2024 – Le Vent chante

Le Kiwano, aussi appelé melon à cornes ou concombre cornu d’Afrique, est un légume-fruit de la famille des cucurbitacées. Sa peau est parsemée de grosses épines, sa chair est fruitée, très colorée et rafraichissante.

Commencer une nouvelle année c’est enterrer de la meilleure manière la précédente pour que puissent germer les graines et s’envoler les vœux du tout jeune cycle solaire qui s’amorce. Laisser la terre et l’eau filtrer les éléments déjà anciens, laver les espoirs déçus, se libérer de relations humaines usées, d’événements qui ne méritent pas la postérité. Toutes ces choses devenues impalpables qu’on préfère laisser au vent le soin d’éparpiller ; pour que le cœur brûle de frais désirs en trouvant le tempo adéquat à chaque époque, chaque moment à venir de l’existence.

2024 durera 366 jours puisque c’est une année bissextile. Une année qui sonne un peu comme sexe, donc bonne libido, mais aussi comme textile, ce qui évoque des trames, des filets, des voiles qui nous retiennent, nous élèvent ou nous emmènent au loin, les fils qui nous relient, des tissus qui nous habillent, nous réchauffent et couvrent nos nudités, nos fragilités… ou les révèlent ! Bi, plus c’est varié : bicyclette, bikini, binôme, bivalve… en fait tout ce qui évoque le nombre deux et la complémentarité. Mais aussi le mantra Just bi yourself !!

Le mazet « Le Vent chante »

Les dernières heures de 2023 ainsi que les premières de 2024, je les ai passées dans un lieu comme il n’en existe plus beaucoup en France : un mazet* à l’écart du temps et des agitations postmodernes, resté en l’état depuis des décennies hormis quelques petits aménagements intérieurs et extérieurs, en plus de l’entretien qu’exige une maison habitée. Il s’appelle « Le Vent chante » et est juché sur les hauteurs de Sommières, une zone appelée les Mauvalats avec vue panoramique sur la vallée du Vidourle et au loin sur les monts du Pic Saint Loup et de l’Hortus. Ce mazet est habité par une photographe originaire de la ville, Nadine Béteille, accompagnée de Raphaëlle Arnaud, plasticienne, deux grandes amies à qui je rends hommage ici. Nadine en est l’occupante depuis 40 ans. Depuis 20 ans, avec Raphaëlle, elles vivent en intermittence entre « Le Vent chante » en bordure de Villevieille dans le Gard, et une ancienne maison viticole à Saint Hilaire de Beauvoir, un charmant village de l’Hérault situé à quelques kilomètres.

Deux amoureuses du voyage, petits et grands trajets de par ce monde, voyages intérieurs, épopées collectives… De même que les photographies, elles n’apprécient pas que la vie soit surexposée, plutôt correctement étalonnée.

Elles ont aussi beaucoup voyagé à Madagascar, y ont tissé des amitiés. Elles en ont rapporté de belles productions artisanales dont des rideaux brodés avec lesquels elles avaient composé ensemble une magnifique chambre malgache pour les amis de passage. On pouvait admirer, dans des cadres accrochés sur les murs de chaux, quelques photographies en noir et blanc de Nadine – des paysages épurés du Languedoc et des portraits d’habitants de la grande île africaine.

Or ce mazet est récemment devenu avec les terrains alentours objet de spéculation immobilière depuis le décès de la propriétaire. Raison pour laquelle je parle de la chambre malgache au passé car petit à petit « Le Vent chante » se vide de ses souvenirs et objets familiers pour une future mais certaine mise en vente de la petite maison de deux étages et du terrain alentour, plusieurs hectares d’oliviers en partie mangés par une garrigue dense et abritant moult animaux, qui risque de passer en terrain constructible.

Tout un choix de vie, un art de vivre, une philosophie qui s’effacent ici mais qui heureusement ne disparaitront pas : le regard que porte Nadine sur les choses, l’art du temps, l’équilibre entre gravité et légèreté de Raphaëlle ainsi que leur amour commun d’une certaine authenticité, de la sérénité qui berce, du silence qui renouvelle et de la nature qui ressource, c’est ce qu’il a de plus facile à déménager. Ces délicates mais essentielles formes de présence au monde ne vous quittent jamais.

