Comment peut-on être mexicain ? (3)

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Fatales attractions

Je reprends cette étude sur la société mexicaine en développant plus largement le thème de l’américanisation et de ses effets souvent délétères sur un pays pourtant rompu aux influences extérieures, dans une société en renouvellement permanent. Mais après les grands chantiers de l’Indépendance et de la Révolution, un abrazo, un baiser froid comme la mort est arrivé du Nord… Je traiterai aussi des nombreuses démissions des Mexicain(e)s eux-mêmes, face à la culture gringa invasive. Comment peut-on encore être mexicain, en étant en permanence bombardé par les rêves occidentaux les plus grandioses ou les plus vains, en se projetant hors-sol dans une modernité de surface ? Triomphe du post-modernisme, fuite en avant dans la nouveauté à tout prix, dans la dictature des apparences, dans cette croyance typiquement américaine en la toute puissance de la technologie qui viendrait progressivement combler tous les interstices et les défaillances humaines…

Voici l’expression d’une nouvelle fascination malinchista – lire Comment peut-on être mexicain ? (2) – dirigée vers les USA et qui redessine le pays en effaçant les solidarités traditionnelles : de nombreux liens ancestraux à l’Autre, à la terre, au cosmos se défont, pour retisser d’autres liens humains valorisant l’individualisme, la dépersonnalisation et la fluidité. Jusqu’au sentiment religieux, pourtant imprimé dans le cœur de beaucoup de Mexicains et de Mexicaines, qui est menacé. Les anciennes dévotions pour les courants théologiques et la morale venues d’Espagne ou du Vatican cèdent du terrain devant les nouveaux dieux contemporains. À commencer par le matérialisme, le cynisme, la primauté de l’émotion sur la raison, l’immédiateté, l’accumulation des biens et l’évasion dans la consommation de rêves préfabriqués.

Mais celui qui supplante tous ces avatars, c’est évidemment le dollar, ce roi de papier, face auquel se dévalue inexorablement le peso, dans une pente désavantageuse pour toute l’économie mexicaine. Les deux pays sont engagés dans un processus de complémentarité et d’accords commerciaux mais vivent en réalité un rapport tout à fait disymétrique, car le Mexique importe massivement des biens manufacturés made in USA à forte valeur ajoutée ainsi qu’une masse de productions cinématographiques standardisées, alors qu’il brade ses ressources naturelles et ses énergies humaines.

Nouvelles idoles : biens matériels et virtualités

dieuLa sécularisation du pays s’affirme toujours parmi les jeunes générations, moins enclins à la religiosité passéiste. Pour le meilleur, avec des avancées sociales telles que le développement des sciences, une prise de distance par rapport à une morale catholique conservatrice et compassée, une formation universitaire plus poussée, la libération des moeurs, la reconnaissance officielle progressivement de l’union homosexuelle. Mais aussi pour le pire : quand tout élan de transcendance, quand toute éclosion philosophique est bloquée par les mirages consuméristes, quand le vivre ensemble est balayé par l’indifférence contemporaine, dernier rempart contre les injustices omniprésentes, quand le sens commun le plus élémentaire est remisé au placard des curiosités historiques, la dissolution de la société semble inexorablement en cours. L’univers parallèle du virtuel absorbe bien des jeunes mexicain(e)s, pour lesquels les smartphones sont une extention vitale, à l’école, dans les bars, à la plage ou à la montagne. C’est devenu une habitude virale, pas un moment de libre ne doit échapper de l’empire de la communication virtuelle et de ses leures. Mais les dégâts de la post-modernité sont bien visibles dans la transformation des villes et des paysages, la réinitialisation des esprits, jusqu’au plus profond des consciences. Ainsi, au Mexique en 2016, les injustices et les inégalités sont toujours plus criantes et insupportables, comme aux USA, comme en Europe. Une oligarchie corrompue, les mains plongées dans la narco-économie, l’esprit encombré par un élitisme virant presque à l’eugénisme, usant de tous les trafics d’influence auprès des pions politiques et des relais médiatiques, est désormais aux manettes. Et les castes réapparaissent sous d’autres formes, d’autres jeux de miroir cruels et mortifères. La société mexicaine délaisse ainsi certaines soumissions pour replonger bien vite avec délices ou angoisses dans d’autres, plus soft, plus contemporaines. On retrouve l’image des 1% les plus riches face aux 99% de la population popularisé par le mouvement Occupy Wall Street en 2011, parfaitement illustrée par le mode de fonctionnement actuel du Mexique.

