Anatomie d’une chambre

Oaxaca 2021 – draps et doigts

Une odeur persistante d’encens bon marché, des volets violets et une collection d’attrapes-rêves saisissent les sens en entrant dans l’espace. Le regard descend progressivement sur un tapis de chaussures en plastique, multicolores et impatientes, qui piétinent dans une nappe d’eau.

Un poulpe-chandelier tente de rester accroché au plafond. Des draps propres en lin, encore humides, pendent aux portes ouvertes de l’armoire. Les étagères ont été vidées.

Trois cuillères, une cafetière italienne, un sèche-cheveux posé sur le marbre de la cheminée. Jeté par dessus, le voile de mariée déchiré dessine un réseau délicat de nerfs à vif.

Au milieu de la pièce se creuse un néant : le lit est parti avec le corps de la défunte.

Du robinet d’eau froide du lavabo s’écoule, apaisante, une cascade pure entre deux serviettes éponge usées, sacrifiées et déposées en guise de serpillères. Il en émane un terre-vert indéfinissable.

Une petite trousse de maquillage dorée glisse, dérive et tangue sur le Styx sinueux et étroit.

Florent Hugoniot

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