Los Álamos, ou le rêve d’un après-midi d’été

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Exemple de portique colonial à Los Alamos, Sonora, Mexique

Los Álamos – qui se traduit par Les Peupliers – est une ville touristique située dans l’État de Sonora, au Nord-Ouest du Mexique (à ne pas confondre avec Los Alamos, New Mexico, USA, décor d’un célèbre western). La ville mexicaine a été fondée à la fin du XVIIe siècle par une communauté d’Espagnols, du fait de la présence de minerais d’argent dans la région. Elle connu ses années de prospérité baroque, puis tomba dans l’oubli et la pauvreté du fait de l’épuisement de ses mines au XIXe siècle.

sonoramap2En 1948, un laitier de Pennsylvanie, William Levant Alcorn, tombe amoureux de l’aspect colonial de la ville comme de la gentillesse de sa population, et décide de s’y installer. Il achète la demeure des Almada sur la Place d’Armes, la restaure pour en faire un hôtel chic. Habile restaurateur et promoteur avisé, il fait petit à petit de Los Álamos une destination touristique internationale, rejoint dans son projet par d’autres concitoyens étasuniens, dont beaucoup de sa région d’origine. Cette belle ville a pu ainsi retrouver une nouvelle vie, en devenant une référence du syndicat du tourisme mexicain, dans une partie du pays pauvre en vestiges coloniaux, en comparaison au centre et au Sud du Mexique. C’est surtout un lieu prisé par les riches retraités étasuniens, mais aussi les visiteurs mexicains, qui apprécient son calme, son climat, son charme désuet et ses panoramas montagneux.

Le village, à l’écart de la vie moderne depuis que le dieu plata (argent-métal) est retourné aux veines secrètes de la Pacha Mama (Terre-Mère) est aujourd’hui inscrit dans la liste des 87 pueblos mágicos du Mexique, ici sur la page du site officiel. Les deux ravissantes places centrales aux arcades et agrémentées d’un kiosque, les nombreuses haciendas, palacios, tous ces vestiges d’un passé glorieux repeints en blanc éclatant sont donc désormais principalement transformés en resorts de luxe, disposant de piscines privées et de jardins ombragés. Le centre-ville historique est devenu un espace de promenade, lieux de ravissement pour les touristes qui arrivent par 4X4 ou par bus entiers, depuis les routes tout à fait praticables du Sonora. On peut apprécier le panorama en grimpant sur une coline adjacente, couronnée d’un belvédère.

Le climat y est de type “savane tropicale”, avec trois saisons : une saison chaude et sèche d’avril à juin, une saison humide et chaude de juillet à octobre et un hivers chaud et sec de novembre à mars.

Pueblos Mágicos

pueblos magicosUn Pueblo Mágico (Village Magique) est une localité qui comporte des attributs symboliques, réunit des légendes, une histoire, des faits transcendants, une quotidienneté, une magie qui émanent dans chacune de ses manifestations socioculturelles, et qui sont de nos jours une grande opportunité pour l’activité touristique. Le Programme Pueblos Mágicos contribue à remettre en valeur un ensemble de populations du pays, importantes dans l’imaginaire collectif de la nation, et qui représentent des alternatives rafraîchissantes pour les visiteurs nationaux et étrangers.

Autant suspend ton vol

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Klaus Kinsky dans Fitzcarraldo, Werner Herzog, 1982

Voici pour l’aspect carte postale, effet grandiose et impression d’immensitude garanti effet large screen. J’ai eu la chance de visiter Los Álamos un jour calme, sous un ciel lourd et orageux. Quelques familles mexicaines en villégiature égayaient un peu les rues et donnaient le sourire aux vendeurs de tacos et de glaces artisanales. Dans ce décor, je m’attendais presque à voir surgir au détour d’un portique le profil anxieux et fou de Klaus Kinsky dans Fitzcarraldo de Werner Herzog !

los alamos 17Régalez-vous à satiété de ces paysages sans âge, de ces arcades voluptueuses qui n’ont pas su arrêter le temps ; emplissez votre regard de ces cieux pesants et de ces facades blanchies à la chaux, tels des squelettes dix mille fois séchés par un soleil crû et impudique. Oubliez-vous, retrouvez-vous, perdons-nous dans les ruelles de Los Álamos, jusqu’à ce que la soif du monde nous abreuve tous de sa déraison, jusqu’à ce que la terre baptise enfin l’enfer postmoderne tapis non loin, et que l’aigle royal qui plane au dessus des têtes arrache de ce monde le dernier soupçon de romantisme. L’oeil ne sera jamais repu de ces paysages tropicaux riches de promesses, lassé par ces séductions architecturales ; l’esprit défaille devant tous les péchés de l’homme blanc étalés là, à la vue. À commencer par l’avarice et la luxure, et puis les apparences, le rêve de gloire et la beauté cruelle, avant que la miséricorde divine ne réduise cet énième artifice humain à néant.

Voici une sélection de vues de la ville et des alentours. Pour le reste… eh bien il n’appartient qu’à moi !

Florent Hugoniot

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