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Toute comparaison avec un autre pays n’est évidemment pas innocente ici : le parallèle avec l’évolution de la société française, elle aussi soumise aux vagues de l’ultralibéralisme et de la dérégularisation depuis au moins 30 ans, se lira bien sûr entre les lignes. Ainsi, dans le cadre de la politique régressive d’un gouvernement dit « socialiste », se prenant les pieds dans le tapis de la droite la plus réactionnaire, anticipant le programme du Front National qui pend comme une épée sur les élections présidentielles de 2017, j’assiste depuis le Mexique à des signes de plus en plus inquiétants venant de l’autre côté de l’Atlantique : les manifestations réprimées dans le sang et les gaz lacrimo dans toute la France, suite au mouvement Nuit debout, la remise en cause du Code du Travail, les sérieuses menaces contre la République avec un état d’urgence renouvelé suite aux attentats terroristes, une présence policière avant tout répressive, la surveillance abusive via Internet…

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Comparaison des superficies du Mexique et de la France, avec la Guyane française, les îles Martinique et de la Guadeloupe en rouge

« Le Mexique est une dictature parfaite »

Mario Vargas Llosa

La liste commence à tristement s’allonger et on pourra bientôt superposer la trajectoires de ces deux pays, qui partagent pourtant beaucoup de points positifs, dont un héritage révolutionnaire fructueux, même si leur éclat avant-gardiste a fortement pâli ces dernières décennies. France et Mexique comptent bien des différences et des particularités, comme je me suis appliqué à les mettre en relief pour la partie mexicaine dans ce long développement. Pourtant, leur histoire, leur culture continuent respectivement à éclairer le morne paysage que nous fabrique la globalisation et son fonctionnalisme égoïste et froid : un horizon blanc, vidé de toute divine surprise, aseptisé et nettoyé des belles et contradictoires nuances de la vie. Or désormais, en voyant les actualités françaises, la « Patrie des Droits de l’Homme » semble se rapprocher des reflexes autoritaires dignes des régimes militaires, et choisir la banalité du mal à la mexicaine, avec une dictature douce pour le centre, terrible pour les périphéries, avec parfois des saignées de grande ampleur dans les populations faibles ou récalcitrantes.

Néolibéralisme ou néocolonialisme ?

LibertyLa lame de fond capitaliste européenne venue du XIXe siècle, puis le raz-de-marée néolibéral lancé depuis les années 1970 à l’assaut du monde entier n’ont pas épargné les Mexicains. Malgré des faits marquants de résistance nationale, comme la destitution de Maximilien en 1867 et le sursaut révolutionnaire au début du XXe siècle (1910-1920) – avec ce fait notoire que le Mexique fut le seul pays d’Amérique latine ayant mené à cette époque une Révolution à son accomplissent puis vécu très concrètement ses répercussions sociales progressistes, ce jusqu’aux années 1950/1960 avec la relève cubaine  – le pays est aujourd’hui en première ligne de la contre-offensive néolibérale. Il reste le pré-carré étasunien en matière de politique économique, du fait de sa proximité avec les USA et de son rôle d’État-tampon du capitalisme financiarisé, mais aussi un terrain de jeu pour les multinationales de tous les horizons, depuis les grandes dérégularisations entamées pendant les années 1980. Ajouté à cela que l’économie mexicaine s’est résolument tournée vers la pétro-économie avec la présence des champs pétrolifères dans le Golfe du Mexique, et le tout-automobile comme « colonne vertébrale de l’industrie américaine » prôné par Ford et General Motors, ce qui engendre une véritable anarchie urbaine dans tout le pays.

IMG_0384Coincé par le traité de libre-échange ALENA signé en 1994, désormais pris dans le sillage exclusif des pays de l’OCDE, le Mexique s’est tenu à l’écart des mouvements politiques progressiste de type socialiste survenus au tournant du troisième millénaire dans des pays majeurs du cône Sud, comme le Brésil, l’Argentine, le Venezuela. Il a boudé le MERCOSUR ou tout rapprochement avec les BRICS. Au contraire, à l’égal d’autres pays latins comme la Colombie, le Pérou ou le Chili, il est devenu un fer de lance des contre-réformes économico-financières, propulsées par Ronald Reagan aux USA et Margareth Thatcher au Royaume-Uni. Otage plus que gagnante de la globalisation, la Fédération mexicaine se retrouve de plus en plus aimantée par l’oncle Sam. Sa population dépolitisée, sans réel leader de gauche visionnaire et charismatique, n’a pas eu d’autre choix que de se plier et de s’adapter aux « réformes économiques » apportant insécurité et destruction du tissu social. Le modèle néolibéral, promu en tout premier lieu par les USA, est donc devenu la principale référence du Mexique, malgré les trahisons, les intrusions politiques et vols de territoire que l’ancienne Nouvelle-Espagne, en cours d’indépendance, a eu à subir de son grand voisin du Nord, lors de l’expansion géographique et économique de ce dernier, tout au long du XIXe et XXe siècle. Les Mexicains ne sont pas rancuniers !

De coûteuses « réformes »

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La PEMEX se couche devant les intérêts des compagnies nord-américaines suite à la « ´Réforme énergétique »

L’onde de choc ultralibérale a réellement commencé sous la présidence de Carlos Salinas de Gortari (PRI) entre 1988 et 1994. Artisan de l’ALENA, il fut également mentor de Piña Nieto, l’actuel président. Tandis que ce dernier amplifie le même mouvement de balancier, au point d’avoir en 2015 obtenu de la part du Parlement la privatisation des champs pétrolifères, avec en prime l’autorisation de l’utilisation de la technique du fracking, hautement nocive pour l’environnement et les humains. Le récent gigantesque incendie causé dans le Nord du Canada par l’exploitation d’autres ressources fossiles « non conventionnelles » tels les sables bitumeux en Alberta en est un exemple frappant. Il illustre les risques d’une exploitation abusive et inconsciente des ultimes gisements de gaz ou de pétrole enfouis partout dans la planète.

