La ville de Oaxaca, capitale de l’état du même nom, est située au sud du Mexique, sur la route du Pacifique et du Chiapas. C’est ici, juste à côté du prestigieux site archéologique de Monte Alban, que Cortes avait élu domicile dans ce qui s’appelait alors Nueva España (Nouvelle Espagne) puisqu’il s’était vu accorder le titre de Marquis de la vallée de Oaxaca en 1529 par le roi Carlos I.
Cette région du Mexique, grand centre culturel avec les civilisations Zapotecas et Mixtecas est restée fortement imprégnée par sa culture pré-hispanique, et les traditions indiennes y sont vivaces. Oaxaca, magnifique ville coloniale, conserve une identité forte et est devenue rapidement un centre artistique très important au Mexique. Rufino Tamayo, un des fondateurs de la peinture moderne mexicaine, ainsi que Francisco Toledo et Rodolfo Morales, en sont originaires. Viennent aussi y vivre et travailler de nombreux artistes étrangers internationalement connus. Le Museo de Arte Contemporàneo de Oaxaca accueille des expositions très intéressantes tel Ruido Blancó / Materia Oscura de Gabriel de la Mora et Daniel Guzmàn (septembre-décembre 2011).
Touristique, aérienne et colorée – preciosa, diront les Mexicains – Oaxaca est aussi le théâtre de nombreuses fêtes traditionnelles, la Guelaguetza étant la plus célèbre (lire aussi La Virgen de Guadalupe dans tous ses états). Autant dire qu’elle est un terreau formidable pour la création artistique, dans lequel s’expriment avec beaucoup de talent des sensibilités urbaines contemporaines, la culture hispanique baroque et les racines précolombiennes avec des résurgences de chamanisme. Beaucoup de caractère dans la réalisation des grafitis et murales, qui font flores dans toute la ville : ici, ils ne sont pas relégués aux quartiers périphériques, mais fièrement exhibés sur les façades de particuliers, même dans certaines parties du centre historique.
Au hasard de mes déambulations dans Oaxaca (prononcer Oa’haka) je suis tombé sur des perles, des feux d’artifice colorés, des pochoirs, des collages, beaucoup de peintures murales, et bien sûr les graffs. Voici donc un patchwork de style et de techniques, qui donnent une idée de l’effervescence artistique de la ville.
Les œuvres photographiées dans cet article sont pour beaucoup exécutées au pinceau, à la bombe. Difficile de mettre une étiquette sur chacune d’entre elles – peinture murale, fresque urbaine, grafiti… – elles entrent cependant toutes dans la catégorie du Street Art. Pas facile non plus d’identifier chaque fois l’artiste, là aussi est la spontanéité de cette forme artistique, sans a-priori, loin des règles et procédures sociales. Le Street Art, c’est comme une ville ouverte, inversée dans ses codes. Par recoupements, en approfondissant le sujet, on peut attribuer telle œuvre a tel ou tel artiste, tel collectif. J’ai pu affiner ma recherche avec l’aide de galeries et d’artistes vivant et travaillant à Oaxaca, ville relativement petite par sa taille, mais grande par son aura culturelle, et où existe un vrai réseau artistique fait de nombreuses interconnections. Un deuxième et un troisième article viendront approfondir le sujet tout en illustrant mon enquête.
Pour l’heure, je vous laisse admirer les stencils (pochoirs), murales et grafitis sur les murs de Oaxaca dans une succession de styles, allant du plus élaboré au plus simple. Un tour dans les rues qui permet de se faire une idée, avec un cocktail vivifiant de formes, couleurs et saveurs, des univers qui dialoguent et interpellent le passant.
Florent Hugoniot
Bonjour,
Je tenais à vous remercier, sincèrement, pour l’article concernant Diego Rivera.
Je viens de découvrir le peintre grace au livre que JMG Le Clézio lui a consacré : « Frida et Diego » et suis subjuguée par ses « murales », magnifiquement photographiés sur votre blog.
La Part Manquante se trouve désormais dans mes favoris. Bravo pour le super travail que vous faites, car je ne suis qu’une amateure quasi ignare des affaires de l’Art, et des gens comme vous mettent tant de beautés à portée de mon émerveillement.
A bientôt
Cat
Bonjour . Sympa votre site . Auriez vous une carte avec les œuvres street art à oaxaca? Merci
Bonjour, non il n’existe pas un document de ce style sur Oaxaca.
Je vous conseille de flâner au centre-ville, aussi autour de Sano Domingo qui est la partie la plus grand-bourgeoise du centre (les artistes s’y affichent pour avoir plus de public, de publicité aussi mais souvent adaptent leur production à la zone dédiée au tourisme chic, culturel et gastronomique.
Également d’aller dans les quartiers de Jalatlaco et Xochimilco, plus au nord, qui sont aussi devenus des vitrines pour les artistes urbains locaux et internationaux. Ces deux quartiers sont désormais des zones charmantes, aseptisés et Air$Bérisés pour plaire aux habitants éphémères des USA et d’Europe, mais on peut y voir de belles œuvres.
`À l’origine le street art est un art populaire issu des zones urbaines délaissées ou de mauvaise réputation. Depuis des années il est en cours de gentrification. Ici aussi, raison pour laquelle on voit de mois en moins d’œuvres à caractère social, politique, revendicatrices (elles sont vite arrachées par les autorités) et de plus en plus d’esthétisme, du joli joli, qui participe à la publicit´é de la ville, mais reste creux.