Durango, ou Victoria de Durango, capitale de l’État de Durango au Mexique, est une ville tranquille et provinciale, occupée par la préservation de son patrimoine historique. Elle possède des mines de métaux précieux encore en exploitation, et accueille, en tant que centre administratif, les représentations officielles. Il y a bien longtemps que les trains passagers ont été mis au rencart comme dans presque tout le Mexique, et la gare, muséïfiée, est occupée par une armée de fonctionnaires. Mais Durango offre au regard des visiteurs de jolies églises baroques et de beaux édifices coloniaux dans le centre historique en partie piéton.
Il faut aller faire un tour dans l’imposant et classique Palacio de Gobierno del Estado de Durango, ex Palacio de Zambrano, pour admirer les nombreuses fresques peintes par Manuel Guillermo de Lourdes entre 1934 et 1937, et celles de Francisco Montoya de la Cruz en 1950. Elles sont équivalentes en qualité et en dimension à celles de Diego Rivera au Palacio Nacional de la Ville de Mexico, et illustrent parfaitement ce concept de muralisme régional mexicain. En effet, elles relatent les événements historiques les plus importants de la Révolution mexicaine dans les États de 1910 à 1920 pour le premier, et l’avènement d’une société socialiste, basée sur la science et la technique, l’éducation et l’enseignement, la discipline et le progrès, dans les premières décennies du XXe siècle pour le second.
On peut aussi y voir une fresque moderniste peint par Guillermo Bravo tandis que celles plus récentes, réalisées en avril 1981, sont d’Ernesto Flores Esquivel. Mais les murales les plus intéressants sont incontestablement de la main des deux premiers artistes cités ci-dessus.
Je ferai ici la description et l’analyse dans le détail de l’oeuvre majeure de Manuel Guillermo de Lourdes.

“El Trabajo en la Hacienda Porfiriana » (Le Travail dans la Ferme Porfiriana) – Manuel Guillermo de Lourdes
Manuel Guillermo de Lourdes (1898-1971)
Le peintre et muraliste Manuel Guillermo de Lourdes est né en 1898 à Texcoco. Après avoir étudié à l’Academia de San Carlos, où il fut élève de Saturnino Herrán et de Francisco Goitia, il partit parfaire sa formation en Espagne dans les années 20, dans l’atelier las Vistillas du célèbre peintre basque Ignacio Zuloaga. Cet important centre artistique était fréquenté entre autres par le philosophe José Ortega y Gasset et le musicien Manuel de Falla. La science de la composition, l’idéal de beauté de Zuloaga eut une influence décisive sur la formation et l’oeuvre du jeune artiste. Pendant cette même époque, Diego Rivera recevait l’enseignement d’un obscur peintre espagnol du nom de Cicharro.
En 1932, Manuel Guillermo de Lourdes est invité par le gouverneur de l’État de Durango, pour peindre les fresques de l’École Supérieure Guadalupe Victoria, dans la capitale Durango. C’est la première réalisation appartenant au mouvement nationaliste du muralisme exécutée dans cet État du nord du Mexique, et pour laquelle il fut aidé pendant sa réalisation par un petit groupe de peintres locaux.
Analyse des trois séries de murales
En 1934, il reçoit la commande des remarquables panneaux figuratifs qui ornent aujourd’hui le Palais du Gouvernement de la Ville de Durango. Entre 1934 et 1937 Guillermo de Lourdes se consacre à la réalisation de ces fresques monumentales, dans ce qui était le Palacio de Zambrano, rebaptisé longtemps la Casa del Campesino. Elles se situent au rez-de-chaussée, entrée et patio, et dans la galerie du premier étage de ce bel édifice colonial. Le peintre Horacio Rentería fut temporairement son assistant, qui réalisa pour cette commande publique les armoiries des différentes municipalités.
Intitulées “Histoire du Processus Révolutionnaire”, “La Lutte des Factions” et “La Patrie Ouvre les Bras pour Reconnaître ses Enfants”, il s’agit de trois séries de panneaux, tous peints à l’huile. On peut les ranger dans la catégorie des murales, même si ici la technique n’est pas à proprement parler celle de la fresque (peinture aux pigments a fresco sur enduit frais) comme celle de Diego Rivera et des grands peintres de la Renaissance italienne, car ils furent réalisés sur des toiles préparées et ensuite directement collées sur les façades.
