Des photos de maisons, j’en ai retrouvé plein dans mes archives. Des architectures qui ont attiré mon regard lors de mes différents voyages, et sur lesquelles j’ai certainement fait des projections, ou qui me paraissaient simplement belles comme celle-ci-dessus.
J’ai donc fait une sélection plus réduite de certains lieux que j‘ai habité dans l’État de Oaxaca, où j’ai vécu au total cinq années heureuses et édifiantes. Premièrement en 2018-2019 à Huatulco, sur la côte pacifique ; ensuite dans la capitale, Ciudad de Oaxaca, de 2019 à 2023. Maison en convivio, studio et appartements, mais aussi des posadas (gîtes) à la plage, à la montagne, où j’aimais aller me reposer quelques jours, à l’écart de la frénésie urbaine partout présente au Mexique. C’est dans l’Espacio Artistico Zicotencatl – que nous dénommions « Tchernobyl » entre les habitants du lieu – situé dans le centre-ville colonial de Oaxaca que ce situent les premières photos sélectionnées ci-dessous et qui m’évoquent de beaux souvenirs.
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© Photos Florent Hugoniot
Dans les derniers mois, j’ai fait une rencontre lumineuse à Oaxaca via l’Alliance française pour laquelle je travaillais. À l’occasion d’une relecture de manuscrit, je suis entré en contact avec Christine Boucher qui finalisait son essai De la cécité volontaire: Essais sur l’identité de lieu. Il est désormais en vente en ligne ici au format Kindle, en voici le texte de présentation :
« Qu’est-ce donc ce malaise insoutenable qui mène certains à s’expatrier, en démocratie comme en temps de paix ? Christine Boucher s’interroge sur ce qui nous greffe à un territoire. Sous forme d’essais pimentés d’humour caustique et d’anecdotes sensibles, elle révèle les tabous de l’expatriation volontaire.
Tambour battant, elle livre une réflexion critique sur cette patrie idéalisée qu’elle fuit, le Canada, où règnent la confiance et un « endormissement collectif ». Le drame de l’Histoire se résumerait-il à ce fil conducteur, à savoir cette confiance aveugle accordée aux pouvoirs ? Il tisserait les métarécits nationaux et ces « modes de vie » de la société de consommation. Et si les démocraties n’étaient que de vils mécanismes mangeurs d’hommes, aux allures humanistes ?
Tel un coup de clairon, cette interrogation aboutit sur la « pandémie ». Nous serions bercés par les mythes « démocratiques » que sont ; les contre-pouvoirs ; la société civile ; le devoir citoyen de voter ; la marche du progrès ; et l’espoir. Au moment où les sociétés de contrôle visent notre mobilité, l’homo democraticus est-il vraiment maître du château ?
Cet ouvrage coup-de-poing célèbre la mobilité et les dystopies, châtiant le règne de la cancel-culture sur les « populations somnambules ». De conclure que sur fond de crises mondiales perpétuelles, notre sommeil s’avérera imperturbable sur tous les fronts, car millénaire et profond. »
Je crois que ce qui me manque le plus, c’est ce possible poétique et surréaliste qui persiste au Mexique, et qui se donne moins ici. Ce qui résiste au matérialisme et à la techno-pensée, tout en libérant l’imaginaire et la parole.
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Sous le niveau de la mer
Titre original : Below Sea Level. Documentaire écrit et réalisé par Gianfranco Rosi • Italie, États-Unis • 2008 • 115 minutes • 35 mm • Couleur
« À 190 miles au sud-est de Los Angeles et 120 pieds en dessous du niveau de la mer, près de Salton Sea, en plein désert, sur le site désaffecté d’une ancienne base militaire et à proximité d’un centre de tirs aériens, s’étend Slab City, vaste camp de caravanes, de tentes, de mobil homes, d’autobus déglingués, de pick-up et de quelques cabanes. Là, vit une communauté de marginaux sans eau ni électricité, c’est-à-dire sans police ni gouvernement.
