À l’occasion du Photsoc, le 4e festival international de la photographie sociale, Sarcelles devient le centre du monde du 14 au 23 septembre 2012. Courez-y et enlevez-vous de la tête l’image largement véhiculée par les médias d’une cité vivant constamment au bord de la violence et de la barbarie… Située à une quinzaine de kilomètres au nord de Paris, plus tout à fait en banlieue et déjà à la campagne – elle accueille même une ferme d’élevage de plusieurs hectares – Sarcelles compose avec succès sa propre modernité, riche de ses très nombreuses communautés étrangères. Elles s’y répartissent entre le centre historique et le Grand Ensemble, première réalisation urbanistique de ce type initié en France en 1955 et qui a fait le mythe de la ville.
Communautés antillaises, nord-africaines, noires-africaines, juives et même assyriennes y composent une mosaïque ethnique et religieuse. Elles y vivent en paix, s’intègrent tranquillement, tout en valorisant leurs cultures respectives. Logique donc que ce festival, initié en 2006 par Xavier Zimbardo, photographe originaire de Sarcelles – qu’il adore et ne quitterait pour rien au monde, excepté pour ses reportages, limités dans le temps – y soit organisé tous les deux ans.
Pour découvrir de nouveaux talents, Xavier, Francis et toute l’équipe se rendent par exemple à Arles, où Photsoc tient un stand chaque année, ainsi qu’à Perpignan. Ils reçoivent aussi des candidatures qu’ils sélectionnent selon trois critères : la qualité photographique, le regard d’auteur et l’aspect social, qui s’étend ici sur une large palette.
« Faire jaillir des sources d’eau claire au cœur des brasiers de la colère ! »
Exposition au Champs de Foire
Ce rassemblement exceptionnel d’une vingtaine de grands noms de la photographie contemporaine permet aux visiteurs de découvrir des œuvres courageuses et puissantes, qu’on voit trop rarement à Paris. Et également de voyager, dans un souffle artistique envoûtant. De s’envoler pour les paysages poudrés de Pierrot Men à Madagascar, vers les chantiers titanesques de démolition navale en Inde et Bangladesh, vus par Pierre Torset, en passant par les espaces péri-urbain d’Oulan-Bator en Mongolie, par Matteo Gozzi. De se mêler aux commandos artistiques nocturnes des graffeurs, avec Guillaume J.Plisson, puis aux pratiques religieuses de la communauté juive ultra-orthodoxe hassidique, avec Agnieszka Traczewska. De glisser de la tribu oubliée des Buganda au Katanga, par Irène Sinou à la communauté islamique de Marseille, par France Keyser.
De se fondre, se diluer et se retrouver dans les pratiques vaudous et les transports en commun en Haïti avec Jordi Cohen, puis d’entrer dans la peau d’un SDF, de dormir sur les marches du métro de Tokyo avec Loïc Lautard, vagabond céleste. De ne devenir plus qu’ombres et contrastes dans l’Argentine post-crise, vue par Franck Boutonnet, et à Villiers-le-Bel, non loin de Sarcelles, avec les Chiens de la casse, par Jean-Manuel Simoes. De passer des portraits touchants en noir et blanc des derniers survivants de la classe ouvrière, par Bernard Cancia, à la lumineuse abstraction des centrales nucléaires et autres lieux de pouvoir, espaces déshumanisés brillamment recadrés par l’œil et l’objectif de Luca Zanier.
Une sélection dense, riche et passionnante ! Compter deux heures pour effectuer ce voyage dans l’espace et dans le temps, au gré des regards et de la poésie très variés de chacun des photographes. C’est au Champ de Foire de Sarcelles que ça se passe, avec de beaux et grands tirages, faits pour la plupart par le labo TintaPrint.
Activités pédagogiques et artistiques
L’activité de Photsoc est également à but pédagogique, social et artistique, avec des initiations à la photo auprès d’un jeune public, dans le cadre des Ateliers Florinelles, animés par Bruno Boudjelal. La seconde partie de l’exposition, présentée dans le flambant neuf Centre commercial Myplace, situé à 10 mn du Champ de Foire, vaut également le déplacement. On peut y voir le travail de Nicolas Henry, ainsi que celui de Xavier Zimbardo, qui font tous deux participer les habitants ou des groupes d’enfants de Sarcelles et d’ailleurs, dans des mises en scènes insolites et très colorées.
Un travail d’une formidable générosité, superbe et plein d’espoir, qui pourrait être résumé par cette citation de Nietzsche, inscrite sur un mur en Argentine et saisie par Frank Boutonnet :
« Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse »
Friedrich Wilhelm Nietzsche
Artistes exposés : Bénédite Topuz, Bernard Ciancia, Franck Boutonnet, Franck Boucher, Guillaume J.Plisson, Irène Sinou, Jean-Manuel Simoes, Loïc Lautard, Nicolas Henry, Pierre Torset, Jordi Cohen, Matteo Gozzi, Luca Zanier, Agnieszka Traczewska, France Keyser, Pierrot Men, Xavier Zimbardo.
Photsoc, du 14 au 23 septembre 2012. Deux espaces d’exposition : Champs de Foire (jusqu’à 19h) et Centre commercial MyPlace (jusqu’à 20h).
Entrée libre, très beau catalogue de la 4e édition en vente sur place (15€).
Page Facebook de Xavier Zingardo photographer
Merci à Orguilla, Olivier et Xavier !
Rédaction Florent Hugoniot
Bravos d’un fan rencontré au hasard d’un café près de la gare Haussmann pour « Holi »…
Ai eu la chance de passe en Allemagne à Kassel mais ai manqué Sarcelle, pour cette fois.
Merci pour le virus.
Bonne continuation Xavier.
J&B