Montpellier street art 2024 – Viaduc du Lez (1)

La déferlante street art reste légère à Montpellier, particulièrement dans le centre-ville historique qui est précieusement entretenu et nettoyé depuis déjà bien longtemps pour un public choisi. Certes, certaines fresques monumentales de commande municipale y sont bien réalisées mais peu originales en général – ces trompe-l’œil au style lourd et démodé qui ornent certaines façades lle et que je ne présenterai pas ici. Peut-être faut-il parler de vagues polymorphes, tant les propositions sont hétéroclites. Ce sont plutôt des petits formats, peintures, pochoirs ou collages, qui ont attiré mon attention et qui font l’objet des deux articles Montpelier street art suite et fin. C’est au niveau du Viaduc du Lez que j’ai trouvé matière à faire cette première publication. Dominée par le splendide pont métallique ferroviaire de 600 mètres en forme d’arc blanc (on peut aussi imaginer deux roues gigantesques de vélo semi-enterrées), une longue fresque orne les berges du Lez sur sa partie prévue pour le déversement des eaux de la rivière, en cas de très fortes pluies.

Dans une nuance de bleu-vert et d’ocres, elle s’étale toute en longueur et de biais par rapport au sol, ce qui a obligé les artistes intervenants à d’intéressantes anamorphoses pour la composition générale. Au centre, une sorte de géant marin-pirate un peu halluciné semble se couler dans le format et dans le courant du Lez, qui finit son aventure quelques kilomètres plus loin à Palavas dans la mer Méditerranée. Il est entouré de détails sinificatifs dont d’amusants animaux marins et brandit au dessus de sa tête un sabre signé « ROGER » de ses deux mains. On note une inspiration d’Albert Dubout et des références à son oeuvre. Cet artiste originaire de Marseille a rendu célèbre avec ses caricatures « le Petit Train de Palavas » qui passait non-loin et faisait aller-retour entre Montpellier et Palavas de 1872 à 1968.

Albert Dubout (1905-1976) a marqué plusieurs générations. Nous connaissons ses représentations piquantes de la France des années 1920 à la fin des années 1950, son « couple à la Dubout » avec le petit mari accompagné de son épouse, ses inoubliables affiches de cinéma pour le tout aussi inoubliable Marcel Pagnol. Albert Dubout c’est le sens de l’imprévu et de la scénographie. Un travail remarquable basé sur une constante dualité ordre et désordre. Un maître du détail qui capte l’attention du spectateur avant de le faire sourire.

Albert Dubout – le petit train de Palavas

Impossible à photographier dans sa totalité (la fresque doit faire dans les 150 mètres de long sur 3 mètres de large environ), je l’ai photographiée en différentes parties, dans lesquelles se révèlent des détails humoristiques. Cette œuvre qui a l’air d’être collective est signée « SuPoCaOS ».