Bancas públicas de México

paseo reforma

Paseo de la Reforma, México Ciudad

Bancs publics, générosités urbaines

Des bancs publics, il y en a une foultitude au Mexique ! Son climat tempéré à très chaud sur une longue partie de l’année permet de flâner, une fois les tâches quotidiennes accomplies ou la journée de travail terminée, ou tout simplement de profiter des parcs pendant un jour de repos, un día de descansa.

Mais n’allez pas croire, les Mexicains travaillent beaucoup – même si la pleine efficacité n’est pas toujours atteinte – contrairement à une réputation de fainéants et la figure caricaturale du peone (paysan pauvre) en sombrero et sarape, allongé sous l’ombre d’un cactus véhiculé par les westerns hollywoodiens.

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Paseo de la Reforma, México Ciudad

 

Les Mexicains aiment profiter de la vie, de leur temps libre pour se rencontrer en famille, discuter entre amis et boire un ou plusieurs verres de cerbeza (bière), de tequila et de mezcal quand il fait froid, s’aimer et se bécotter des heures durant en couple, assis sur un banc ou allongés sur la pelouse d’un parc municipal.

Des jardins aztèques ou mayas, nous ne savons presque rien, même si l’art des plantes médicinales, le goût des fleurs et plantes étranges tropicales a toujours fait partie de l’environnement et du commerce pré-hispanique. Les Espagnols introduisirent leur science des jardines et des patios arabes.

plaza puebla

Le zócalo d’un municipio péripérique de Puebla

Mais c’est surtout trois siècles après la Conquista que les choses prirent vraiment tournure dans l’art d’agrémenter chaque ville avec des espaces publics conviviaux et populaires. Le XIXe siècle transforma les jardins formels et parcs tracés au cordeau du Classicisme français, véritables scènes en plein air pour la cour et l’aristocratie avec parterres, arbustes et buis taillés, sculptés (une persistance mexicaine, lire La naturaleza au carré) en promenades buccoliques et contemplatives d’une nature recomposée à la mode anglo-saxonne, illustrant ainsi le nouveau concept du Romantisme en formulation.

Succombant à ce grand courant qui alla jusqu’à provoquer de grandes remises en questions existentielles, des revendications culturelles et identitaires, jusqu’aux révolutions populaires faisant basculer Europe, Caraïbe et Amériques dans l’espace-temps de la modernité industrielle, les villes coloniales du Mexique se peuplèrent de centaines de bancs, qui se sont naturellement invités dans les espaces publics, généreux dans les villes selon la tradition espagnole. Ces espaces de détente, de sport aujourd’hui, mais aussi de conversation, de petits commerces de bouche et de loisirs, de babioles et souvenirs, sont nombreux et prennent diverses formes.

Le zócalo, grande place centrale où se font face en général la cathédrale pour les grandes villes ou une église et l’hôtel de ville, des parcs et piazzetas à l’italienne, des paseos (passages), la alameda (promenade arborée longiline sur laquelle il était de coutûme, comme sur le zocaló, que les jeunes gens se rencontrent en soirée sous une surveillance plus ou moins appuyée des ferventes catholiques, afin qu’ils puissent se rencontrer, coquetear, draguer pendant une promenade chorégraphiée comme un lent mouvement giratoire – dans un sens pour les filles, dans le sens contraire pour les garçons !

Paradoxalement, le terme banco est aussi utilisé dans l’espagnol courant pour désigner une banque. Quoi de plus privé et opaque qu’un établissement financier, à l’opposé du banc public, banca en español, de l’appropriation des espaces urbains par les habitants et les visiteurs, du rendez-vous galant ou amical, de la rencontre parfois fortuite, surprenant et lumineuse avec l’autre ??…

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México Ciudad

paseo reforma bici

La ville de Mexico (DF comme précisé par tous les Mexicains) tient certainement la palme de l’inventivité concernant les aménagements urbains et le mobiliers qui va avec. Un concours a été lancé il y a déjà une bonne décennie pour agrémenter une des principales avenue de cette ville tentaculaire, el Paseo de la Reforma long de presque 15 kilomètres (il m’a fallu un heure au moins pour arpenter une partie de cette avenue splendide, boisée sur la larguer de ses deux trottoirs de plusieurs dizaines de mètres, immense, à l’échelle de la mégapole) et débouche vers le parc de Chapultepec au sud, grand poumon vert de la capitale.