La privatisation de la PEMEX, compagnie mexicaine exclusive assurant l’exploitation et la commercialisation des hydrocarbures, fondée en 1938 par Lázaro Cárdenas suite à la nationalisation de l’industrie pétrolière alors aux mains de compagnies britanniques et américaines, est une véritable trahison du peuple mexicain et de ses intérêts futurs. De fait, cette privatisation votée par un parlement corrompu n’est pas encore entrée dans les faits que l’essence et le diesel ont sensiblement augmenté depuis le début du mandat de Piña Nieto, en pénalisant des millions de Mexicains liés au développement du tout-automobile.

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Pastiche du logo Coca-Cola : bois plutôt de l’eau !

En parallèle, des entreprises canadiennes ou japonaises ont un blanc-seing pour tirer du sous-sol mexicain toutes les richesses minières qui ont fait la réputation du pays depuis l’arrivée des Espagnols avides d’or et d’argent. Mais les techniques d’extractions employées ainsi que les dégâts causés sur l’environnement sont sans communes mesures avec l’époque des chercheurs d’or de la Conquista. Suite à cette grande braderie sans scrupules ni clauses de protection de l’environnement, combien de paysages sont déjà ravagés, pollués, voire irrécupérables pour les écosystèmes et les populations natives ? Et c’est sans compter avec l’activisme et le lobyisme de Coca-Cola Company, qui confisque progressivement les réserves d’eau naturelles pour assurer sa production titanesque et innonder le marché des sodas, provoquant de nombreuses maladies au sein de la population mexicaine, afin assoir sa suprématie commerciale.

Le pays a beau être immense et sous-exploité selon les critères productivistes, les bénéfices remplissent les comptes offshores de multinationales prédatrices en vidant celles de l’État, dans la plus grande indifférence…

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« Un gouvernement ou un individu qui donne les ressources naturelles aux entreprises étrangères trahit la patrie. »

Ces réformes menées comme avancerait un bulldozer sur des vestiges millénaires précolombiens, obligent les Mexicains à abandonner toujours plus aux intérêts privés des pans entiers de leur économie nationale, mettant en péril leur autosuffisance énergétique, leur souveraineté politique, ainsi que plus généralement leur santé et leurs habitudes culturelles. Sous les apparences d’une euphorie économique et moderniste, les anciennes cicatrices de la colonisation se ré-ouvrent et la population assiste impuissante, à un néo-colonialisme venu du Canada et des USA principalement, mais aussi de Chine, d’Europe, tandis que de nouvelles et profondes blessures se font jour. Les « effets collatéraux » de cette guerre économique mondialisée s’affichent à la Une des journaux, avec leur lot d’injustices et d’atrocités particulièrement documenté dans la presse de caniveau avide d’émotions fortes, mais surtout pas d’analyse pour relier causes et effets – la guerre des cartels avec ses victimes civiles, journalistes, résistants indiens, femmes torturées en étant la plus cruelle manifestation.

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Indiens raramuris réputés pour leur résistance physique et leur vélocité, participant au marathon de Ciudad Juarez

Les communautés raramuris de l’État de Chihuahua sont par exemple particulièrement menacés par la narco-économie, harcelées par les sicarios (émissaires ou hommes de main des cartels) et obligées de céder encore une fois leurs terres ancestrales devant cette fois-ci l’inexorable trafic de drogue vers les USA couplé à la culture du cannabis et du pavot qui se sont implantés dans la majestueuse Sierra norte occidental. Tout cela dans l’indifférence des grands médias nationaux, loin des préoccupations des grands centres urbains, illustrant le fait que les ségrégations issues de la colonie persistent, ici ou encore là, dans le Chiapas, à Oaxaca, pour d’autres communautés indigènes.

Un modèle culturel unique comme miroir déformant

cd juarez chamizal 145Or le mythe du modernisme, le verbiage autour des réformes bénéfiques ne pourront pas toujours voiler le fait que le pays se fait dépouiller de ses richesses naturelles comme de ses énergies humaines, pour l’intérêt d’une oligarchie qui ne connait aucune frontière. Les effets en sont visibles, car la pauvreté déjà présente du Nord au Sud, s’installe dans tous les interstices de la société mexicaine, loin des grandiloquents communiqués officiels et des publications en mode positive attitude sur les réseaux sociaux : que ce soit dans les maquilladoras, usines des zones franches à la frontière des USA, où les conditions de travail se calquent de plus en plus sur la loi de la survie individuelle du Grand Far-West, dans l’économie informelle présente partout dans les villes et sur les grands axes routiers, dans les petits boulots sous-payés occupés par des jeunes mexicain(e)s sur-diplômés ; ou encore parmi les petits agriculteurs du Sud qui paient toujours plus cher leurs semences et les engrais chimiques, et qui, pris en otage, favorisent l’enrichissement des multinationales telles Monsanto, tout en appauvrissant leur outil de production, c’est-à-dire la terre nourricière, la Pacha Mama.

