Xanenetla ou la sublimation par l’Art

Sin Título, Aro y Daniel Borre – Fotografía Paulina Macias

À Puebla, le vieux quartier de Xanenetla s’étend sur la colline San Cristóbal (anciennement Acueyametepec en nahuatl), au sommet de laquelle se trouvent les forts de Loreto et de Guadalupe. Ici se sont déroulés les combats opposant forces armées françaises et mexicaines, qui ont vu la célèbre victoire des seconds le 5 mai 1962. C’est un quartier charmant et un peu déglingué, avec des allures de village sudiste. Il dénote par rapport aux autres parties de Puebla, mais il est intégré dans le périmètre reconnu « patrimoine culturel de l’humanité » depuis 1987 par l’Unesco. Ce quartier indigène fut occupé et construit par des immigrés nationaux, originaires de villes pré-hispaniques proches de Puebla. Il accueillit la main d’œuvre travaillant à la construction de la ville coloniale espagnole mais ne prit jamais entièrement part à l’activité commerciale du centre historique. Isolé par deux avenues passantes, il a conservé jusqu’à aujourd’hui une identité forte et développé une réputation de quartier chaud, voire dangereux. Et les familles qui se sont établi là ont posé les fondations de nouveaux mythes, inventé de nouvelles légendes… En ce mois de décembre 2011, Xanenetla est envahi par une file continue de bus et de voitures, du fait des travaux sur le boulevard périphérique Heroes del 5 de Mayo qui ont dévié toute la circulation dans ses ruelles pavées de pierre volcanique. C’est ainsi que, cahotant dans un van qui me conduisait au centre-ville, je découvris quelques murales. Des amis mexicains m’ayant conseillé d’aller m’y immerger, j’y suis retourné pour une enquête plus approfondie sur les sentiers de la découverte urbaine et artistique.

Puebla Ciudad Mural : qui nous sommes

« Dans cette partie de la rivière San Francisco se sont installés nos ancêtres, arrivés des régions de Tlaxcalteca et de Huejotzinca pour travailler à la construction de Puebla, cité alors récemment fondée. Au pied de la colline, dans la carrière, le xalnene – boue mélée à du sable – fut le matériau utilisé pour les murs du quartier général, la maison de maître, la chapelle des natifs. Nous sommes faits de boue, au rythme de la musique de carnaval nous prenons forme en dansant et à travers notre œuvre nous donnons à voir. »

Le Colectivo Tomate a organisé il y a deux ans une grande opération artistique d’embellissement et de valorisation de ce quartier populaire, laissé un peu à l’abandon, tombant même en ruine par ci par là… Belle réussite que cette zone retrouvant vie et couleurs, dans une déambulation picturale naïve, variée et pleine d’espoir. J’ai rencontré Vica Amuchástegui, une des fondateurs/trices de ce collectif d’architectes, responsable de la communication, qui m’a très agréablement donné quelques clefs pour entrer dans la philosophie et l’historique du projet.

Le « muralisme social »

C’est à la base un projet social de réhabilitation qui a vite mué en projet artistique, les deux aspects se consolidant mutuellement. Le Colectivo Tomate (cinq membres et 6 ans d’existence) se sont tourné vers le quartier emblématique de Xanenetla car il lui paraissait intéressant pour des raisons structurelles, architecturales et poétiques. Le but initial étant de travailler directement avec les habitants, de les impliquer dans le projet, de partager et de recréer une communauté ; et non pas d’arriver en néo-colonisateurs bobos et arrogants. Cela a donc nécessité une longue préparation sur le terrain, de la pédagogie. Aux habitants du quartier ont donc été proposé des ateliers artistiques et une initiation à l’histoire du muralismo, qui imprègne complètement l’identité culturelle et révolutionnaire mexicaine. Aucune juteuse opération immobilière, juste la volonté de faire revivre cette partie de la ville, de favoriser le commerce local, d’améliorer son image et in fine de développer le tourisme (ce qui prendra encore du temps). Mais les résultats sont là au niveau du mieux-vivre, car depuis le début du projet la délinquance a baissé pratiquement de moitié et les appels sur le numéro d’urgence ne concernent souvent désormais que des délits mineurs. Il s’agit avant tout de construire un lien social entre des familles, des voisinages qui parfois s’ignoraient, ou étaient carrément antagonistes, et de ce point de vue c’est déjà un succès. C’est ainsi que le terme de « muralisme social » est né.

