
Le quartier de la Belle de Mai dans le 3e arrondissement de Marseille a toujours été un quartier populaire à la périphérie de la gare Saint Charles, avec une vie propre et animée, rutilante jusqu’à la fin du XXe siècle en comparaison avec aujourd’hui. Il abritait de nombreux commerces de bouche tels que poissonneries, boulangeries, primeurs, brasseries traditionnelles, bars et restaurants, en plus de quincailleries, garages, ateliers de couture et réparations en tout genre. Ces activités perdurent un peu, mais depuis la fin des usines Seita dont les locaux sont désormais entièrement occupés par la Friche Belle de Mai et l’abandon de la caserne militaire qui les jouxtaient, le quartier a perdu de son éclat et de sa mixité. L’âme d’une époque riante s’est évaporée, pour laisser place à une ambiance un peu plus plombée, malgré la vie qu’apportent les nouveaux habitants, d’origine africaine et turque dans une large majorité.
De nombreuses devantures métalliques restent baissées en permanence et sont progressivement couvertes de tags moches, la plupart des façades de maisons et d’immeubles ne sont pas rénovées depuis des lustres, par ci par là gisent des scooters dépouillées, du mobilier abandonnés. Ces détails dépeignent un milieu urban sinistré et gris. Seules quelques constructions récentes donnent un peu d’esprit de nouveauté. Cependant, le street art apporte la réelle note colorée dans les rues comme dans tout l’ensemble de la Friche Belle de Mai qui est devenu le pôle culturel principal du quartier, au milieu d’un tissu associatif, éducatif, social et artistique bien implanté mais qui fait avec les moyens du bord.
Les choses se sont inversées entre le Panier et la Belle de Mai : le premier est devenu branché au fil des ans, tandis que le second s’est vu tristement accolé le titre de quartier le plus pauvre de Marseille, de France, et certains disent d’Europe. Il accueille de nombreux migrants qui arrivent selon différents moyens dans la ville, squattent autour de la gare Saint Charles avant de trouver des refuges éphémères dans le quartier, avec l’aide d’associations et de particuliers qui font le boulot que les autorités françaises ne savent ou ne veulent plus faire. La dernière loi votée à l’Assemblée Nationale ne va pas aider ces malheureux en quête d’un avenir meilleur, bien au contraire…
Heureusement que le projet de la Friche Belle de Mai est venu donner un nouveau souffle au quartier depuis les années 1990, qui a gagné d’un point de vue socioculturel ce qu’il a perdu au niveau socio-économique à la fin des années 1980. Désormais on peut y voir de belles expositions ; en ce moment, le réalisateur Robert Guédiguian est à l’honneur avec Robert Guédiguian – Avec le cœur conscient, ouverture de la rétrospective de ses films au cinéma Le Gyptis dans le cadre de cette expo. On peut aussi assister à des concerts de musiques du monde, des festivals de musique électronique tel que Utopia, ou simplement aller y boire un verre et manger au restaurant Les Grandes Tables ou encore faire son marché bio le lundi après-midi. Le Couvent est également, à une plus petite échelle, un lieu intéressant à connaître. Ancien couvent de bonnes sœurs transformé récemment en espace artistique avec ateliers de résidents, de céramique et lieux d’expositions, ce projet se développe dans un cadre vert idyllique et préservé, comme une bulle bucolique à deux pas des voies ferrées. Le Gyptis est le cinéma Art & Essai de la Friche la Belle de Mai. Situé au cœur du quartier, il propose une programmation largement ouverte et curieuse ainsi que de nombreux événements : ciné-concerts, rencontres de réalisateurs, avant-premières, ateliers…

« 1868-1990 – La Manufacture des Tabacs
Au XIXe siècle, la Manufacture des Tabacs de la Belle de Mai est le siège de l’une des plus importantes fabriques de France. En 1860, l’établissement, à cette époque située rue Sainte près du Vieux-Port, est le premier employeur de la ville et la deuxième manufacture de France, derrière Paris. La manufacture confectionne (entièrement à la main) près de cent millions de cigares par an. En raison de l’insalubrité de ses locaux, la manufacture des tabacs quitte en 1868 la rive sud du Vieux-Port pour s’installer à la Belle de Mai, à côté de la raffinerie de sucre Saint Charles. L’usine, longeant la voie ferrée, connaîtra ensuite plusieurs phases d’agrandissement liées à l’augmentation de la consommation de cigarettes et à l’évolution des modes de production (électrisation progressive des machines).
Après avoir produit cigares et scaferlatis, la Manufacture des Tabacs de la Belle de Mai, qui appartient à la SEITA, se spécialise dans les années 50, sous l’injonction d’une nouvelle stratégie industrielle décidée à Paris, dans la production de cigarettes Gauloises et Gitanes. Au début des années 60, elle produit environ 1/5e des Gauloises alors consommées en France. Mais la mode est au tabac blond, de 1000 salariés en 1960, l’usine passe à un effectif de 250 en 1988, deux ans avant sa fermeture définitive.
1990-2002 – Les années de fondation
La Friche la Belle de Mai a le nom de son quartier : la Belle de Mai, 3e arrondissement de Marseille. Mais son histoire commence en 1990, dans un autre quartier. En connivence avec Christian Poitevin, alors adjoint délégué à la culture de la Ville de Marseille, Philippe Foulquié et Alain Fourneau, respectivement directeurs du Théâtre Massalia et du Théâtre des Bernardines, investissent une ancienne graineterie du Boulevard Magallon, dans le 15e arrondissement, et créent Système Friche Théâtre : il s’agit de poser autrement les enjeux de production artistique et pour ce faire de dégager de l’espace et du temps pour les artistes. »
(…) La Friche/Histoire
Les œuvres présentées dans cet article en deux parties, du fait de leur quantité et leur qualité, racontent en pointillé ces errances et l’espoir d’un ciel plus bleu, d’une herbe plus verte ici plutôt qu’ailleurs. Elles nous montrent aussi l’extraordinaire inventivité des artistes de street art qui viennent de partout pour laisser leur touche à Marseille. Elles sont toutes situées dans le Panier pour la première partie. Pour cette deuxième partie, elles se trouvent principalement dans les deux quartiers de la Belle de Mai et du Panier qui se touchent, quelques-unes dans celui de La Plaine, au Vallon des Auffes ou vers le parc Puget d’où on a une très belle vue sur le Vieux Port.
Florent Hugoniot
