Dans le fonctionnement aveugle du monde actuel, les exutoires à ce tableau noir sont au moins nombreux : plongée dans les délices hédonistes, le consumérisme, le nombrilisme et dispersion dans la quête de soi (quand on en a encore les moyens). Beaucoup voient dans la religion leur salut et leur unique refuge. Au Mexique c’est traditionnellement le catholicisme qui domine, avec sa hiérarchie conformiste et peu politisée, qui n’a d’ailleurs pas été très accueillante vis à vis de la Théologie de la Libération partie du Pérou, Mais les dizaines d’églises évangélistes, issues des USA pour la plupart, se développent en milieu urbain et rutal, comme des marques franchisées dans les centres commerciaux, temples de l’oubli et des loisirs futiles, eux aussi en pleine expansion.

D’autres sombrent dans la pauvreté, la sinistrose ou noient leur dépression, ce mal du siècle, dans le mezcal ou le mauvais whisky, meurent en silence… Des marges de la population mexicaine deviennent des rebuts qui tombent des hauteurs de la bulle de la prospérité. Victimes souvent silencieuses, des hommes et des femmes s’effaçent de l’aventure moderne comme des fantômes. D’autres n’ont plus d’autre choix que de renouer avec les anciennes luttes émancipatrices de ce pays, de s’opposer frontalement contre toutes ces nouvelles et subtiles formes d’oppression, de retrouver les anciennes luttes, en s’organisant en syndicats, en associations de défense, voire  de prendre les armes, tels les Zapatistes du Chiapas, afin de sauvegarder leur communauté.

IMG_0182Avec certes peu d’impact sur le reste de la population mexicaine, du fait du sentiment d’impuissance, du fatalisme ambiant, du désintérêt, ou de la désinformation de nombreux secteurs de la société. Particulièrement dans les zones urbaines, où les Mexicains s’identifient plus à la communauté déracinée du Global Village qu’à leurs lointains cousins, tout de même un peu restés à l’état de moitiés sauvages…

Le lavage de cerveau effectué ici aussi depuis des décennies par les médias dominants, en premier lieu par les deux principales chaînes de télévision, TV Azteca et Televisa, additionné à la fuite en avant dans un illusoire mieux-être moderniste, ne laissent pas encore augurer de la future Révolution mexicaine, ou du moins d’une nouvelle révolution des habitudes ni d’une orientation politique réellement novatrice, comme celle des années 1930. Mais les classes moyennes sont de plus en plus exposées à la précarisation. Le pays ne tient debout que grâce à une relative croissance, très inégale, mais surtout grâce aux fils grossiers des prestidigitateurs et autres magiciens de la communication.

Anesthésie générale et perfusions

J’assiste à cette lente substitution d’un mode de vie par un autre. Ou plutôt à une aliénation de grande ampleur, alors que je continue de découvrir et apprécier la réalité de ce pays : entre le début de la première partie et ce jour où j’écris ces lignes, j’ai déménagé du Nord au Centre du Mexique car la vie à Ciudad Juarez me devenait insupportable, en dépit de mes premiers émois et mon regard encore frais sur la ville. Je réside désormais dans la charmante ville de Querétaro, qui a cet avantage de conjuguer un riche patrimoine colonial, des habitudes sociales encore ancrées dans un espace urbain à taille humaine, et un développement dynamique et prospère. J’écris ces lignes dans un environnement plus adéquat à une analyse tempérée. Pour autant, j’assiste aussi ici à la perte de l’identité mexicaine sous prétexte d’expansion urbaine et malgré des repères historiques bien réels. L’omniprésence des multinationales dans l’économie florissante de la région, la construction débordante et effrayante des nouveaux quartiers, ghettos pour riches ponctués de tours mégalomanes sur les hauteurs de la ville, fraccionamientos carcélaires, redessinent désavantageusement la silhouette de Querétaro. Et toujours le trafic automoblie tentaculaire, avec ses voies rapides invasives…

Plus généralement, l’attachement des Mexicains à leur pays, au delà des plates manifestations patriotiques, est souvent une posture. Non que l’intérêt pour des modes de vie alternatifs ou traditionnels, des céremonies rituelles n’existent et ne se développent au Mexique. Mais en Europe nous avons été vaccinés aussi bien par le postmodernisme que par les mouvements fourre-tout New Age, qui laissent en arrière-plan les sujets fondamentaux, tandis que se poursuit le grignotage des piliers de l’État pour une vision purement comptable et mercantile : processus dicté of course dans la langue de la mondialisation, l’anglais, qui est appris par la quasi totalité des élèves mexicains, au détriment d’une ouverture plus large sur d’autres pays, d’autres cultures et d’autres projets de développement, certainement davantage compatibles avec ce que le Mexique a de mieux à offrir et à développer : son expérience propre, sa laïcité, son positivisme et son humanisme.

Lambeaux révolutionnaires

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Les jeunes Mexicains se souviennent-ils encore de leur histoire nationale, des combats des anciennes générations pour l’émancipation du pays ? Certes ils l’apprennent lors des commémorations régulières dans le calendrier scolaire, dans les écoles en gestes et chansons, mais ces belles paroles les inspireront de quelle manière dans leurs actions futures ? Pour la génération actuelle, c’est un pari délicat que de reprendre le fil de ces conquêtes sociales, retrouver le sens de l’Histoire.