« De Sueños y Deseos », Marco Tulio Coronel, Jesús Lezama y Alisson Montiel

L’Art dans la cité ou la politique de l’Art

Venons-en maintenant à l’aspect politique du projet. La structure Puebla Ciudad Mural a été créée pour mettre en synergie les différentes énergies, celles des habitants tout d’abord, celles du collectif et des artistes, plus les autorités compétentes comme l’Unesco, relayée sur place par l’INAH (le prestigieux Instituto Nacional de Antropología e Historia) et puis la municipalité de Puebla qui a fini par être convaincue de l’intérêt du projet après les premiers résultats… Par exemple, l’INAH a imposé un minimum de contrainte respectant l’aspect historique du quartier : une gamme de couleurs originales pour le fond bicolore, composé d’une teinte pour le soubassement et les cadres autour des ouvertures et d’une autre pour le reste du mur, afin d’harmoniser les façades. L’œuvre peinte étant laissée entièrement libre dans ses coloris comme dans sa forme.

Sin Título (Detalle), Marisol Monroy y Octavio Contreras

Certaines marques de peintures ont été sollicitées comme mécènes, une aide financière a été apportée par la municipalité. Il faut d’ailleurs noter que les bombes de peinture, outil par excellence du grafiti, mais aussi souvent synonyme de vandalisme dans les villes, sont bannis du projet. Le quartier de Xanenentla, comme tout quartier populaire au Mexique, est un terreau pour ses propres graffeurs, mais le but était justement de leur faire découvrir un medium artistique moins polluant pour l’environnement et moins connoté « racaille »… J’essaie de retranscrire ici correctement les arguments de Vica Amuchástegui, même si perso j’aurai tendance à inclure les graffeurs dans la catégorie artiste plutôt que vandale. Mais on aura compris que la démarche ici est d’ouvrir aux barbares les portes de la Cité, sous certaines conditions autant artistiques que déontologiques.

« Utiliser son art et son énergie d’une manière constructive et non destructive »

Une expérience a également été menée à petite échelle, à savoir reproduire des peintures selon les techniques pré-hispaniques : en mélangeant des pigments naturels à un liant purement mexicain, la sève gluante (bava) du cactus.

« Virgen de Juquila », Comik y Sonni Bonampak con Giovanni Carlo Marasco

On voit donc que Puebla Ciudad Mural est un projet intégral, qui met aussi bien l’accent sur le côté social, que celui humain, historique, politique, écologique, et bien sûr artistique.

Et maintenant à vos pinceaux !

52 façades ont été retenues à Xanenetla, avec bien sûr l’accord des familles, pour la plupart propriétaires. Après une année de préparation et de démarches, la première phase du projet a débuté en décembre 2010, sur  quelques échantillons de maisons, une sorte de ballon d’essai. Les façades ont été nettoyée, la vieille peinture grattée et les murs imperméabilisés, puis peintes. Un véritable happening/test pour la première maison, avec une centaine d’intervenants ! Les artistes participants, jeunes pour la plupart, parfois étrangers, sont sélectionné par le Colectivo Tomate. Une immersion dans la vie du quartier et une participation directe des habitants dans la conception et la réalisation des murales sont les préalables obligatoires. Chaque artiste partage le quotidien, l’intimité de la famille et établit avec elle une relation de confiance. Afin d’élaborer son projet, il/elle doit s’inspirer de ce vécu, de ce bagage culturel et/ou religieux et des anecdotes que la famille lui racontera afin d’en tirer le meilleur parti. Le croquis préparatoire sera à la fois approuvé par la famille et le collectif. Ce triple regard – en contant celui de l’artiste – a conduit au respect des œuvres et à une exigence de qualité : les fresques réalisées n’ont jamais été taguées, et en même temps certains projets –  à la gloire du foot par exemple – sont passés à la trappe. Quelle expérience enrichissante, autant artistiquement qu’humainement, pour les participants !

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En mai 2011 s’est déroulée la deuxième phase, avec plus de moyens et plus d’artistes. Aux enfants du quartier étaient fournis des petits pinceaux afin qu’ils s’exercent directement sur les murs, sans risquer la grosse bavure fatale. Ainsi chaque mural est une œuvre collective, un atelier de création plastique en plein air, chaque artiste peignant et dirigeant son micro-staff. Les projets ont été réalisés en deux semaines. Une affaire qui roule et qui a eu un bel impact, à tel point qu’une troisième et dernière phase est en cours pour 2012 ! Au total, 24 murales ont été déjà peints, restent donc encore 27 façades à orner. Si tu es intéressé/e, il te faudra envoyer ta candidature à Puebla Ciudad Mural avant le 1er février pour un chantier de peinture du 1er au 15 avril, voir les conditions sur le blog.