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Merci à Betty et Amélie pour leurs précieuses indications !
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SOURCES
https://www.lafriche.org/la-friche/histoire/



Le 20 décembre 2023, l’adoption de la loi « immigration et asile » en France a suscité une controverse nationale, ravivant les débats sur la politique migratoire. Cette législation, considérée comme la plus restrictive depuis des décennies, a plongé le pays dans une réflexion profonde sur ses valeurs républicaines et son histoire mouvementée, notamment en évoquant les périodes sombres du gouvernement de Vichy. Cet article explore l’impact historique de cette loi, remettant en question sa conformité avec les principes fondamentaux de la République française et mettant en lumière la nécessité de tirer des leçons du passé pour façonner un avenir respectueux des droits humains et de la diversité.
La France face à l’Immigration : Une Loi Controversée Ravive les Débats
Le 20 décembre 2023 restera gravé dans l’histoire contemporaine de la France en raison de l’adoption par les députés de Renaissance, Les Républicains et du Rassemblement National de la loi « immigration et asile », initiée par Emmanuel Macron. Ce vote a suscité des débats passionnés et a attisé les craintes quant à l’avenir de la politique migratoire française. Certains la qualifient de la loi la plus restrictive depuis des décennies, tandis que d’autres voient en elle un retour en arrière inquiétant pour les valeurs fondamentales de la République.
L’histoire de la France a souvent été marquée par des périodes tumultueuses, notamment durant la Seconde Guerre mondiale. L’évocation du gouvernement de Vichy, sous l’occupation nazie, résonne encore dans les mémoires collectives. C’est à cette époque sombre que des politiques discriminatoires et répressives à l’égard des immigrés et des minorités ont été mises en place. Ces événements historiques, où la xénophobie et la répression étaient institutionnalisées, continuent de hanter le débat politique actuel sur l’immigration en France.
La loi « immigration et asile » de 2023 repose sur une prémisse discutable : celle attribuant aux immigrants la responsabilité des maux sociaux de la nation. Cependant, l’histoire démontre que la contribution des immigrés à la France a souvent été significative, tant sur le plan économique que culturel. Les vagues d’immigration successives ont enrichi la diversité française, apportant des perspectives nouvelles, des talents et une force de travail essentielle à de nombreux secteurs.
Malheureusement, cette loi, loin de refléter la réalité, aggrave la précarité des immigrés, les exposant davantage à l’exploitation et les poussant vers la clandestinité. Elle ébranle les valeurs cardinales de la République, énoncées dans sa devise : liberté, égalité, fraternité. Ces principes, hérités de l’héritage révolutionnaire français, sont profondément remis en question par cette législation restrictive.
L’adoption de cette loi représente un tournant critique dans l’histoire contemporaine de la France. Elle a ravivé les tensions politiques et réanimé la présence de l’extrême droite dans le paysage politique, soulevant ainsi des inquiétudes quant à la direction que prendra la société française dans les années à venir.
Dans un contexte où le souvenir des erreurs historiques est crucial, il est impératif de tirer des leçons du passé pour construire un avenir basé sur la tolérance, l’ouverture et le respect des droits fondamentaux de chaque individu. La France, forgée par son histoire mouvementée, doit naviguer avec prudence dans ses politiques migratoires pour ne pas répéter les sombres épisodes du passé.
Cette loi controversée a placé la France à la croisée des chemins, l’invitant à réfléchir sur les valeurs qui ont forgé son identité et à s’engager sur la voie d’une politique migratoire respectueuse des droits humains et en accord avec les principes républicains.
URL de cet article 39216
https://www.legrandsoir.info/la-loi-immigration-ouvre-la-porte-a-la-bete-hideuse.html