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Emiliano Zapata

L’équilibre national qui fut déjà difficile à réaliser après tant de chamboulements civilisationnels, l’art de vivre à la mexicaine, généreux mais de plus en plus incertain, sont en péril. En parallèle, l’héritage de la Révolution, dont le glorieux récit mythifié, s’effiloche. Pancho Villa et Emiliano Zapata sont devenus transparents à force d’avoir été reliftés et mis à toutes les sauces du consumérisme, désormais profondément ancré, et des éléments de communication d’une gouvernance mondialisée. Un exemple particulièrement frappant de la déliquescence de l’État est l’abandon du réseau du rail depuis les années 1970 ou plus récemment les réformes éducatives de Piña Nieto.

La mort du rail, premier wagon de réformes néolibérales

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Vestiges de la gare et vieille locomotive en cage, Ciudad Juarez 2015

Alors que le réseau ferré s’était largement développé aux débuts de l’industrialisation du Mexique dans la deuxième partie du XIXe siècle, dans la lancée de la conquête de l’Ouest, il n’y a plus aujourd’hui qu’une liaison ferroviaire transportant des passagers et des touristique : le fameux Chepe reliant la ville de Chihuahua au Nord, à la mer de Cortés, en face de la Basse-Californie. Seul un géant du fret, la Bestia, dragon du rail long de plusieurs km, alignant wagons de produits alimentaires et manufacturés qui vont et viennent entre les USA et le Mexique, donne un sens aux larges portions toujours existantes du chemin de fer qui traverse tout le territoire. Ce train est ristement célèbre au Mexique pour les clandestins qui montent en masse dans ses wagons depuis l’Amérique centrale afin de se rapprocher de la frontière étasunienne, et, avec beaucoup de chance, pouvoir rejoindre les USA malgré les contrôles pointilleux des patrouilles surarmées. Ce train doit son nom aux nombreux morts qui jalonnent son parcours, tombés du train par épuisement ou exploités jusqu’à la moelle par les passeurs et les bandes mafieuses qui contrôlent ce trafic humain. Certaines femmes, bonnes âmes, se tiennent le long des voies, attendant le passage du « train de la mort » avec des sacs de subsistance qu’elles tendent à destination des passagers clandestins, épuisés par plusieurs journées de transport. Il faut trois semaines pour traverser le pays au lieu de plusieurs mois par les autres moyens.

Riding/chevaucher La Bestia

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La Bestia, huile sur toile – Luis Valsoto, 2015

“La Bestia, c’est plusieurs trains de marchandises. Sur deux lignes qui longent les côtes caraïbes et pacifiques. Elles se rejoignent dans le centre-sud du Mexique, vont vers la capitale, Mexico, et une gare de triage (Lecheria), d’où rayonnent quatre lignes qui se dirigent vers le Texas, l’Arizona et la Californie. »

omnibusLa déshérence du fret passager a été planifiée, et depuis les années 70, les compagnies privées d’autobus se sont partagées le marché des transports avec les compagnies aériennes internes, comme un gros gâteau : Omnibus de Mexico, Estrella Blanca, ETN, Chihuahense, etc., proposent des lignes business class et le standing général des bus Pullman, avec climatisation glaçante en saison chaude, chauffage brûlant sur les pieds en hiver, Internet payant et films d’action bruyants avec forces explosions et dialogues débilitants, imposés pendant tout le trajet à des voyageurs sagement alignés comme au cinéma. Individualités isolées de l’espace et les uns des autres, dans un véhicule où tout est fait pour oublier l’acte du voyage et les liens humains qui peuvent s’y créer, tous aveuglément tournés face à une route devenue une totale abstraction et un paysage rendu à sa plus simple expression de décor.

Comme si ce pays qu’ils traversent ne leur appartenaient déjà plus… On ne louera jamais assez la poésie des voyages en train ! (lire El Chepe (1) : dernier train voyageurs au Mexique)

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Femmes guerrilleras lors de la révolution mexicaine

C’est un scénario identique, à plus petite échelle, pour l’Uruguay, pionnier en la matière de ferrocarril, car il est le premier pays latin ayant inauguré un train avec une technologie anglaise, et qui n’a pu garder certains vestiges de l’âge d’or du rail, que grâce à quelques passionnés, des ex-cheminots pour la plupart, regroupés en association. Seule également une portion semi-touristique demeure en fonction dans les environs de Montevideo.

Il faut souligner qu’au Mexique, le rail a « porté » la Révolution, et ce symbole est resté longtemps inscrit dans les mémoires, jusqu’à ce que les belles locomotives finissent au musée, tout comme les acquis de la Révolution mexicaine. Un témoin d’une autre époque, certainement devenu trop gênant dans le paysage néolibéral actuel…

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(Contre)Réformes dans l’Éducation

Les grands chantiers post-révolutionnaires ont aussi apporté une éducation gratuite et de qualité pour tous, grâce à la constitution de 1917, très progressiste en son temps, puis surtout grâce aux réformes entreprises par Láraro Cardenás, du temps de son sextena entre 1934 et 1940. Menant de front différentes réformes – dont principalement la réforme agraire avec la redistribution des terres aux paysans et la nationalisation des compagnies pétrolières, d’où naîtra la PEMEX – ce président mexicain considéré comme le plus vertueux de son siècle a également développé les écoles rurales de maîtres et donné plus de moyens à l’ensemble du système éducatif public. De plus en plus sensibilisé par l’éducation, nerf de la démocratie, il s’investit dans une ample campagne d’alphabétisation, l’implantation d’un système éducatif libre, laïc et gratuit, et la création du Département des affaires indigènes, qui prend en considération les mondes autochtones dans une optique d’incorporation. Le Mexique vit sous sa présidence des heures fastes sur le plan culturel, il assume désormais pleinement son identité métisse et plurielle grâce à une archéologie et une ethnologie active au sein d’universités énergiques.