Ces hommes et ces femmes sont venus chercher dans le désert une paix intérieure que la société leur refusait. Ils n’y sont pas venus en quête d’un autre monde, mais du désert lui-même. La solitude est le terme de leur voyage. The Doctor, Cindy, Insane Wayne, Water Guy, Bulletproof, les personnages du film de Gianfranco Rosi n’ont pas de noms, juste des surnoms. Si le nom renvoie chacun à une histoire familiale et sociale avec laquelle il est en rupture, le surnom fait table rase de ce passé. Mais il suffit de quelques photos, d’un portable, d’un mot malheureux, pour que, par bribes, entre beaucoup de silences, quelques verres, quelques morceaux de guitare et de poésie, ce passé enfoui ressurgisse, que la douleur afflue de nouveau. Du coup, l’image de Slab City s’inverse. Ce n’est plus un monde en rupture avec le nôtre, mais une image ultime de notre monde, l’image de sa fin, tel qu’il abandonne chacun à soi-même, dans une décharge au cœur d’une nature devenue désert, sous le contrôle permanent d’engins militaires volants. »
Yann Lardeau – Cinéma du réel
https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/24565_0
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« Dans ma tour à Bollingen, on vit comme il y a bien des siècles. Elle durera plus que moi, sa situation et son style évoquent des temps depuis longtemps révolus. Peu de choses y rappellent l’aujourd’hui. Si un homme du XVIe siècle entrait dans la maison, seules la lampe à pétrole et les allumettes seraient des nouveautés pour lui ; de tout le reste il s’accommoderait sans difficulté. Rien n’y vient troubler les morts, ni lumière électrique, ni téléphone. Les âmes de mes ancêtres cependant sont entretenues par l’atmosphère spirituelle de la maison parce que je leur donne – tant bien que mal, comme je le puis – la réponse à des questions que jadis leur vie avait laissée en suspens ; je les ai même dessinées sur les murs. C’est comme si une grande famille silencieuse, étendue sur des siècles, peuplait la maison. Je vis là dans mon personnage numéro deux et je vois en grand la vie qui vient et disparait. »
« Ma vie » – Souvenirs, rêves et pensées, C. G. Jung – VIII / La tour – recueilli et publié par Aniéla Jaffré
« Il était un petit homme »
Cette chanson me plaisait beaucoup enfant. Je la chantais avec ma mère, qui me l’avait apprise et qu’elle-même connaissait de son enfance. Allez savoir pourquoi telle ou telle chose vous impressionne à un âge où il est difficile de faire la part des choses entre l’émotionnel et le rationnel, le probable et le certain. Néanmoins cette maison en carton dépliable et modulable est aussi devenue l’histoire de ma vie !
Il était un petit homme
Pirouette, cacahuète
Il était un petit homme
Qui avait une drôle de maison
Qui avait une drôle de maison
Sa maison est en carton
Pirouette, cacahuète
Sa maison est en carton
Les escaliers sont en papier
Les escaliers sont en papier
Si vous voulez y monter
Pirouette, cacahuète
Si vous voulez y monter
Vous vous casserez le bout du nez
Vous vous casserez le bout du nez
Le facteur y est monté
Pirouette, cacahuète
Le facteur y est monté
Il s’est cassé le bout du nez
Il s’est cassé le bout du nez
On lui a raccommodé
Pirouette, cacahuète
On lui a raccommodé
Avec du joli fil doré
Avec du joli fil doré
Le beau fil, il s’est cassé
Pirouette, cacahuète
Le beau fil, il s’est cassé
Le bout du nez s’est envolé
Le bout du nez s’est envolé
Un avion à réaction
Pirouette, cacahuète
Un avion à réaction
A rattrapé le bout du nez
A rattrapé le bout du nez
Mon histoire est terminée
Pirouette, cacahuète
Mon histoire est terminée
Messieurs, Mesdames, applaudissez,
Je vais vous la recommencer.
Paroles de Gabrielle Grandière
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Y sigue la vida / Et la vie continue…
F.H.