Cette cérémonie de l’équinoxe d’automne 2021 a suivi d’une semaine celle du cacao. Elle s’est déroulée dans le magnifique parc d’un domaine privé aux environs de la ville de Oaxaca, au nord-ouest dans la direction de Santa Maria Atzompa. Invité par la curandera Myriam, je suis venu en transport en commun habillé de clair et avec un bouquet de fleurs comme indiqué. M’étant un peu égaré en chemin, je ne suis arrivé qu’à la fin de la cérémonie. J’ai cependant pu me joindre à ce moment particulier et faire quelques photos sous une lumière sublime. Le petit groupe d’une douzaine de personnes réunissait des Mexicains de provenance diverse : les officiants étaient oaxaqueños, les invités venaient de la capitale ou de Guadalajara.
Davantage encore que les Étasuniens, les Norteños (habitants du Nord du Mexique), en grande majorité des indiens métis ou issus de lignées d’ascendance exclusivement européenne, ressentent un besoin vital de se fondre ou de renouer avec l’Histoire, la culture native et les mythes de leur pays. Par exemple en voyageant jusqu’à des zones naturelles remarquables, en visitant musées et sites archéologiques, en savourant la gastronomie typique, en achetant des productions artisanales qui donneront une âme à leur foyer, afin de se confronter avec tout ce qui constitue « l’identité mexicaine » en général, qu’elle soit réelle ou fantasmée.
Ces aspects sont originaires des grandes zones et périodes historiques précolombienne, et ont le plus souvent été conservés sous une forme rurale jusqu’à aujourd’hui. Ils n’ont d’ailleurs été réhabilités et honorés qu’à partir du début du XXe siècle. Ce genre de pèlerinage leur permet d’affermir, sinon de tracer des racines profondément ancrées dans la terre mexicaine, de se relier au cosmos en faisant une parenthèse avec un mode de vie énergivore et de se régénérer. Les Chilangos (habitants de la capitale) baignent dans un mélange de vestige colonial et aztèque, mais, soumis à une modernité galopante, emportés par le rythme frénétique de cette mégapole de plus de 22 millions d’individus, éprouvent autant sinon plus ce besoin de décélérer et de se réharmoniser pour vibrer au rythme du Mexique éternel.
Carte des États-Unis (ou Fédération) du Mexique et de ses 32 États
Fréquent est donc, chez les urbains des catégories socioprofessionnelles moyennes à hautes (ceux qui peuvent prendre des vacances et voyager), ce besoin de s’immerger dans la culture « véritable » des États du sud, qui se répartissent de la frontière du Guatemala et du Belize au grand plateau central, avec la péninsule du Yucatan, l’Isthme, Oaxaca, Guerrero, Veracruz, plus la zone de Mexico et celle des volcans autour de Puebla. C’est-à-dire ces régions qui formèrent véritablement la Mésoamérique et sont considérés comme plus authentiques, malgré une présence espagnole unilatérale et radicale de 5 siècles. Ces « paradis perdus » sont aussi les plus touristiques au niveau national comme international.
Dans une aire plus étendue – car selon les sources, la localisation et la dimension de la Mésoamérique fluctuent – on inclut les États du centre, situés au nord de celui de Mexico : Querétaro, Guanajuato (les plaines du Bajío), Zacatecas, Michoacán et Sinaloa qui bordent le Pacifique et le début de la mer de Cortez. Les États du Nord du pays et de la Laguna, semi-désertiques mais plus en symbiose industrielle, financière et commerciale avec les USA (Nuevo Léon, Coahuila, Chihuahua, Sonora, Baja California) sont plus riches économiquement mais plus pauvres culturellement voire « déracinés », du moins si on se réfère aux civilisations précolombiennes.
Aires réparties de la Mésoamérique
La Mésoamérique est une super-aire culturelle de l’Amérique précolombienne, c’est-à-dire un ensemble de zones géographiques occupées par des ethnies qui partageaient de nombreux traits culturels communs – mais pas linguistiques – avant la colonisation de l’Amérique. Cela correspond au territoire où vivaient en particulier, à l’arrivée des Espagnols au XVIe siècle, les Aztèques (ou Mexicas), les Mayas et les Purépechas (également appelés Tarasques) ainsi que les autres peuples indigènes en contact avec eux ; sinon où se développèrent et s’éteignirent d’autres civilisations du passé sur une période allant de 2500 av. J.C. à 1521 de notre ère.: les Olmèques, les Zapotèques, les Totonèques, les Toltèques, les Mixtèques et la civilisation mélangée et centrale de Teotihuacan.
