Couleurs sétoises

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Nous étions affamés. Après avoir garé la voiture près du port de plaisance, nous sommes entrés, sur les (mauvaises) indications d’un autochtone, dans un resto-grill JAUNE paille pour manger de la viande ROUGE sang. La lumière éclatait partout, sur les quais comme à l’intérieur du restaurant ; la journée commençait bien, mais la viande était congelée, insipide et pleine d’eau…

Des quartiers de bœuf étaient exposés en vitrine dans un décor de chambre froide ; ça en jetait ! Pour sortir dignes et en beauté, nous avons décidé d’improviser un défilé en NOIR, fiers comme des marins-bouchers dans cet établissement dont je tairais le nom.

Puis, le ventre plein et l’âme légère, nous avons longé les quais pour nous diriger vers le CRAC de Sète, ou sont actuellement présentées deux expositions (jusqu’au 12 juin 2011) : en bas Open Frame, accrochage collectif sur le thème de l’enfermement, et La Mirada de Agnès Fornells à l’étage. Sa série de photographies « Les gardiennes» nous a beaucoup plu, avec ses cadrages étranges et son brouillage des distances. Des anges en pierre sculptée, sublimes et solennels, semblent veiller l’âme des morts et surveiller l’activité des vivants. Ils gardent, imperturbables et silencieux, nos fragiles édifices de marbre, d’acier et de verre.

Nuances de l’Infini

Lorsque nous sommes ressorti, le ciel était comme lavé, les balcons en fer forgé s’élançaient vers le ciel qui était absolument BLEU.

Mais un panneau étrange et des bidons VERMILLON me firent doucement reposer les pieds sur terre.

Il y avait des guirlandes de grelots géants couleur CITRON accrochés à la proue des chalutiers.

Même les filets de pêche étaient teintés de CINABRE et de PARME.

La valise abandonnée et le scooter à l’arrêt palpitaient du même CARMIN vif.

Mais depuis combien de temps s’était figé ce caniche cosmique BLANC dans la vitrine du ToutouShop ?

Des cordages aux couleurs primaires s’offraient aux rayons du soleil, tandis que plus haut étincelait Le Mont Saint Clair.

Et partout le BLEU se déclinait sur toutes les gammes, Cyan, Cobalt, Ciel et Outremer tandis qu’Anne portait un sac TURQUOISE.

Nous avons alors grimpé jusqu’au cimetière marin. Le ciel commençait à se couvrir, mais les couleurs des fleurs naturelles et artificielles ne perdaient rien de leur intensité, au point d’affirmer violemment leur existence : VIOLET, JAUNE d’œuf, FUCHSIA, pleines, insistantes, ultra-vivantes…

Vanités

Il y avait, suspendues, des cruches en plastique pour arroser des fleurs en tissu et en céramique…

Ici aussi, deux Saintes Jumelles contemplaient les sépultures et la ville avec leur regard intérieur de Sphinx.

Gravés à l’OR dans la pierre, les épitaphes tentent toujours d’adoucir l’angoisse de la mort.

Cependant que dans la Poésie, la Littérature, au Théâtre, dans la rue, les mots traversent le temps pour signifier la vie.

Comme les anges, les teintes ont aussi leurs secrets. D’un éclat magique, elles ont le pouvoir d’immobiliser le passage des saisons. Pour celui et celle qui sait regarder tout en se laissant envahir par leurs vibrations, les couleurs font vibrer chaque centième de seconde. Elles suivent leur propre rythme au grès de nuances infinies, elles savent nous faire traverser la réalité ; et l’éternité se teinte sûrement d’autres nuances encore inconnues…

Accostages

Puis nous sommes redescendus au grand canal assister au diner des aigrettes et des goélands dans un frémissement de GRIS colorés. Orgie crépusculaire et aérienne.

la Vespa bricolée était ORANGE, FLUO les affiches du cirque Maximum.

le soir, de retour à Montpellier, nous avons dégusté des huitres et tranché la délicieuse tarte à la farine de châtaigne de Vivi avec un couteau ROSE.

Les couleurs avaient refleuri, les plats répandaient leurs saveurs, ravissement des pupilles et fête des papilles pour ce cadeau printanier en plein hiver !

Chacun en avait eu sa part généreuse, nous étions tous rassasiés.

F.H

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Un commentaire pour Couleurs sétoises

  1. manu dit :

    je vous envie, ici, à Vancouver, il pleut en continu depuis novembre… et tout est gris, même les magnifiques allées de cerisiers du japon en fleurs; aucun rayon ne vient les éclairer…

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