IMG_0402L’UNAM, la grande Université de Mexico, est encore une des plus renommée d’Amérique latine, malgré le manque de moyens de plus en plus honteux réparti pour ce secteur. Comme la plupart des grandes universités des capitales d’État, elle réussit à tenir son rang et ses objectifs de formation grâce au dévouement de ses enseignants et du fait d’un statut d’autonomie encore relativement respecté par les autorités. Mais la dernière réforme éducative risque de mettre à bas l’ensemble du réseau, en imposant une compétitivité entre les professeurs, en exigeant des classifications digne des agences de notation des entreprises.

Un paysage éducatif en trompe l’oeil

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Campus Iberoamericana de Torreón, avec son architecture impécable, des équipements à la pointe

En parallèle s’est développée une pléthore d’offre au niveau des universités privées, les plus célèbres et respectables étant le TEC de Monterrey et la Iberoamericana, avec des tarifs d’inscription en interdisant de fait l’accès aux étudiants des classes populaires. Suivent sur la liste une myriade d’autres Universités et Campus plus ou moins recommandables, avec leurs spécialités et des tarifs toujours très élevés ne correspondant pas toujours à un enseignement et un encadrement de qualité. Beaucoup de snobisme et d’entre-soi entrent en considération dans le choix de telle ou telle université, pour les étudiants issus des strates sociales dorées. Les édifices et installations sont souvent rutilants, les salles équipées des technologies dernier cri et les étudiants qui peuvent se permettre de telles études évoluent dans un environnement très confortable, assistés par une administration aux petits soins. Rien à voir avec les conditions de travail des étudiants du public, qui ne bénéficie pas de salles de sport intégrées pour se relaxer entre deux cours, d’auditorium à l’accoustique impeccable et de classes non surchargées.

Dans ces conditions, le rapport au corps enseignant devient vite vicié, les étudiants se considérant aussi comme des clients. La direction de ces écoles, rodée au marketting le plus pointu, sont toujours soucieuses de caresser élèves et parents dans le sens du poil, en dépit de résultats faibles, souvent dû à un manque de travail et d’assiduité : dans les classes sociales élevées, les jeunes sont pratiquement sûrs de rencontrer un poste qualifié et à responsabilité, grâce aux contacts de leurs proches. Certains visent uniquement le diplôme prestigieux et délaissent la formation elle-même, attendant le papier honorifique qu’ils finiront à obtenir à force de multiples sessions de rattrapage, et malgré un laisser-aller récurrent ou des comportement condescendants voire grossier vis-à-vis des professeurs. Je sais de quoi je parle d’expérience ! Mais ces comportements ne sont heureusement pas la règle générale, et même si on constate un niveau de formation et de maturité généralement moindre chez les étudiants mexicains par rapport aux étudiants français, il faut aussi reconnaître la gentillesse et l’application de la majorité.

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Pause terrasse dans le café universitaire douillet, Campus Iberoamericana de Torreón

Accent mis sur l’enseignement de l’anglais, quasi obligatoire dans tous les établissements, et sur l’adaptation de l’enseignement aux normes entrepreneuriales : déclassement des sciences humaines, de la philosophie à l’avantage du marketing et du commerce international, de la gestion des systèmes informatiques, disciplines de plus en plus répandues. La chimie et la mécatronique, tout ce qui formera les futurs ingénieurs pour remplir les besoins des nombreuses entreprises étrangères déjà implantées dans le pays, sont favorisées. Et la suprême concurrence du marché, la course à l’emploi dans une économie qui est incapable d’offrir des débouchés à l’ensemble des jeunes diplômés, notamment du fait de la mécanisation croissante des tâches, pèse sur tout le système éducatif.

Une particularité due à cette exigence d’ « excellence », notamment dans la répartition des bourses et l’entrée dans les meilleures écoles, la barre est placée très haut pour la sélection : 80/100 en général, et dans tout le cursus scolaire depuis la petite enfance, c’est une moyenne de 70/100 qu’il faut décrocher pour passer au niveau supérieur, ce qui correspondrait en France à un petit 5/10. Cette mise en forme des bons résultats solaires qui prend des allures de lifting pédagogique, parfois accompli avec un corps enseignant rendu peu exigeant du fait de la concurrence généralisée des écoles et la chasse aux élèves les plus bankable, vice complètement les qualifications. 3 points uniquement permettent de nuancer les résultats scolaires, toute note passant sous ce seuil critique n’est pas prise en considération. Beaucoup d’écoles interdisent même aux professeurs de noter en dessous de 40/100.