Civilisations mésoaméricaines dans la durée et la chronologie de l’Histoire
IN LAK’ECH / HALA KEN
« Le principe maya de l’amour universel est un salut qui honore l’autre personne en dissolvant l’ego dans un amour inconditionnel complet. Les Mayas exprimaient ce concept d’unité dans leur salut quotidien. En effet, quand ils se rencontraient, ils se saluaient en disant « IN LAK’ECH », qui signifie « je suis un autre toi », à quoi ils répondaient « HALA KEN » qui veut dire « tu es un autre moi ». Autrement dit « Je suis toi, tu es moi. »
Les Mayas pensaient que nous faisions tous partie intégrante d’un seul et même immense organisme où out était connecté. Selon eux, le règne minéral, végétal, animal et toute la matière dispersée dans l’univers à toutes les échelles, d’un atome à une galaxie, sont des êtres vivants avec une conscience évolutive. Quand les hommes se réveilleront et réaliseront que cet organisme gigantesque est unique, toutes les relations seront basées sur la tolérance et la flexibilité. Les jugements et les valeurs morales seront caduques, car l’être humain sentira ses semblables comme une partie de lui-même. »
Les communautés de Mésoamérique avaient fait de grands progrès en médecine, se divisant en deux branches. D’un côté, il y avait la composante magique et de l’autre, la composante scientifique. La première était fondée sur des sacrifices, des rituels et des sorts que les chamans faisaient pour enlever les maladies et les souffrances. La partie scientifique était exercée par les guérisseurs qui utilisaient différents types de plantes pour soulager les symptômes. Psicocode
Concernant la cérémonie elle-même, quoi dire sinon qu’elle était très belle, vibrante et paisible, les photos parlent d’elles même. Elle fut célébrée en hommage à la Nature qui, après avoir tant travaillé pendant la saison des pluies, se prépare à entrer en période sèche et fraiche, les énergies redescendent progressivement au sol et vers l’inframonde ; également en l’honneur du soleil qui passe un cap au moment de l’équinoxe d’automne, puisque les journées deviennent plus courtes que les nuitées, jusqu’au solstice d’hiver vers le 21 décembre.
X
Pour terminer cette série sur les curanderos du Mexique, voici « ¿Qué te dijo la Curandera? », undialogue imaginaire traduit de l’espagnol :
Que t’a dit la guérisseuse ?
– Que je suis foutue, que suis passée de l’autre côté !
– Et alors, ça veut dire quoi ?
– Ça veut dire qu’il est temps de se soigner, vivre d’une manière nouvelle. Elle dit que je suis saturée de réalité, que j’étais trop crédule. Je ne comprends pas…
– Et maintenant ? Que vas-tu faire ?
– Elle m’a donné une recette pour oublier, pour désapprendre.
– Donc tu as une maladie.
– Je pense que oui. Elle m’a ausculté et m’a dit que j’avais…
Un vide d’amour pour moi-même dans le thorax, que je manque de passion. que j’ai besoin de rêver, que le bonheur m’a abandonné quand j’ai cessé de me faire confiance. La volonté s’est grippée de ne pas l’avoir employée. Que j’ai un trop-plein de passé. Basse est mon auto-estime, hautes sont la rancune et l’insuffisance d’amour…
– Pas étonnant que la guérisseuse t’ait dit que tu es vrillée ! Et quelle est la recette pour tes maux ?
– Je te lis ce que j’ai pu écrire, la guérisseuse parlait très vite :
Que je dorme sur lavande, que je prenne un bain de fleurs pour me sentir belle et aimée, que je mange du miel pour se rappeler à quel point la vie est douce, que je mange quelque chose de délicieux pour me rappeler que je dois aussi me gâter. Que j’encadre ma photo et que j’allume une bougie pour ne pas oublier que je suis vivante, que je chante sous la douche, pour ne pas avoir de mots bloqués voulant sortir Que je danse sans chaussures, parce que j’ai besoin de me connecter avec moi et la nature. Que je rie sans raison, pour ne pas devenir amère. Que je marche en courbes pour me rappeler que tous les chemins ne doivent pas être droits. Que je joue, parce qu’à l’intérieur de moi, il a toujours une petite fille. Que je marche sous la pluie et me couvre de boue, que j’ouvre les bras afin que le vent me caresse. Que je contemple le lever et le coucher du soleil, que je dorme sous les étoiles. Que je me repose sur la plage, que je grimpe sur une colline, que je nage toute nue, que je perde le contrôle.
