Offrandes à la Virgen de Guadalupe (bol de cacao, brioche, encens, crâne, bougies, fruits, fleurs d’arôme et de *cempacúchil*), San Jose del Pacifico 2022

La cérémonie du cacao

C’est un rituel né il y a 3000 ans chez les Mayas. Ces cérémonies, toujours très actuelles au Mexique et en Amérique centrale, sont l’occasion d’un voyage introspectif permettant de se reconnecter à son cœur. Le peuple maya considérait le cacao comme « la nourriture des dieux ». Le cacao, récolté dans les forêts du Mexique ou du Guatemala, était préparé selon des recettes transmises de générations en générations. Une fois la préparation ingérée, grâce à des exercices respiratoires, de chants et de danses, les mayas rentraient en transe avec l’espoir d’ouvrir leurs cœurs. Ils utilisent le cacao dans le cadre d’intentions bien particulières : demande de guérison, de protection, de mariages, de naissances, permission de cultiver. Ils positionnent aussi les fèves à différents points bien précis de la maison afin d’y apporter de douces énergies positives. Le cacao est aussi bu lors de rituel familial, de village, ou encore par les jeunes mamans pour accompagner les naissances ou à reprendre force après l’accouchement.

Origine du cacao

Le cacaoyer, originaire du bassin amazonien, a été cultivé principalement en Mésoamérique, où le cacao était produit à des fins alimentaires, rituelles, médicinales et économiques (les fèves de cacao étant utilisées comme monnaie, notamment à l’époque postclassique). La domestication du cacaoyer semble avoir eu lieu sur la cote pacifique de l’Amérique du sud dans le sud-est de l’actuel Equateur il y a 5300 ans. C’est dans l’aire mésoaméricaine que la culture du cacao est ensuite attestée. Elle s’y est répandue, de manière extensive, dès le préclassique ancien, et les mythologies mésoaméricaines les plus anciennes y font référence. Des fouilles archéologiques ont permis de trouver des traces de cacao au Mexique, dans l’isthme de Tehuantepec dans des céramiques pré-olmèques, datées du début du II^e millénaire av. J.C.

Cérémonie du cacao, Oaxaca septembre 2021

Les Mayas vouaient un véritable culte au cacaoyer. De ses fèves, ils tiraient un breuvage rougeâtre nommé kakaw, censé guérir nombre de maladies (crises de foie, toux, brûlures, etc.). Leur dieu Ek Chuah était associé au cacao, et les cultivateurs et les marchands de cacao lui consacraient des rituels. Selon l’historien du cacao Nikita Harwich, « le cacao est associé aux cérémonies du nom, douze jours après la naissance, comme aux rites d’initiation des jeunes mâles, une provision de fèves accompagne même le mort dans son voyage vers l’au-delà ».

Les Aztèques avaient une vénération identique pour le cacaoyer dont ils tiraient une boisson, le Xocoalt d’où vient le nom de chocolat. Avec les fèves, les écorces de l’arbre, la boisson chocolatée, ils combattaient différentes affections. José de Acosta au XVI^e siècle décrit dans son œuvre anthropologique que les indiens utilisaient la pâte de cacao « bonne pour l’estomac et contre les inflammations catarrhales ».

Quand Christophe Colomb arrive sur l’île de Guanaja dans la baie du Honduras en juillet 1502, il reçoit des Aztèques des fèves de cacao et un bol de la spécialité locale, froide, âcre et fortement épicée – car le cacao était agrémenté de piment, une subtilité gastronomique redécouverte récemment par les grands chocolatiers – qu’il s’efforce d’ingurgiter.

Propriétés du cacao

Le Cacao aide à combler les carences et combattre l’anémie comme un sommeil réparateur. Favorise la santé cardiovasculaire : Les flavonoïdes présents dans le Cacao cru peuvent aider à améliorer la circulation sanguine, réduire la pression artérielle et diminuer le risque de maladies cardiaques. De plus, dans 100 grammes de cacao en poudre, se retrouvent 500 mg de magnésium et 2,73 µg de vitamine D. Noir à 70% et en tablettes, le chocolat contient alors plus de 50% des apports journaliers conseillés en magnésium et 0,5 µg de vitamine D pour 100 grammes.

Cérémonie du cacao, Oaxaca septembre 2021 – repos astral

Cérémonie du cacao avec la curandera Myriam Yolotlxochitl

La cérémonie du cacao à laquelle j’ai assisté s’est déroulée à la fin de période covid à Oaxaca, en septembre 2021, à destination d’un public étasunien de jeunes adultes toniques, encore inquiets de la pseudo-épidémie et très précautionneux du fait d’être sorti du territoire des USA. Le groupe est arrivé en fin d’après-midi, préparé, discipliné et attentif. Après l’accueil et la purification par le copal, au son du caracol (conque marine utilisée comme instrument à vent), les participants ont déposé leurs affaires personnelles, quitté leurs chaussures et masques à l’entrée. Elles, ils se sont installés en demi-cercle, assis à une place assignée dans un décor cérémonial richement agencé, sanctifié et fleuri. La curandera Myriam Yolotlxochitl leur a expliqué avec théâtralité la symbolique du cacao et ses bienfaits. Elle les a invité à s’exprimer sur les motivations de leur présence, a attribué pour certains des petits rôles comme la lecture de certains passages écrits, ou la récitation d’une prière universelle.

Puis elle leur a fait gouter des fèves amères, séchées et écrasées sur un plateau en pierre volcanique (molcajete). Les participants se sont ensuite levés, assemblés en cercle au centre du patio colonial et Mario a fait résonner un large tambourin pour chacun au niveau du ventre, du plexus solaire et du cœur, tout en faisant des invocations dans sa voix de basse. L’assistante de Myriam leur a ensuite offert un bol de boisson de cacao chaud réconfortant en les invitant à se reposer. Allongés un long moment sur le dos et sous la vigilance de Myriam pour une renaissance karmique, ils ont émergé sous les vibrations envoutantes des immenses bols tibétains maniés par Mario.

Cette cérémonie de commande, lisse et esthétique, parfaite pour un tel public m’a cependant saisi par sa beauté et sa gravité. Le diaporama ci-dessous en donne une petite idée, car manquent la musique, les odeurs, la saveur du cacao pur et la présence de l’Esprit du cacao qui planait, perceptible, au dessus de nous, en nous !

Florent Hugoniot

Quatrième partie et fin

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SOURCES