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Commémoration du Día de Colón en école élémentaire – San Patricio,Ciudad Juarez

Et puis, l’influence des pédagogies de l’émulation est très étendue dans chaque degré scolaire : il faut savoir constamment mêler enseignement et divertissement (ce qui pédagogiquement n’est pas inintéressant bien sûr) afin que les élèves ne s’ennuient pas trop et ne replongent pas sur leur smartphones. Mais parfois, toute cette ébullition de fêtes, d’événements, de commémorations, d’actes de solidarités voire de charité, parfois organisés directement par des groupes d’élèves volontaires, l’organisation de rencontres sportives inter-établissements ou encore la forte fréquence d’activités ludiques et culturelles, tous ces chamboulements du banal rythme des classes nuit directement à la rigueur que nécessite un enseignement de qualité. On retrouve aussi à l’école cet impératif de souder le groupe et de ne jamais laisser un élève face à lui-même. Une solitude qui pourtant est aussi propice à l’envie d’apprendre, au besoin de mémoriser et d’approfondir ses connaissances… parfois même pour lutter contre l’ennui et tout simplement savoir se prendre en main, s’autonomiser !

Un modèle social en danger

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Marche à Mexico contre les nouvelles réformes de l’éducation – Foto: Cuartoscuro.

Un système d’aides et de bourses soutient encore largement les élèves désargentés en fonction de leurs résultats, mais malgré cela, beaucoup ne peuvent plus suivre. Étant donné que les effectifs dans le public débordent et donnent des classes surchargées, que les portes de l’accès aux études supérieures se referment, certains décident d’interrompre leurs études pour peut-être les poursuivre, une ou plusieurs années après avoir travaillé souvent dans des secteurs qui ne correspondent en rien à leurs qualifications (souvent le commerce et les maquiladoras / usines). D’ailleurs de nombreuses offres d’emploi exigent des candidatures ne dépassant pas 25/30 ans, car il est bien connu que l’éclat de jeunesse est vendeur, et que ces recrues non syndicalisées n’auront pas beaucoup de garde-fous contre les abus de leurs employeurs. OXXO, qui capte par exemple dans ses caisses cette main d’oeuvre flexible et qualifiée, la paye au lance-pierre quand son patron Carlos Slim est toujours juché au top de la liste Forbes des milliardaires… Le contact avec la vie active et ses obligations, la responsabilité de supporter une jeune famille pour certains, amène à se couper aussi définitivement de ses ambitions professionnelles initiales. Dure réalité que celle proposée à de nombreux jeunes pleins de rêves faciles, l’imaginaire farci de standing nord-américain, et pourtant abandonnés à eux-mêmes et à la débrouillardise latine.

Pourtant, le système éducatif mexicain, du fait aussi de passerelles, de jumelages et d’une facilitation de la poursuite des études à l’étranger, arrive à produire d’excellents élèves au niveau international, en science particulièrement, dont certains gagnent de prestigieux prix et deviendront les stars d’un jour des réseaux sociaux. Mais avec les réformes en cours, on peut se demander si les talents de demain réussiront à percer les toits de verres qui compartimentent de plus en plus les classes sociales, laissant aux fils et filles à papa toute latitude pour occuper les meilleures places et grapiller les titres honorifiques. La reproduction des élites est un facteur d’appauvrissement intellectuel, et donc économique et social, aussi bien en France qu’au Mexique.

Reforma Educativa du PRI

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Non à la réforme de l’Éducation – « Tu pourrais citer trois agroupations policiés qui ont marqué ta vie ? »

De nombreuses manifestations ont lieu en ce moment dans tout le Mexique, en opposition à la réforme éducative, engagée par le gouvernement PRI de Piña Nieto, actuel président de la Fédération.

La CNTE (Coordinadora Nacional de Trabajadores de la Educación / Coordination Nationale des Travailleurs de l’Éducation) qui est le syndicat majoritaire de l’éducation, peut encore compter sur le soutien de nombreux professeurs du secteur éducatif public, menacés directement par ces réformes en cours d’application. En effet, sous le prétexte de recadrer une profession ayant profité de trop de passe-droits (ce qui n’est absolument pas l’exclusivité du corps enseignant) le gouvernement souhaite rendre obligatoire des tests de niveau à tous les enseignants sous contrat avec l’État, dans l’objectif avancé d’en finir avec le clientélisme et de relever les exigences pédagogiques. Cependant l’espoir secret est surtout de faire une grande purge du personnel syndiqué et de progressivement imposer une main d’oeuvre enseignante précarisée, soumise, réduite au silence et corvéable à merci. La CNTE, syndicat très majoritaire, appuyée par d’autres confédérations de moindre importance et une partie de la population excédée par les injustices récurentes au Mexique, semble jouer aujourd’hui son va-tout dans l’organisation d’immenses manifestations, principalement dans la capitale et les États du Sud, plus revendicatifs que ceux du Centre et du Nord, productivistes et dépolitisés.

