La forêt, on s’y perd pour mieux se retrouver…
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Dans la forêt, il faut oublier ses certitudes, car partout la vie et la mort s’enlacent. Découvrir des signes étranges : l’inconnu, le sauvage viennent à portée de main, car il est si tentant de s’égarer, passer de l’humain à l’animal, puis au végétal, transcender les catégories. Sans une carte IGN qui relie l’espace environnant vibrant à un monde quadrillé, normalisé, répertorié, on est à deux doigts de passer de l’autre côté, on dépasse ses émotions.
Indépendamment, le corps retrouve ses repères. Les poumons y reconnaissent leur propre arborescence inversée et dans un rythme familier, ils s’ajustent sur une respiration plus vaste, ils reprennent vie.
Inspirer, marquer un temps d’arrêt, haleter et puis souffler, c’est justement ça le jeu !
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Dans la forêt, le temps s’arrête, tout simplement au détour d’un chemin :
Un chêne tricentenaire, vrillé par une tempête, s’est effondré. Ses branchages secs et tortueux, comme un squelette d’éléphant bruni, délimitent un cimetière végétal où déjà d’autres générations d’arbres ont construit leur légende. Son tronc brisé fait comme une arche du Temps, pendant que dessous, silencieusement, la mousse et les insectes y prolifèrent. Une fillette s’amuse à escalader le géant gisant à terre.
Au fond d’un l’étang à la surface si paisible, les feuilles mortes de l’automne se décomposent encore. L’eau les digère lentement et nourrit en même temps les arbrisseaux sur les rives. Les nouvelles pousses sont transpercées d’une lumière vert-acide. En un clin d’œil, cette nuance du renouveau, si intense, s’immisce et emplit le regard.
Le cycle de la nature n’a pas de début et pas de fin ; il vous entraine dans sa course en avant. Attiré par l’évidence, le moi s’évade, les sensations s’affinent, un minuscule détail vous plonge dans le cosmos. C’est bon de s’y ressourcer, d’aller y faire une CURE.
Au milieu de la forêt, on arrive toujours à la fin et au commencement de quelque chose…
F.H