bon se promener seul le soir, ou même en journée. Il avait ses codes et ses communautés qui se toléraient, mais restait isolé sur les hauteurs de Marseille, souvent balayé par le mistral et les vents marins. Aujourd’hui c’est toujours une zone relativement populaire, mais la dynamique de survie entre habitants a évolué vers une entre-aide bon teint entre nouveaux arrivants et propriétaires. Même si, sous le nouveau vernis, les trafics et mafias locales restent en place…
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Cinq dans tes yeux
Sur ces hauteurs de Marseille, les bars branchés et les boulangeries bio sont apparus aussi subitement qu’une poussée d’herpès. La journée, le Venant se balade ici comme un beau-père qui sort de la chambre de ta mère en caleçon. Cinq dans tes yeux, L’Iconoclaste, 2020
Hadrien Bels, né en 1979, a grandi à Marseille dans le quartier du Panier. Il est vidéaste et réalisateur.
Cinq dans tes yeux, son premier roman paru aux éditions L’Iconoclaste en 2020, est un hommage au Marseille des années 1990 dans lequel il a vécu. Chronique d’une jeunesse partagée avec sa bande de copains, parmi lesquels un Corse, un Comorien, des Algériens, le roman évoque surtout la transformation d’un quartier populaire, le Panier, décrit comme un partage de territoires… avant la gentrification et l’apparition des « bobos » que l’auteur nomme les « venants ».
« Marseille, je la trouve belle comme ça. Avec ses mots simples et ses manières de fille des rues. » Marseille. Son Vieux-Port, ses calanques, son accent qui chante et son quartier du Panier. Stress y est né, y a grandi, y a fait les 400 coups. Son surnom, c’est Nordine qui le lui a donné. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d’ailleurs, d’Algérie, des Comores ou du Toulon des voyous. Ses amis d’enfance sont toujours là, pour la plupart du bon côté de la rampe. Mais entre les ados qui se sentaient pousser des ailes dans les années 90 et les hommes d’aujourd’hui, il y a un monde, un monde perdu. La bande qui traînait ses vieilles baskets sur les pavés biscornus n’est plus la même. Les pauvres ont été expulsés du Panier, les bobos rénovent les taudis et les touristes adorent arpenter ses rues tortueuses. Un peu artiste, un peu loser, Stress rêve, lui, d’y tourner un film… »
« Que vous connaissiez ou non Marseille, les quartiers du Panier ou de « La Belle de Mai » n’a aucune importance. Car Hadrien Bels vous a choisi un guide dont l’extrême sensibilité et la vision complexe vont vous faire découvrir cette ville et ses habitants, sans faux-semblant. » Librairie Gibert Joseph
Pour prolonger, voici des avis enthousiastes de lecteurs sur le site Lisez!.
Bonne ballade ! Suite sur la deuxième partie.
Florent Hugoniot























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SOURCES
https://vieille-charite-marseille.com/
https://www.la-marelle.org/portraits/auteurs-autrices/724-hadrien-bels.html
https://www.lisez.com/livre-de-poche/cinq-dans-tes-yeux/9782266320030