Nadine a profité du grand feu que nous avons allumé pour la brasucade** de moules du 31 décembre, second feu préparé au même endroit après celui-ci deux mois plus tôt, lors de la Toussaint 2023, pour alléger ses archives de nombreux essais, de tirages-papier inutiles et de quelques photos de trop. Ce sera cela de moins à empaqueter prochainement, on ne sait pas quand exactement, mais un jour, bientôt. C’est acté maintenant, la dame aimant le calme et la solitude ne sera plus la locataire du Vent chante. Nadine a préservé ce mazet de l’oubli, de la ruine, y a vécu, construit son œuvre photographique, reçu ses amis sur la terrasse l’été et alimenté le poêle l’hiver en contemplant son grand ami le pin s’élancer de plus en plus haut, au dessus du toit…

C’est donc un large chapitre de son existence qui se tourne. Ses proches étaient là pour la brasucade, les courges au camembert fondu, les huitres et le vin. Présents pour célébrer l’année nouvelle bien sûr, mais aussi pour cela : vivre un moment précieux qui certainement ne se reproduira plus, du moins plus là.

Sommières, quais du Vidourle, décembre 2023

Voici une série de photos-souvenirs de ce lieu, de Sommières et des acteurs, actrices d’un partage privilégié et chaleureux, quand le Temps n’a plus de pesanteur ni secret ni retenue, au basculement entre 2023 et 2024. Avec Nadine et Raphaëlle, Sandia, Sandrine et Thierry, David de la guinguette de Lecques, le petit David, Axel, Iggy et sa copine Estelle, Monique et son compagnon Denis.

Copyright photos Florent Hugoniot

Hier, sous un généreux soleil hivernal, sur les quais du Vidourle au bar de Danny, nous nous lancions de joyeux « À demain, l’année prochaine !! ». La vie glisse sur nos corps et nos âmes, tel le vent, parfois doux, parfois froid, violent ou brûlant, s’infiltre partout en nous, émane de nous, s’en va aussi malgré nous. Elle nous coule entre les doigts comme le sable du désert. Ce désert mythique, emblématique, éternel, impossible à capturer dans sa totalité, infini et changeant comme la vie.

C’est le moment de te souhaiter, lectrice, lecteur, une excellente année 2024 !! L’époque est certes sombre et chaotique, mais ne perdons jamais de vue nos repères tel un matelot ou une rêveuse sur le pont du bateau : constellations étoilées, rotation des astres et des planètes, phares, flamme intérieure, feux de la passion, tout ce qui nourrit espoir et chaleur humaine !

Florent Hugoniot

Nadine et Rafa, Sommières 2023-2024

*Un mazet, ou maset, est une petite construction rurale à pièce unique, en maçonnerie liée (enduite ou non de mortier) et à couverture de tuiles, que l’on rencontre dans le Languedoc et notamment dans les départements du Gard, de l’Ardèche et de l’Hérault, où elle servait autrefois de maisonnette dominicale aux petites gens des bourgs et des villes.

**La brasucade désigne un repas festif organisé dans le Languedoc-Roussillon, généralement organisé en plein air, tournant autour de la cuisson sur feu de bois de différents plats ou ingrédients en particulier des moules, mais non exclusivement.

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SOURCES – ANNEXES

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mazet

https://www.potagercity.fr/produits/tout-savoir-sur-le-kiwano/981

https://www.facebook.com/profile.php?id=100082363383947

https://www.midilibre.fr/2014/08/08/une-exposition-photos-tres-particuliere-a-sommieres,1035463.php

Le Pont Romain

Un ouvrage unique habité, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 2018 et situé à Sommières, sur le Vidourle

« Le pont romain, aussi dénommé, à tort, « Pont Tibère » est l’imposant vestige et témoin du passé antique de la ville et de la région. Avec ses 189 mètres de long et ses 21 arches dont seules 7 restent encore visibles, le pont date vraisemblablement du début du Ier siècle après JC. Ce pont permettait le passage d’une voie romaine secondaire reliant Nîmes à Vieille-Toulouse. 

La particularité de cet ouvrage est qu’il fut au Moyen-âge absorbé par la ville qui s’est développée en contrebas du château dans le lit du fleuve et empiétant ainsi sur le pont. L’ouvrage a subit vraisemblablement des restaurations dès le XVe siècle. »

La suite sur : https://sommieres.fr/le.pont.romain-3610200-5-27-102.php

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