
Shen HongBiao – Mongolian (standing position) 2009 , détail – acier inoxidable – Don de l’artiste à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Quoi de plus joli qu’un p’tit cul ? Beaucoup de beaux culs…
Une succession de nus masculins s’offrant ce jour là à mon regard – mais peut-être avais-je les idées mal placées – je me suis dit dans ma caboche qu’il fallait que je les récolte pour les présenter habilement et sans voiler ma pensée. Pensées capiteuses dans la capitale…
J’ai surtout fait un parallèle saisissant entre deux sculptures, deux approches différentes du volume, deux morphologies, deux interprétations artistiques. Cette méditation, initiée par une déambulation dans le Jardin du Luxembourg, se poursuivit sur la colline Sainte Geneviève à Paris. La confrontation de deux sculptures en peu de temps, l’une de facture classique – un beau déhanché juché sur un piédestal – et l’autre, moderne, massive, enracinée dans le sol, imposante, était éloquente…
Jardin du Luxembourg
Je commence par flâner dans le jardin aux savantes perspectives et, cherchant des points de vue intéressants, je revois une paire de fesses taillées dans la pierre, souvent contemplées. La lumière était bonne, je prends quelques clichés du nu de dos, et continue vers une seconde oeuvre sur un parterre. C’est un comédien ou un poète, qui lit son texte, vêtu simplement d’une jupette de feuilles de vigne autour de la taille, une grosse grappe de raisin en évidence s’attardant sur son sexe, s’élance vers son texte, dans un élan des plus inspirés.
J’adore cet endroit du parc, avec son bassin superomantico ombragé : la fontaine Médicis. Je m’y alanguis un peu, pas trop surtout, deux clichés à côté de deux touristes américaines sur ressorts, et hop, je sors du parc.
Direction le Panthéon, cette journée magnifique me donne des ailes. Remontant la rue Soufflot, je tombe sur un mastodonte couleur caramel, campé sur le large trottoir, un Mongolien tombé du ciel, provoquant et les reins bien cambrés. Ou plutôt il me surplombe et je m’avance sous sa grappe, parfaitement ronde et symétrique, comme l’ensemble de la scupture d’ailleurs.
En contournant ce géant, je découvre une paire de fesses bien modelées, étincelantes sous le généreux soleil de midi. Cette comparaison, ce face à face, fesses à fesses, me semblait évident avec les poses antiques du Luxembourg.

Shen HongBiao – Mongolian (standing position) 2009, – acier inoxidable – Don de l’artiste à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Pourquoi c’est beau, un p’tit cul, un postérieur potelé, paumelé, pimenté, gonflé ou démesuré ?? Peut-être parce que cette partie de notre anatomie (le dos, la courbre des reins, la vague des fesses, l’ondulation des muscles des jambes) m’évoque le désert, tout comme le désert me fait parfois penser à une succession de nus allongés, étendus sur le ventre et s’offrant au soleil, se retournant de temps en temps pour changer de position.
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Shen HongBiao – Mongolian (standing position) 2009 – acier inoxidable – Don de l’artiste à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Que serait une ville sans le rappel de ces culs exposés, sans la promesse de l’aube, la nuit, le travestissement, le dévoilement, le dévoiement, sans ces nus fantasmés qui nous appellent et nous rappellent à notre propre incarnation. Un jardin de fesses, ça serait pas mal aussi, histoire de se remettre parfois les idées en place…
Magnifique ôde à l’amour libre, Love Scene, cette séquence de Michelangelo Antonioni dans Zabriskie Point, filmé comme une danse, une ronde, une symphonie de culs, de nalgas, de dos, de corps en mouvement, de glissements et de silences, de peaux poudrées par le sable, dans le désert sublimé de la Death Valley. Musique de Pink Floyd.
Florent Hugoniot ©Photos
Le blog d’Agnes Giard, Les quatre cents culs, une perle sur Libération