D’inspiration nationaliste et d’un style éclectique – classique et moderniste à la fois – ils frappent par leur construction, leur dimension épique et populaire, et le souci du détail.
Histoire du Processus Révolutionnaire
Le premier d’entre eux, “Historia del proceso Revolucionario” (Histoire du processus Révolutionnaire), rassemble plusieurs oeuvres. En entrant par la porte principale, les deux murs latéraux du vestibule surprennent avec deux premières fresques de grandes dimensions : “El Trabajo en la Hacienda Porfiriana” (Le Travail dans la Ferme Porfiriana) parle des conditions d’esclavage des ouvriers dans les fermes ou haciendas du début du XXe siècle, dans un système d’exploitation de l’homme très proche du système féodal. Il s’agit d’un panneau où le pinceau de Guillermo de Lourdes illustre la magnificence de l’école Espagnole de peinture, mettant à profit l’enseignement reçu par son maître Zuloaga. Parmi les visages se détache celui d’une petite fille qui fixe directement le spectateur , pendant que son père créole, mineur et à court de ressources, s’entretient avec le contremaître auquel il semble la livrer.
En face lui répond une autre scène tragique, “La Acordada” (La Décision) connue aussi comme “La Leva” (La Levée), dont le sujet est celui du recrutement violent d’ouvriers pour l’armée, au commencement de la Révolution. On y voit, peint sur la toile, la levée de deux paysans dont le plus jeune est ligoté, par deux militaires tandis que les femmes du village assistent impuissantes à l’enlèvement.
La Revolución Mexicana est constituée de faits sanglants, trahisons et revirements de parties devenues bandes rivales, autant d’épisodes pas forcément glorieux qui firent de cet événement historique mondial une véritable guerre civile dévoreuse d’hommes. Pour une histoire bien résumée, lire LA GUERRE CIVILE MEXICAINE.
Dans la cour principale de l’édifice, le processus historique de la Révolution mexicaine avec ses personnages les plus emblématiques, se développe sur trois parties, chronologiquement et d’une manière narrative. On peut remarquer, en levant les yeux sur le mur du couchant, sur un fond gris, esquissés au crayon, une ébauche de quatre personnages durangueños, précurseurs du mouvement armé de 1910. Dans la partie supérieure se distingue le portrait du jeune Doroteo Arámbula Arango, futur Pancho Villa.
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Immédiatement après se trouve une scène en couleurs, dans laquelle sont plantées les figures de Ricardo et d’Enrique Flores Magón , en train d’étudier un plan et prenant les armes à la tête d’un groupe de paysans. Les frères Flores Magón ont créé en 1906 le Parti Libéral, à un moment où, dans le pays, les premiers bourgeons de la révolution, prenaient la forme de violentes révoltes et de grèves. Ces mouvements à la fois populaires, anarchistes, nationalistes et socialistes naissaient du fait de la politique répressive de Porfirio Díaz (le “Porfiriat”) devenue insupportable.
Dans le panneau suivant, apparaît le révolutionnaire Aquiles Serdán, défendu par sa mère en partie postérieure, et près de son frère Maximino Serdán et de sa soeur Carmen Serdán. Aquiles, allié à Francisco I. Madero dans le Partido Antirreleccionista, a initié la levée armée dans la ville de Puebla (lire Puebla, cité des Anges et paradis de la céramique) et fut assassiné avec seize des dix-huit insurgés encerclés dans sa maison natale, dans une fusillade le 18 novembre 1910. Le général Miguel Cabrera, chef de la police de Peuple, apparaît au fond du panneau entre les constructions de la belle ville coloniale aux façades de style mauresque, couvertes de talaveras (carreaux de céramique peints et émaillés) de Puebla. Cet événement est considéré comme le début de la Révolution mexicaine, et est toujours aujourd’hui célébré comme journée de fête nationale.
Dans la partie basse du panneau, une belle représentation de Carmen Serdán qui tient entre les mains des sphères qu’elle dépose aux pieds du révolutionnaire (probablement une allusion au mythe des Pommes d’Or des Hespérides). Si nous observons dans le détail, il s’agit en réalité d’explosifs, bombes ou grenades, offertes par la femme à son frère révolutionnaire, comme un appel à la réaction face aux injustice du Porfiriat.
La figure obligée et récurrente de la muse, chère à l’artiste, fait ici sa première apparition, qu’on retrouvera dans d’autres compositions.
