La gare de Villeneuve-les-Maguelonnes.. bon, encore faut-il la trouver ! Un vieux monsieur sortant de la boulangerie m’indique la gare, oui, celle qui fonctionne, la seule, et non, il n’y en a pas une autre désaffectée. Imaginant une ancienne gare assoupie et rétro, perdue au bout des voies dans les hautes herbes, je finis, faute d’une autre option, à aller du côté de la SNCF. Et finalement, après un rond-point vertigineux passé avec succès en vélo, je trouve le chemin après l’entrée des deux platanes, que l’ami Alejandro m’avait indiqué. Au bout du chemin, la gare et un discret panneau en bois marquant « La Grande Barge » à l’entrée d’une grande cour remplie de scultures, de quelques tables, d’un caravane et d’installations diverses.
Ambiance calme, et sereine, je pose mon vélo contre un arbre avant d’entrer dans le grand hangar. Une sculpture composite m’accueille, sa rose des vents semble me dire que je suis arrivé au bon endroit, me souhaitant bon vent. Je traverse le long couloir central, donnant accès à de nombreux ateliers, dont certains bien encombrés de bazar et innaccessibles, d’autres pouvant servir d’habitation. Le hangar est très haut de plafond et les mezzanines fleurissent. Alejandro travaille dans son espace, situé presque au fond, à gauche. Il m’accueille chaleureusement, et semble apprécier cette tranquille fin de matinée d’été.
Nous voilà donc dans la galaxie métallique d’Alejandro Berconsky, artiste-sculpteur venezuelien installé à Montpellier depuis de nombreuses années.
Nous voici dans le ventre de l’ogre…
« Toutes les matières l’interrogent : la terre, le plâtre, la résine en particulier. Il dessine beaucoup, se cherche, fait une incursion dans la peinture. Puis le collage lui apparaît comme une évidence, synthèse de sa recherche. Durant six ans, il développe un intense travail autour du corps. Il va chercher sa matière dans l’iconographie pornographique et, à partir de « morceaux choisis » de corps inconnus, il recrée une poétique ornementale faite de chairs qui prendra la forme d’installations éphémères modulables. En 2006, il revient à ses premières amours sculpturales et commence sans relâche le travail du fer soudé. Avec les mêmes questionnements … »
Lapartmanquante vous présente une sélection de ses oeuvres, une plongée dans la matière, séductrice, envoutante, lisse ou agresssive, dans une volonté de relier l’insignifiant, tout petit – des anneaux soudés, des billes de verre ou d’acier– à des constructions et des représentations mentales qui nous dépassent, comme l’érotisme, la floraison, la reproduction, la maternité. Mouvements centrifuges, centripètes, les yeux et le reste voyagent du micro au macrocosme.
Il faut suivre un peu le parcours d’Alejandro Berconsky pour constater combien ces thèmes sont récurrents, passant par différents modes d’expression et de support, notamment avec ses « Fleurs de Joie » qui avaient eu un certain retentissement il y a quelques années à Montpellier..
Bonne visite !
Florent Hugoniot