Curanderos du Mexique (4)
Cette cérémonie de l’équinoxe d’automne 2021 a suivi d’une semaine celle du cacao. Elle s’est déroulée dans le magnifique parc d’un domaine privé aux environs de la ville de Oaxaca, au nord-ouest dans la direction de Santa Maria Atzompa. Invité par la curandera Myriam, je suis venu en transport en commun habillé de clair et avec un bouquet de fleurs comme indiqué. M’étant un peu égaré en chemin, je ne suis arrivé qu’à la fin de la cérémonie. J’ai cependant pu me joindre à ce moment particulier et faire quelques photos sous une lumière sublime. Le petit groupe d’une douzaine de personnes réunissait des Mexicains de provenance diverse : les officiants étaient oaxaqueños, les invités venaient de la capitale ou de Guadalajara.
Davantage encore que les Étasuniens, les Norteños (habitants du Nord du Mexique), en grande majorité des indiens métis ou issus de lignées d’ascendance exclusivement européenne, ressentent un besoin vital de se fondre ou de renouer avec l’Histoire, la culture native et les mythes de leur pays. Par exemple en voyageant jusqu’à des zones naturelles remarquables, en visitant musées et sites archéologiques, en savourant la gastronomie typique, en achetant des productions artisanales qui donneront une âme à leur foyer, afin de se confronter avec tout ce qui constitue « l’identité mexicaine » en général, qu’elle soit réelle ou fantasmée.
Ces aspects sont originaires des grandes zones et périodes historiques précolombienne, et ont le plus souvent été conservés sous une forme rurale jusqu’à aujourd’hui. Ils n’ont d’ailleurs été réhabilités et honorés qu’à partir du début du XXe siècle. Ce genre de pèlerinage leur permet d’affermir, sinon de tracer des racines profondément ancrées dans la terre mexicaine, de se relier au cosmos en faisant une parenthèse avec un mode de vie énergivore et de se régénérer. Les Chilangos (habitants de la capitale) baignent dans un mélange de vestige colonial et aztèque, mais, soumis à une modernité galopante, emportés par le rythme frénétique de cette mégapole de plus de 22 millions d’individus, éprouvent autant sinon plus ce besoin de décélérer et de se réharmoniser pour vibrer au rythme du Mexique éternel.
Fréquent est donc, chez les urbains des catégories socioprofessionnelles moyennes à hautes (ceux qui peuvent prendre des vacances et voyager), ce besoin de s’immerger dans la culture « véritable » des États du sud, qui se répartissent de la frontière du Guatemala et du Belize au grand plateau central, avec la péninsule du Yucatan, l’Isthme, Oaxaca, Guerrero, Veracruz, plus la zone de Mexico et celle des volcans autour de Puebla. C’est-à-dire ces régions qui formèrent véritablement la Mésoamérique et sont considérés comme plus authentiques, malgré une présence espagnole unilatérale et radicale de 5 siècles. Ces « paradis perdus » sont aussi les plus touristiques au niveau national comme international.
Dans une aire plus étendue – car selon les sources, la localisation et la dimension de la Mésoamérique fluctuent – on inclut les États du centre, situés au nord de celui de Mexico : Querétaro, Guanajuato (les plaines du Bajío), Zacatecas, Michoacán et Sinaloa qui bordent le Pacifique et le début de la mer de Cortez. Les États du Nord du pays et de la Laguna, semi-désertiques mais plus en symbiose industrielle, financière et commerciale avec les USA (Nuevo Léon, Coahuila, Chihuahua, Sonora, Baja California) sont plus riches économiquement mais plus pauvres culturellement voire « déracinés », du moins si on se réfère aux civilisations précolombiennes.
La Mésoamérique est une super-aire culturelle de l’Amérique précolombienne, c’est-à-dire un ensemble de zones géographiques occupées par des ethnies qui partageaient de nombreux traits culturels communs – mais pas linguistiques – avant la colonisation de l’Amérique. Cela correspond au territoire où vivaient en particulier, à l’arrivée des Espagnols au XVIe siècle, les Aztèques (ou Mexicas), les Mayas et les Purépechas (également appelés Tarasques) ainsi que les autres peuples indigènes en contact avec eux ; sinon où se développèrent et s’éteignirent d’autres civilisations du passé sur une période allant de 2500 av. J.C. à 1521 de notre ère.: les Olmèques, les Zapotèques, les Totonèques, les Toltèques, les Mixtèques et la civilisation mélangée et centrale de Teotihuacan.