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La Lutte des Factions
On continue, dans la partie frontale de l’édifice, au fond, avec le panneau la « Lutte des Factions ». La composition s’ouvre sur un groupe de personnages de la région de la Laguna, qui ont appuyé le mouvement armé en 1910. C’est le soulèvement mené par José Agustín Castro, d’Orestes Pereyra, de Gregorio García et Benjamin Argumedo. De leur côté, Calixto Contreras et Severino Ceniceros sont à la tête des habitants révoltés de San Pedro de Ocuila auxquels les terres avaient été confisquées pendant des années, subissant ainsi les abus des grands propriétaires fonciers porfiristas. Cependant que, dans les montagnes de Durango, Domingo Arrieta et ses frères, accompagnés par des mineurs et des paysans remontés contre leurs exploitants, prenaient les armes et se rebellaient (voir photo de couverture plus haut).
Dans la scène suivante, dans la partie centrale du panneau entre l’arc et la grande porte, apparaît Pascual Orozco le visage défait et sombre sous son chapeau, tenant un fusil d’assaut. Natif de l’État de Chihuahua, Orozco fut l’un des premiers chefs maderistes. Il prit la ville de Juárez le 9 mai 1911, devenant ainsi l’un des acteurs clefs de la rédaction du “Tratados de Ciudad Juárez” (Traité de la Ville de Juárez), qui a obligé Porfirio Díaz à renoncer à la Présidence de la République. S’en suivirent des élections démocratiques qui virent le triomphe de Francisco Madero en novembre 1911. Plus tard, Pascual Orozco retirera son soutien à Madero et s’alliera à la sécession des Coloridos. Sur la composition, derrière le personnage principal, on peut noter, coiffé d’un chapeau gris et barbu, la figure de Luis Moya, qui prit la tête du mouvement de Súchil, et tomba mort dès les premiers combats.
Dans le panneau suivant sont représentés, dans la partie supérieure, Francisco Ignacio Madero et José Marie Pino Suárez, successivement président et vice-président du Mexique de 1911 à leurs assassinats en 1913, à côté de quelques sympathisants populaires qui portent des banderoles avec les légendes de “Sufragio Efectivo no Reelección” (Suffrage Effectif pas de réélection) et “Viva Madero” (Vive Madero). Il s’agit de la mise en scène de l’année 1913, pendant laquelle, après dix jours de combats sanglants le « Chacal » Victoriano Huerta et ses forces rebelles réussirent à exécuter Francisco I. Madero, son frère Guillermo et le vice-président Pino Suárez, usurpant le pouvoir avec l’alliance avec les États-Unis.
De part et d’autre de l’accès à l’escalier, deux allégories s’inscrivent sur un grand fond d’or, l’une avec la date de 1910, l’autre de 1913.
La première traite de la révolte armée initiée en 1910, une révolte dépourvue d’idéologie bien définie, pendant laquelle deux mille généraux se battirent pour le pouvoir dans la plus totale confusion, d’où la fameuse expression “armée mexicaine”.
En pendant, l’allégorie avec le chiffre 1913 dans laquelle des mineurs et des paysans munis de piques, de pelles et des fusils s’apprêtent à combattre l’usurpateur Victoriano Huerta pour défendre la Révolution. Dans la partie supérieure apparaît avec ses lunettes caractéristiques et un livre sous le bras Venustiano Carranza, « l’Homme de Cuatro Ciénegas » accompagné de ses principaux suiveurs, qui signera en mars 1913 le Plan de Guadalupe, retoquant Victoriano Huerta comme président du Mexique.
Pancho Villa et Emiliano Zapata se sont joints à Carranza pour battre Victoriano Huerta, expulsé du pays en 1914, et les principaux protagonistes du mouvement armé se réunirent en octobre à la Convention d’Aguascalientes, qui nomma comme président intérimaire du Mexique Eulalio Gutiérrez, lequel fut rejeté par le chef de l’Armée Constitutionnelle Venustiano Carranza, qui rejoint alors Obregón pour se battre contre Villa et Zapata.
La fresque suivante montre un Emiliano Zapata de dimensions imposantes entouré par des représentants de la population, dont une femme portant un enfant dans les bras, un homme et deux enfants fascinés par le personnage, dans une attitude dévote. Zapata, réputé homme de conviction, vrai héros de la révolution, a été tué suite à une trahison selon un plan de Venustiano Carranza en avril 1919.