On peut s’y reposer sur d’autentique sculptures originales, déclinaisons audacieuses, inventives, sur le thème des bancs publics, en bronze coulé, en pierre sculptée ou en fer forgé. Cet exemple rare fait du Paseo de la Reforma une galerie contemporaine à ciel ouvert, un passage pour le passage, une parenthèse bien méritée dans une ville trépidente vibrant 24h / 24 au rythme d’un trafic effréné. Le diaporama qui suit propose une promenade pédestre virtuelle, un plaisir des yeux et un repos bien mérité pour les gambettes fatiguées et les séants ravis !

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Paseo de la Reforma, México Ciudad

On aimerait que les grandes municipalités françaises soient aussi audacieuses, plutôt que de nous proposer les mêmes modèles tristes, gris et passe-partout, systématiquement commandés à la maison Decaux pour Paris. Grenoble a eu l’audace récemment de refuser cette uniformité, toujours accompagnée dans la commande publique d’horribles panneaux publicitaires géants qui encombrent centre-villes et surtout périphéries. Quelle levée de boucliers n’a-t-on pas vu !!

Voici le diaporama qui traverse les époques et le grand espace mexicain, de Puebla à Torreón, en passant bien sûr par México City ! Avec un petit clin d’oeil aux Vélib mexicains, les ecobici.

Projet à l’atelier del Instituto Zacatecano de Cultura “Ramón López Velarde” par Iván Leaños

ivan leaños 2Voici quelques photos d’une oeuvre en processus du sculpteur Iván Leaños, le prototype d’un banc-sculpture dont en plastiline avec armature métal qui est en cours de réalisation à l’atelier de sculpture de l’IZC de Zacatecas. Une création réalisée par le sculpteur et une partie de l’équipe de l’atelier : Martin et Ozwaldo.

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Maquette en cire fondue du banc de Ivan Leaños

 

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Ivan Leaños à l’oeuvre

Projet de banc public, Ivan Leaños, plastiline sur armature métal, détail - 2014

Projet de banc public, Ivan Leaños, plastiline sur armature métal, détail – 2014

Mais restons sur le mode romantique, avec les amoureux des bancs publics, qui ont suscité toute une littérature, et bien sûr inspiré cette fameuse chanson de Georges Brassens. En hommage au printemps déjà en chemin au Mexique, voici une sélection photographique, une nouvelle flânerie dans la réalité, une ballade parmi tous les possibles.

Florent Hugoniot ©Photos et texte

 

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3 commentaires pour Bancas públicas de México

  1. DOMINIQUE dit :

    je découvre ton blog et j’apprécie cet article, quelle créativité dans ce pays, avec cet article tu sors des sentiers battus

    • Muchas gracias !

      Oui le Mexique est un pays d’avenir, bourré d’énergies et de talents qui ne demandent qu’à éclore encore et se développer, une fois – espérons-le – que sera mis un terme à la corruption endémique et galopante sous le mandat de l’actuel président des États-Unis du Mexique.

      Mais l’accent mis sur l’éducation et la culture depuis la révolution mexicaine (il y a juste cent ans) a toujours porté ses fruits, et les artistes mexicain(e)s comptent ceux les plus suivis au niveau international. Pour l’instant la mode mexicaine en France et en Europe est restée surtout au niveau des clichés : la lucha libre, Dia de Muertos etc., mais il se peut que dans quelques années, vu la qualité de la production artistique ici, les collectionneurs se ruent sur les oeuvres contemporaines hecho en México, comme cela s’est produit il y a peu en Chine, en Iran ou au Brésil.

      Manquent les investisseurs privés au niveau national et un réseau de galeries de premier plan, audacieuses, pour appuyer l’effort des États et de la Fédération en matière de projets artistiques, organisation d’événements culturels de bon niveau et appui aux meilleurs ateliers et artisans/artistes locaux.

      Hasta pronto en lapartmanquante !!

  2. Yann dit :

    Un aperçu historique très intéressant en images, photos et en español sur le Paseo de la Reforma : http://mxcity.mx/2015/05/mira-la-increible-metamorfosis-de-paseo-de-la-reforma-fotos/#/0

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