IN LAK’ECH / HALA KEN
« Le principe maya de l’amour universel est un salut qui honore l’autre personne en dissolvant l’ego dans un amour inconditionnel complet. Les Mayas exprimaient ce concept d’unité dans leur salut quotidien. En effet, quand ils se rencontraient, ils se saluaient en disant « IN LAK’ECH », qui signifie « je suis un autre toi », à quoi ils répondaient « HALA KEN » qui veut dire « tu es un autre moi ». Autrement dit « Je suis toi, tu es moi. »
Les Mayas pensaient que nous faisions tous partie intégrante d’un seul et même immense organisme où out était connecté. Selon eux, le règne minéral, végétal, animal et toute la matière dispersée dans l’univers à toutes les échelles, d’un atome à une galaxie, sont des êtres vivants avec une conscience évolutive. Quand les hommes se réveilleront et réaliseront que cet organisme gigantesque est unique, toutes les relations seront basées sur la tolérance et la flexibilité. Les jugements et les valeurs morales seront caduques, car l’être humain sentira ses semblables comme une partie de lui-même. »
Tatuarte en la Piel
Les communautés de Mésoamérique avaient fait de grands progrès en médecine, se divisant en deux branches. D’un côté, il y avait la composante magique et de l’autre, la composante scientifique. La première était fondée sur des sacrifices, des rituels et des sorts que les chamans faisaient pour enlever les maladies et les souffrances. La partie scientifique était exercée par les guérisseurs qui utilisaient différents types de plantes pour soulager les symptômes. Psicocode
Concernant la cérémonie elle-même, quoi dire sinon qu’elle était très belle, vibrante et paisible, les photos parlent d’elles même. Elle fut célébrée en hommage à la Nature qui, après avoir tant travaillé pendant la saison des pluies, se prépare à entrer en période sèche et fraiche, les énergies redescendent progressivement au sol et vers l’inframonde ; également en l’honneur du soleil qui passe un cap au moment de l’équinoxe d’automne, puisque les journées deviennent plus courtes que les nuitées, jusqu’au solstice d’hiver vers le 21 décembre.
X
Pour terminer cette série sur les curanderos du Mexique, voici « ¿Qué te dijo la Curandera? », undialogue imaginaire traduit de l’espagnol :
Que t’a dit la guérisseuse ?
– Que je suis foutue, que suis passée de l’autre côté !
– Et alors, ça veut dire quoi ?
– Ça veut dire qu’il est temps de se soigner, vivre d’une manière nouvelle. Elle dit que je suis saturée de réalité, que j’étais trop crédule. Je ne comprends pas…
– Et maintenant ? Que vas-tu faire ?
– Elle m’a donné une recette pour oublier, pour désapprendre.
– Donc tu as une maladie.
– Je pense que oui. Elle m’a ausculté et m’a dit que j’avais…
Un vide d’amour pour moi-même dans le thorax, que je manque de passion. que j’ai besoin de rêver, que le bonheur m’a abandonné quand j’ai cessé de me faire confiance. La volonté s’est grippée de ne pas l’avoir employée. Que j’ai un trop-plein de passé. Basse est mon auto-estime, hautes sont la rancune et l’insuffisance d’amour…
– Pas étonnant que la guérisseuse t’ait dit que tu es vrillée ! Et quelle est la recette pour tes maux ?
– Je te lis ce que j’ai pu écrire, la guérisseuse parlait très vite :
Que je dorme sur lavande, que je prenne un bain de fleurs pour me sentir belle et aimée, que je mange du miel pour se rappeler à quel point la vie est douce, que je mange quelque chose de délicieux pour me rappeler que je dois aussi me gâter. Que j’encadre ma photo et que j’allume une bougie pour ne pas oublier que je suis vivante, que je chante sous la douche, pour ne pas avoir de mots bloqués voulant sortir Que je danse sans chaussures, parce que j’ai besoin de me connecter avec moi et la nature. Que je rie sans raison, pour ne pas devenir amère. Que je marche en courbes pour me rappeler que tous les chemins ne doivent pas être droits. Que je joue, parce qu’à l’intérieur de moi, il a toujours une petite fille. Que je marche sous la pluie et me couvre de boue, que j’ouvre les bras afin que le vent me caresse. Que je contemple le lever et le coucher du soleil, que je dorme sous les étoiles. Que je me repose sur la plage, que je grimpe sur une colline, que je nage toute nue, que je perde le contrôle.
Que j’accepte la Vie.
QUE VIVE LA VIE
QUE VIVE LE PRÉSENT !
#EducaciónIndígenaNahuatlGuerrero
Florent Hugoniot
**********************************************************************************
SOURCES
https://mundoantiguo.net/culturas-mesoamericanas/
Cliquer pour accéder à rovira.pdf
http://www.vivamexico.info/Index1/les-mixteques.php
https://www.actualitix.com/carte-mexique.html
Partager :
Similaire
About lapartmanquante
Part-iciper, part-ager, part-faire, part-ir, partout et par ici !