El proyecto PUEBLA CIUDAD MURAL busca artistas, pintores o diseñadores como jefes de proyecto que trabajen diseñando y pintando murales, así como voluntarios que quieran participar en la creación de los mismo.

Le projet PUEBLA CIUDAD MURAL recherche des artistes, des peintres ou des designers comme chefs de projet, pour la conception et la réalisation de peintures murales, ainsi que des bénévoles qui aimeraient participer au chantier.

D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous ?

Le parcours est organisé selon trois thématiques, que soulignent des panneaux explicatifs (le texte du premier est cité au début de l’article) :

  • Quines fuimos, el pasado

  • Quines somos, el presente

  • Quines queremos ser, el futuro

« La Partera » (Detalle), Colectivo Tomate con Daniel Lezama

En s’attardant sur chacun des murales, on entre dans des univers riches et oniriques, on fait des rapports intrigants avec le réel. Ainsi telle famille, originaire de la région de Oaxaca, où est célébrée à San Juquila, a voulu que soit représentée sa sainte patronne ; celle-ci semble ainsi veiller au dessus de la porte d’entrée (voir aussi photo plus haut). Exceptionnellement, Virgen de Juquila fut honorée dans la rue le jour de sa fête, un moment fort peu de temps après l’inauguration. L’autel dressé contre le mur a ainsi été un point de rencontre entre tous les habitants. Une autre fresque est inspirée des poissons japonais en rapport avec le type asiatique d’une famille pourtant bien mexicaine (cette équivoque est troublante au Mexique). Dans le graphisme des poissons on retrouve des élément propres au quartier, tels les pierres et les ouvertures, stylisées.

« 5 de Mayo », Mariana Luna y Felipe Chamorro – Fotografía Vica Amuchástegui

Ou encore cette façade a la fin du parcours, qui raconte l’orphelinat derrière, et les projections des enfants pour leur avenir. J’aime bien aussi le coq immense, peint dans une passage étroit, qui évoque la bataille du 5 mai 8le coq gaulois !) et qui a fait vibrer ces mêmes murs au son des canons en 1862. Les plumes du coq viennent se mélanger aux cheveux d’une petite fille, belle manière d’évoquer qu’au delà des récents conflits guerriers, le mélange des cultures se produit, et comment encore aujourd’hui au Mexique l’influence française reste présente et appréciée.

Le mur comme une peau tatouée

Les murales sont une expression de l’identité de Xanenetla. L’art mural comme les grafitis, sont souvent le seul mode d’expression des habitants des quartiers populaires, leur seule manière pacifique de s’affirmer, de faire entendre librement leurs plaintes et leurs chants. Il est important que l’art mural reste en lien avec ses racines souvent pauvres. On dit que dans les villes, les murs ont des oreilles. Ici, les fenêtres sont des paupières clignotantes et indiscrètes, les portes, des bouches ouvertes sur des rêves et des espoirs de liberté. Donner une représentation aux désirs et aux angoisses, activité tellement humaine, c’est redonner du sens à le cité, c’est se réapproprier son propre environnement. Nous aurons toujours besoin de poètes et de mains pour peindre les signes et les images que nos yeux aiment à voir dans les rues, et qui mieux que tout savent exprimer la vie intime de nos villes. Merci à Vica Amuchástegui et Paola de la Concha. Photographies (sauf celles mentionnées) et rédaction, tous droits réservés : Florent Hugoniot http://pueblaciudadmural.blogspot.com/p/2-terminos-y-condiciones.html Facebook : Colectif Tomate et Puebla Ciudad Murales Blog : http://pueblaciudadmural.blogspot.com/

Xanenetla, el Arte de la Sublimación

El proyecto PUEBLA CIUDAD MURAL busca artistas, pintores o diseñadores como jefes de proyecto que trabajen diseñando y pintando murales, así como voluntarios que quieran participar en la creación de lo mismo. Este proyecto de Colectivo Tomate tiene el propósito de generar condiciones habitables favorables en espacios públicos de la ciudad de Puebla, a partir de la dignificación de las fachadas de las casas y la promoción del muralismo como herramienta de vinculación entre artistas y habitantes de la comunidad, así como, la promoción del muralismo y la detonación turística de diversos sitios.