Le dernier grand panneau de Guillermo de Lourdes occupe le mur nord de l’édifice. Il s’agit d’une scène de la reconstruction nationale entreprise sous le gouvernement d’Álvaro Obregón à partir de 1920. Dans le fond apparaissent une série d’artistes et d’intellectuels de cette époque, mélés à la population, dont le Ministre de l’Education José Vasconcelos, l’écrivain Martin Luís Guzmán et le muraliste Diego Rivera qui fut également un maître de Guillermo de Lourdes.
Finalement, sur le mur latéral à l’orient de l’édifice, deux panneaux ferment l’ensemble. D’un côté, la figure majestueuse de Francisco Villa à cheval qui se dresse, souriant et regardant le spectateur, tandis qu’il dirige son alezan d’une main ferme. Près de lui, un enfant à pied étend la main vers le ciel et ouvre la marche triomphale dans une atmosphère extraordinaire de voiles et de fumées,
En arrière plan, un champ de guerre avec quelques rebelles pendus à des poteaux de télégraphes ferment la composition et l’aventure révolutionnaire.
La dernière composition de cette longue phase narrative de Guillermo de Lourdes sur l’histoire de la Révolution Mexicaine finit avec un hommage des révolutionnaires régionaux, représentés par de vaillants Durangueños s’étant illustrés durant la révolte armée : Tomás Urbina, Pancho Villa, Domingo Arrieta et ses frères, Severino Ceniceros et Calixto Contreras.
Sur les murs latéraux de l’escalier principal, le peintre a réalisé deux petites fresques en miroir dans des espaces de forme trapézoïdale, qui sont les « Allégories de l’Industrie et du Commerce ». Elles parlent des besoins comme des réussites industrielles et champêtres durant la révolution. La première souligne l’importance de l’alliance entre l’ouvrier et le paysan pour rendre la terre fertile et productive, tous les travailleurs unis sous un étendard sur lequel on peut lire “A la conquista de la tierra” (À la conquête de la terre). Unité du prolétariat autour des causes communes du progrès matériel et spirituel de l’homme grâce au travail, et la conquête de la liberté par l’éducation.
La deuxième fresque présente l’image féminine éternelle de la muse antique ou renaissante, sous les traits d’une vendeuse de fruits avec sa corbeille posée en équilibre sur la tête.
Sur le perron de retournement de l’escalier d’honneur, Guillermo de Lourdes a signé deux oeuvres plus décoratives. De part et d’autre d’une niche qui abrite une sculpture en bronze de Benito Juárez, deux hommages en trompe l’oeil, dans un style néo-classique compassé, avec les effigies de Francisco Zarco et de Guadalupe Victoria. Apparaît à droite une muse, blanche et de type nord-européen cette fois-ci, à genoux et complètement dénudée.
Détail amusant dans une longue composition oblique le long de l’escalier, et qui n’est pas de Guillermo de Lourdes : une femme vêtue d’une crinoline blanche remballe, au milieu d’un soulèvement populaire, un drapeau français dans un coche, prenant la fuite. Il s’agit vraisemblablement d’une illustration de l’épisode de la bataille de Puebla, où les troupes impériales françaises furent finalement mises en déroute, après une tentative d’annexion du Mexique à la France par Napoléon III.
Ou alors est-ce l’impératrice Carlota au destin tragique ? Charlotte de Belgique était la fille de Léopold 1er Roi des Belges, épouse de Maximilien Ier, l’éphémère empereur du Mexique de 1864 à 1867, qui fut installé sur le trône du Mexique depuis son Autriche natale avec l’appui de Napoléon III et des conservateurs mexicains, et exécuté sur ordre de Juárez le 19 juin 1867. Il avait envoyé en 1966 sa femme en Europe demander de l’aide à la France et au Vatican pour le sauver, en vain. Elle finira folle à Bruxelles.
En tous les cas, cette fresque semble marquer la fin de la tentative de mainmise de la France impériale et coloniale du XIXe siècle sur le Mexique.
La Patrie Ouvre les Bras pour Reconnaître ses Enfants
Pour conclure, levant les yeux vers le premier fronton du premier étage au nord, on trouve la culmination de toute la série murale peinte par Guillermo de Lourdes dans le Palais du Gouvernement de Durango. Il s’agit de l’allégorie “La Patria con los brazos abiertos cobijando al pueblo” (La Patrie avec les bras ouverts couvrant le peuple), oeuvre vraiment unique par son échelle, sa composition et son insertion entre les trois arcs centraux.
