Oaxaca street art, été 2023

Fresque murale, impression couleur numérique, papier collé – Lapiztola / Said Dokins – Oaxaca 2023

Pour ce nouveau tour d’horizon arte urbano, probablement le dernier pour cause de départ définitif de Oaxaca de Juárez, voici une large palette de formes et de thèmes.

On peut constater de nouveaux styles, moins « street art » et plus Beaux-Arts, comme ci-dessous avec ces œuvres de G. S. Barahona réalisées à la peinture acrylique et au pastel gras, laquées directement sur le mur. Ce sont des natures mortes et des paysages de sies arquéologiques qui mettent en valeur la production artisanale, les motifs traditionnels et la culture locale. C’est aussi une autre manière d’exposer dans la rue, plus perso, avec le nom de l’artiste mais aussi le titre et un contact virtuel indiqué dans un cartel, apposé comme une dans une galerie en bas à droite de l’œuvre. Il y a de plus en plus de trouvailles pour commercialiser l’art à Oaxaca, et les options ne manquent pas, même elles s’élargissent (ou se rétrécissent, c’est selon les points de vues) dans la dynamique du développement touristique et immobilier de la ville : commande de décoration murale dans des restaurants, dans des espaces pour événementiels, chez des particuliers, vente de reproductions – lithographies, sérigraphies ou gravures sous cadre – et dérivés commerciaux dans les magasins arty et bobos du centre-ville.

Obra del Maestro George S. Barahona – Técnica : lápiz de cera y acrílico

Beaucoup de vieilles maisons cataloguées, laissées longtemps à l’abandon faute de moyens ou de volonté, sont rénovées ; et les chantiers ne trainent pas, les investisseurs souhaitant un retour rapide sur opération, d’autant plus que le prix du terrain et du bâti ont monté en flèche depuis 2021. Bientôt plus aucune place ne sera à prendre dans le périmètre colonial et postcolonial de Oaxaca, classé Patrimoine de l’Humanité. Ce phénomène qui n’est pas unique en Occident est développé dans Chronique d’une gentrification  – Oaxaca street art mars 2023. Mais il serait plus approprié de parler de dysnéification dans le cas oaxaqueño et plus généralement mexicain, une tendance fortement favorisée par les autorités locales, tel le gouverneur de l’État, les investisseurs privés et les administrations de la culture et du tourisme.

Toujours beaucoup de créativité et de sujets parmi les œuvres sélectionnées ici. Certaines n’ont aucune profondeur ni message à porter, sinon la résistance pour une libre expression dans la rue, mais aussi la promotion de l’artiste ou du collectif. On note que de plus en plus de fresques ont des thèmes consensuels qui ne bousculerons ni le bourgeois capitaliste, ni le touriste en demande de spectaculaire, deux acteurs (souvent les mêmes) de la globalisation culturelle et de la standardisation politico-sociale en cours à Oaxaca, avec un fort tropisme nord-américain. Cela se manifeste par une critique sociale euphémisée ou inexistante, un hygiénisme de la pensée allant jusqu’à l’occultation de thèmes et images jugées dérangeantes. Un phénomène qui ne vient pas seulement d’une pression extérieure, mais aussi d’une forme d’autocensure de l’artiste afin d’arriver plus facilement à la reconnaissance et à la célébrité via Tik-Tok, Instagram ou Facebook.

Des collectifs rebelles tels que Subterraneos occupent toujours la place (lire Subterraneos ou la ville-palimpseste). Mais ils sont manifestement l’exception qui confirme la règle. Subterraneos qui est composé d’une trentaine d’artistes associés, est désormais toléré par les autorités locales. Mais ce jeune collectif chapeauté par une sommité de la gravure à Oaxaca, Mario Gúzman, a tracé son sillon seul, sans vraiment développer des échanges  et coopérations avec d’autres formes artistiques ou d’autres ateliers de la région.

