
La dernière baignade à Maguelone, je ne sais pas pourquoi mais je sens que c’est là que la magie estivale va se replier sur elle-même. Même si je replonge plus tard dans la mer, un autre jour, ce ne sera plus pareil : la température de mon corps ne sera pas autant en sympathie avec celle de la Méditerranée, l’osmose ne se fera pas aussi parfaitement. Les reflets du ciel parfaitement outremer ondulent sur l’eau parfaitement turquoise, mon regard se dissout dans un camaïeu de bleus.
Replonger dans le liquide amniotique, revivre le sentiment océanique
Ce dernier bain langoureux en eau salée résume tous les autres si jouissifs de l’été, du tout premier printanier à celui-ci ; refluent dans mon sang ces journées de plage gagnées sur la futilité, le corps entier rechargé par les rayons parfois brûlants, parfois bienfaisants de l’astre diurne. Cette dernière baignade est un adieu charnel à la mer, dans une eau qui n’est plus si chaude mais pas encore trop froide, et qui permet pour une ultime fois au corps de se dilater, à l’organisme de flotter, aux muscles et tendons de s’oublier, aux pensées de glisser sur les vagues ou de couler lentement jusque sur le fond sableux. Ce même sable clair qui empreinte de l’autre côté de la Méditerranée sa forme sculptée par le vent du désert. Une manière de se préparer à franchir la ligne d’équinoxe automnal, à se gonfler d’un souffle d’air tiède, iodé et humide, avant les frimas et le gris de l’hiver.
Étrange sensation de sentir son être déposer et emporter à la fois. Un peu comme l’évaporation qui laisse au final, dans une coupe posée sur la table du jardin tout l’été, quelques sédiments minéraux mais aura bu toute l’eau vive et transparente.

Maintenant je tourne le dos à la mer, et quand je regarde au fond de la coupe, je vois…
- Des antiquités, fioles égyptiennes et phéniciennes en verre ou en pierre taillée pour recevoir parfums et onguents, des nus athlétiques peints sur des céramiques de l’époque classique grecque, des bas-reliefs voluptueux de l’époque romaine (Musée Henri-Prades de Lattes et Musée de la romanité à Nîmes), une frise végétale romane (cathédrale de Maguelone)
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- La reproduction de la Victoire de Samothrace un peu souillée de rouille sur la Place de l’Europe ; TOLÉRANCE écrit avec d’étranges personnages sylvestres en bronze, se reflétant sur le miroir d’eau à l’entrée du parc Georges Charpak à Montpellier.
- La saveur des pêches, abricots, melons, pastèques, raisins, mûres et figues, les pluies d’octobre, les nuages, les couchers de soleil depuis la terrasse de Julien
- La joie de retrouver du travail en temps que prof de français langue étrangère et d’être professionnellement dans mon élément ; la tourmente du climat social et politique en Europe ; l’angoisse de ne pas trouver de logement, de ne pas avoir de chez moi depuis plus d’un an, même une chambre en colocation régulière, du fait du marché locatif délirant à Montpellier.
- Les pluies d’étoiles et les aurores boréales de cette année chargée en éruptions solaires, que je n’ai pas vues. J’aime me lever très tôt, je me couche donc souvent pas trop tard.
- La plaisir du cycle des saisons en France, les mois du calendrier révolutionnaire qui se succèdent : Messidor (les moissons dorées qui couvrent les champs), Thermidor (la chaleur solaire et terrestre qui embrase le sol), Fructidor (les fruits que le soleil dore et mûrit) sont passés ainsi que Vendémiaire (les vendanges) ; viennent Brumaire (les brouillards et brumes) et Frimaire.

Je vois briller le soleil, des amis souriants, des émerveillements, des bouillonnements intérieurs, un peu de larmes, de l’écœurement, des résolutions et beaucoup de sueur.
La Vierge de l’Espérance sourit toujours avec délicatesse, elle tend ses bras aux passants et aux voitures, face au cimetière de Villeneuve-lès-Maguelone. Marsyas souffre encore, écorché vif et attaché à un arbre par Apollon, dans le parc de l’esplanade Charles de Gaulle, au centre de Montpellier. Les pavillons de style XIXe avec leurs dômes verts y sont abandonnés, en cour de démontage, la municipalité ayant décidé de relooker toute la zone et de les remplacer par des constructions cubiques façon bar de plage.
Les arbres prennent une tonalité dorée. La Toussaint pointe le bout de son nez en France, Día de Muertos au Mexique… C’est le moment où il faut accueillir, honorer et laisser parler ses morts, laisser mourir, laisser aller, chanter la vie et continuer d’avancer.
Florent Hugoniot
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© Photo Florent Hugoniot
Découvrez Nîmes à l’époque romaine
Revenez aux origines de Nîmes, quand les Gaulois célébraient le dieu Nemausus au pied de la source sacrée, partez ensuite sur les traces de Nîmes à l’époque romaine : architecture monumentale, reconstitution de pièces à vivre d’une villa romaine, statues et mosaïques, objets de la vie quotidienne ou culte des divinités…
Poursuivez ensuite le voyage par une traversée du Moyen Âge au fil d’un imaginaire fantastique et d’une profonde foi chrétienne gravés sur les pierres. Une esthétique qui permet de comprendre l’influence de la civilisation romaine et qui vous révèle sa persistance jusqu’à aujourd’hui, comme autant de références permanentes à l’antique dans l’histoire de Nîmes.

Le musée archéologique Henri-Prades est un musée archéologique situé dans la commune de Lattes, dans le département de l’Hérault. Il est nommé en l’honneur de l’archéologue Henri Prades, à l’origine des premières fouilles sur le site dans les années 1960. Le site archéologique Lattara révèle le riche passé de l’ancien port de Lattara, édifié dans le delta du Lez, occupé du VIe siècle avant notre ère jusqu’au IIIe siècle de notre ère. Cette ville antique a vu se côtoyer Etrusques, Grecs, Ibères, Romains et populations gauloises locales. S’étendant sur près de 5 hectares, le site fait l’objet de campagnes de fouille programmées réalisées par le CNRS de manière à continuer l’étude historique de Lattara.
« En latin, en égyptien ou en grec anciens, il n’existe pas de mot pour désigner le parfum. Les termes employés, qui pouvaient être connotés aussi bien positivement que négativement, signifient plutôt odeur. À partir de la documentation archéologique et historique qui nous est parvenue, l’exposition présentera les substances aromatiques employées au cours de l’Antiquité en Égypte, en Grèce et en Étrurie. Les aromates étaient alors autant utilisés en médecine qu’en parfumerie et des propriétés curatives, médicinales et rituelles leur étaient attribuées. »
La nouvelle exposition Senteurs célestes, arômes du passé. Parfums et aromates dans l’Antiquité méditerranéenne est présentée jusqu’au 3 février 2025 au Site archéologique Lattara-musée Henri Prades de Montpellier Méditerranée Métropole.




















