Se abre la convocatoria para la tercera etapa del proyecto Puebla: ciudad mural en el barrio de Xanenetla.

Bases generales de participación:

El proyecto Puebla: ciudad mural busca artistas, pintores, diseñadores o personas creativas comprometidos socialmente con su comunidad para participar como jefes de proyecto, y trabajar junto con otro artista y habitantes del barrio de Xanenetla en la realización de un mural. Este equipo se reunirá con los habitantes de la casa designada, para delimitar y proyectar un mural inspirado en anécdotas familiares, leyendas urbanas o cualquier otro tema relevante para la comunidad, que deberá insertarse en la temática ya definida: ¿Quiénes fuimos?, ¿Quiénes somos? y ¿Quiénes queremos ser? El periodo de realización de los murales será del 1 al 15 de abril de 2012, en el barrio de Xanenetla, en la ciudad de Puebla. Para obtener la solicitud de inscripción es necesario mandar un correo electrónico a pueblaciudadmural@gmail.com La fecha límite para enviar los documentos necesarios para participar es el 1 de febrero de 2012.

Requisitos:

– Ser estudiante, diseñador, artista o persona creativa de más de 18 años. – Enviar a pueblaciudadmural@gmail.com los siguientes documentos: – un ejemplo de tu trabajo mural en formato digital jpg o tiff. Si no cuentas con experiencia mural, debes mandar una propuesta de mural en formato digital jpg o tiff sobre alguna de las imágenes de las fachadas muestra que se encuentran en el blog pueblaciudadmural.blogspot.com, en la sección Xanenetla – El Barrio y Proceso. – el formato de solicitud – identificación oficial con foto escaneada (ife, pasaporte, u otra) – Tener disponibilidad de fechas y horarios para estar de 9am a 6pm del 1 al 15 de abril trabajando en el barrio de Xanenetla, en la ciudad de Puebla – Si no vives en Puebla, por favor indica en el correo en donde vives (ciudad y país), para mandarte las especificaciones de los foraneos – Estar dispuesto/a a trabajar en equipo y a convertirte en un intérprete de la comunidad – Estar consciente de que este es un proyecto para la comunidad y por la comunidad Los paquetes de solicitud incompletos o que no cumplan los requisitos, serán descalificados.

Restricciones y particularidades:

– No se admitirán solicitudes de grupos artísticos o colectivos de más de dos personas – Únicamente se aceptará una solicitud por persona o grupo – Las propuestas entregadas no serán los diseños a realizarse, sino un parámetro para elegir a los participantes y crear los equipos – Todos los participantes deberán ser evaluados y seleccionados, sin importar si anteriormente participaron en otra etapa del proyecto – Este es un trabajo que se ofrece de manera gratuita por parte de los artistas. Todos lo materiales para las dinámicas, talleres y el proceso mural serán proporcionados por Colectivo Tomate – Se asignarán becas que incluyen alojamientos, comida y transporte terrestre para foráneos que no cuenten con contactos o los medios para participar

Procedimientos de evaluación y selección:

– Para seleccionar a los participantes registrados, un comité de artistas y representantes de gestión cultural asignado por Colectivo Tomate elegirá las propuestas bajo los siguientes criterios: – Calidad de la propuesta presentada – Trayectoria del participante – Lo viable, propositivo y significativo de la propuesta – Las respuestas dadas en el cuestionario inserto en la solicitud de inscripción

Resultados de la selección:

– La evaluación y selección de las propuestas se llevará a cabo a partir del cierre de la convocatoria, el día jueves 1 de febrero de 2012. Los resultados se darán a conocer el día lunes 20 de febrero de 2012  por correo electrónico y en el blog:  http://www.pueblaciudadmural.blogspot.com – Al resultar seleccionado, los artistas, así como todos los involucrados, deberán estar de acuerdo en brindar una breve entrevista para ser parte del video documental del proyecto, así como permitir la grabación del proceso creativo del mural. – También serán requeridos en las conferencias de prensa, entrevistas y programas de radio y televisión antes, durante y después del proceso de los murales.

Calendarización:

Febrero 2012 1 de febrero, jueves: cierre de la convocatoria 20 de febrero, lunes: emisión de resultados de la convocatoria Abril 2012 1 de abril, domingo: primera junta de trabajo e inicio de actividades 15 de abril, domingo: inauguración de Puebla Ciudad Mural, tercera etapa Contactos: pueblaciudadmural@gmail.com Paola de la Concha 2225058474 Vica Amuchástegui 2223244581

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