Obra de subterraneos, detaille

Lapiztola, autre collectif formé par un couple de communicants visuels que lapartmanquante avait présenté en 2012 dans Un front artistique à Oaxaca, existe toujours. Il s’affiche en ce moment avec la grande fresque rouge mise en Une. Mais la technique a changé, ce n’est plus du pochoir monumental finement ouvragé â la main, comme de la dentelle de bristol, mais des œuvres réalisées numériquement et imprimées sur support papier avec une imprimante couleur très grand format.

La grande formule en vogue ici est de valorar (valoriser, donner de la valeur, mettre en lumière, en avant) tout ce qui est possible de faire, à commencer par soi-même, dans un processus de starification-réduction des identités et des existences humaines, allant à la caricature de soi pour les artistes à la folklorisation pour les populations natives représentées tels que les paysans et les artisans.

Malgré tout, on peut encore voir dans les rues de la ville un hommage de Toledo, principal acteur de la belle époque culturelle à Oaxaca, et dont les efforts ont fini complètement instrumentalisés par l’indusrie touriristico-immobilière. C’est une période définitivement révolue depuis son décès en 2020, juste avant la coronafolie à Oaxaca et les décisions souterraines de privatiser complètement la zone coloniale (il aura au moins échappé à cela).

Des Zapatas en veux-tu-en-voilà en pochoir ou en gravure – une caution révolutionnaire mexicaine, un vestige prestigieux, une icône moustachue aussi emblématique ici que Mona Lisa, La Joconde ou Marylin Monroe – ou encore une nouvelle fresque peinte de Viyegax (voir son travail éloquent sur la période Covid19, ici et ). Que représente ce rhinocéros blanc au sol que semble vouloir réanimer un homme nu, un chaman ? Et les joyeuses silhouettes noires qui se baladent sur l’animal ? Je vous laisse faire votre propre interprétation…

Viyegax, marzo 2023

Voici dans la galerie ci-dessous ma sélection. Et merci à tous les artistes cités ou non dans cet article, qui font toujours vibrer Oaxaca entre ses murs !!

Florent Hugoniot

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2 Responses to Oaxaca street art, été 2023

  1. El suicidio del Maco o Disney en Oaxaca [y la herencia destruida de Toledo]

    « Todo lo compuesto ha de perecer, todo lo que surge debe cesar. Pero hay finales indebidos, precipitados por la compulsión auto destructiva de quienes son responsables de ellos. Así el del Museo de Arte Contemporáneo de Oaxaca, suicidado por el inflexible empecinamiento de Rubén Leyva, último presidente de Amigos del Maco, A.C. desde hace una década hasta hoy. (…)

    La inaudita secretaria de Turismo de la 4T oaxaqueña, Saymi Pineda Velasco, una ignorante mujer que conjuga mal los verbos e ignora los adverbios, habla de “visitaciones” en lugar de visitantes, utiliza metáforas que aluden a “la arena que corre por las venas” de los antepasados ilustres, saluda a las seis regiones de Oaxaca cuando son siete y aparece en actos públicos vestida como la Mujer Maravilla, sobrenombre con el que se hace llamar, ex presidenta municipal de Pochutla señalada por sus vínculos con el crimen organizado (“narco-política”, la bautizó la prensa), convocó a un curso a hoteleros y prestadores de servicios para ofrecer al turismo un “Servicio de Calidad Estilo Disney”. Tal cual.

    Es descorazonador que el mal fario de Oaxaca, mal gobernada cada sexenio por una clase política siempre peor que la anterior, depredada por élites económicas y poderes fácticos cada vez más ignorantes y delincuenciales, alcance hoy estos ominosos extremos.

    Años después de aquel jueves fundacional, sentados los dos un mediodía a una mesa en los portales del Zócalo, Toledo observó con melancolía y tristeza a las turbas turísticas que por ahí pululaban. “Nunca te esperaste esto, ¿verdad?”, le dije. Sus expresivos ojos brillaron humedecidos. Bajó la vista sin decir nada. »

    El suicidio del Maco o Disney en Oaxaca

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