Elle prend la forme d’une figure maternelle au beau visage de métisse, qui étend ses bras munis de torches, symboles de la conscience allumée dans chaque main, protégeant, ses enfants. Une mère-patrie consciente et bienveillante, attentive à l’accomplissement de la Loi, elle-même représentée dans une extrémité par un ouvrier qui lit sur un grand papier les garanties de l’Article 123 de la Constitution mexicaine, et dans l’autre extrémité par une famille couverte par les garanties de la Loi Agraire, qui redistribua les riches terres des haciendas aux paysans.
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Vestiges révolutionnaires et Mexique contemporain
Je terminerai ce long descriptif de l’oeuvre majeure de Guillermo de Lourdes en ajoutant qu’il est surprenant de constater comment, en 2015, ces magnifiques témoignages de la Révolution mexicaine, toujours présents dans des dizaines de Palacios, devenus mairies, édifices publics républicains, semblent lointains. Ces murales de la première moitié du XXe siècle, conservés, étudiés et admirés, véhiculent le souvenir et l’image d’une époque qui n’existe plus que dans une Histoire pourtant récente. Époque glorieuse et mythifiée, gravée dans le marbre et devenue le pilier principal – avec l’Église et la religion catholiques bien sûr – de la nation et de l’identité mexicaine.
Elle sert aujourd’hui de caution, de projection collective unificatrice et rassurante à un grand pays en mal d’identité, ayant complètement abandonné ses fondamentaux socialistes pour se jeter dans les bras du néolibéralisme décomplexé.
Ce sont donc les derniers vestiges d’une épopée historique sanctifiée, tandis que d’autres, tels le réseau ferroviaire national – accélérateur de la Révolution et abandonné dans les années 70 pour favoriser le développement des compagnies privées de bus qui sillonnent maintenant le territoire – ont été complètement sacrifiés sur l’autel du capitalisme, de la mondialisation et du libre-échange avec le grand voisin Yankee : les USA, ce repoussoir et modèle adoré depuis deux siècles, icône de la modernité et miroir aux alouettes.
Les grandes mobilisations sur les projets de privatisation de secteurs entiers de l’économie, nationalisés à l’occasion de la Révolution, se font attendre : l’actuel gouvernement de Peña Nieto, déjà corrompu et compromis dans le massacre et la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa, entame des grandes manœuvres de privatisation des énergies, dont principalement le pétrole du Golfe du Mexique, et de l’eau.
Sur ces sujet cruciaux, de nombreux jeunes Mexicain(e)s préfèrent ignorer la politique de leur pays en se consacrant à la production de selfies sur Facebook, à leur vie personnelle, à leurs études, et aux plaisirs de la vie entre amis et sorties. Sûrs du fait que leur pays sera toujours sauvé de la misère ou de la guerre grâce aux traités de coopération étroite avec les USA, ils ne voient plus les dangers se multiplier et restent muets en majorité face à la glissade autoritaire voire criminelle de leurs représentants politiques. Convaincus que la prospérité se trouvera toujours au coin de la rue, alors que le pillage des ressources naturelles continue, avec les principales mines passées aux mains des Canadiens, des Japonais. Et bientôt le pétrole, l’électricité aux Étasuniens et l’eau aux Australiens…
Pour encore combien de temps les Mexicains et Mexicaines vont-ils s’abstenir d’écrire eux-même leur propre histoire ??
Florent Hugoniot ©Photo et texte
- La Patria con los brazos abiertos cobijando al pueblo
- Allégories de l’Industrie et du Commerce
- Emiliano Zapata
- Zapata (détail)
- El Trabajo en la Hacienda Porfiriana
- El Trabajo en la Hacienda Porfiriana (détail)
- El Trabajo en la Hacienda Porfiriana (détail)
- El Trabajo en la Hacienda Porfiriana (détail)
- El Trabajo en la Hacienda Porfiriana (détail)
- Hommage à Francisco Zarco
- Bataille de Puebla
SOURCES :
Manuel Guillermo de Lourdes Primer Muralista de Durango por Alberto Espinosa
http://unicorniodelana.blogspot.mx/2013/02/manuel-guillermo-de-lourdes-primer.html