Manifeste du Ve Congrès national de l’éducation alternative de la CNTE

L’actuelle « réforme éducative » mise en œuvre par les pouvoirs formels (exécutif, législatif, judiciaire) et de fait (OCDE, organismes patronaux, « Pacte pour le Mexique ») du pays et de l’étranger n’est pas nouvelle. Elle est l’aboutissement d’un processus d’imposition d’accords, de pactes et d’alliances de sommet dans ce secteur, enregistrés ces vingt dernières années, dont l’objectif réel est de PRIVATISER l’éducation que dispense l’État, pour que celle-ci ne réponde plus à des intérêts et buts publics et nationaux, mais privés et étrangers : qualité (patronale) éducative pour requalifier massivement la main d’œuvre (éducation par compétences), tant sur le plan interne (maquiladoras) que sur le plan extérieur (migration).

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ciesasestancadaOn voit que le legs de Cardenás et des gouvernements progressistes de la première moitié du XXe siècle a été attaqué dans trois axes de premier ordre pour le Mexique : la répartition des terres, la gestion des réserves pétrolifères et l’éducation. Détail sensible, le massacre des 43 étudiants normaliens d’Ayotzinapa en 2014 par des policiers municipaux et des militaires, en cheville avec un cartel de drogue, peut aussi être considéré comme un « dommage collatéral » de la contre-offensive ultralibérale, qui aura livré une grande partie du territoire mexicain au joug de la narco-économie : le libéralisme dans ce qu’il a de plus sauvage et destructeur, où toute règle entravant le libre commerce est balayée, et oú l’éducation des masses devient un danger pour le pouvoir, qui a donc bénéficié dans sa dictature feutrée de l’élimination de professeurs syndicalisés, marqués fortement à gauche et issus des longues luttes sociales du pays, instituteurs qui risquaient de propager une doctrine par trop humaniste voire résistante dans les consciences des villageois.

« Ces écoles nées en 1935 dans un contexte socialiste, précise-t-elle, sont héritières des principes de la révolution établis sous le gouvernement de Lázaro Cárdenas, qui a amorcé à cette époque les réformes agraires et éducatives. L’éducation rurale était l’une des priorités du gouvernement, notamment pour que les enseignants implantés dans les communautés aident les paysans à réclamer les Ejidos communautaires (terres communales). »

Tanalis Padilla, historienne au Dartmouth College, USA

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Campagne en faveur des transports publics

La dictature parfaite à la mexicaine perfectionne toujours davantage ses outils de domination et de conditionnement. Elle s’accommode parfaitement du modèle culturel étasunien invasif et de nivellement par le bas, avec la collaboration de l’oligarchie économique et médiatique du Mexique. Car la tradition des compradores, ces élites achetées par des puissances politiques et financières étrangères est partie prenante de l’histoire du pays. Elle se perpétue sous le gouvernement de l’actuel président Peña Nieto, dont la cote de popularité sombre, malgré un plan com’ éliminant toutes les aspérités et leurs manifestations publiques. Tout se joue désormais pour la société mexicaine, entre tolérance, soumission et exaspération.

Florent Hugoniot

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SOURCES

« Lázaro Cárdenas ou la révolution au pouvoir » par Thibaut Kaeser :

http://risal.collectifs.net/spip.php?article1881

Privatisation de PEMEX :

https://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/MILL_ACKERMAN/50153

Reforma educativa :

http://www.sudeducation.org/Reforme-du-systeme-educatif-au.html

http://risal.collectifs.net/spip.php?article1881

Ayotzinapa et les écoles rurales :

http://enprofondeur.altermondes.org/mexique-la-repression-des-ecoles-rurales/

Nochixtlan : https://blogs.mediapart.fr/clement-detry/blog/121216/tuerie-de-nochixtlan-au-mexique-un-temoin-aurait-ete-menace-par-lombudsman-local

Reproduction des élites à travers l’éducation :
http://www.eldiario.es/sociedad/elites-perpetuan-traves-educacion_0_444456326.html

La Bestia :

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2014/09/08/008-train-bestia-immigrants-illegaux-mexique-etats-unis-amerique-centrale.shtml

Dictature parfaite :

https://blogs.mediapart.fr/edition/cinemas-damerique-latine-et-plus-encore/article/011015/le-mexique-est-une-dictature-parfaite-mario-vargas-llosa

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Un commentaire pour Comment peut-on être mexicain ? (3)

  1. Boris Carrier dit :

    Concernant l’emprise du consumérisme au Mexique je prendrais volontiers l’exemple de l’automobile, véritable fétiche national, qui n’est pas sans rappeler les remarques de Roland Barthes concernant la DS:” les tôles, les joints sont touchés, les rembourrages palpés, les sièges essayés, les portes caressées, les coussins pelotés; devant le volant, on mime la conduite avec tout le corps. L’objet est ici totalement prostitué, approprié: partie du ciel de Metropolis, la Déesse est en un quart d’heure médiatisée, accomplissant dans cet exorcisme, le mouvement même de la promotion petite-bourgeoise . “Y aurait-il donc un écart de 50 ans entre les deux cultures ?

    J’ajouterais qu’il y a un paradoxe dichotomique entre le nationalisme récurrent et vivace mexicain et la soumission parfaitement décrite ici au modèle néo-libéral étasunien qui débouche sur une forme de schizophrénie dé stabilisante et comme vous le décrivez parfaitement, l’alcool est un dérivatif trop fréquent face aux inévitables frustrations de ce mode de vie subi.

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