
Dans Mes maisons, j’ai évoqué la plupart de mes lieux de vie, afin de relier par le fil de la narration une existence en méandres sur plus de cinquante ans, ponctuée de nombreuses habitations entre l’Afrique, la France et le Mexique, puis à nouveau la France. Et encore, je n’y ai pas abordé les trois ou quatre premières maisons dans lesquelles j‘ai habité avec ma mère, mon père puis mon frère à Nouakchott pendant une douzaine d’années, avec parfois l’aide d’une nounou, parfois d’une fatou (femme de ménage, cuisinière) ou d’un boy (aide à domicile, cuisinier et gardien) d’origine mauritanienne ou guinéenne. Une époque heureuse et riche en découvertes, trouvant sa dynamique dans l’oscillation entre deux cultures, celle de mes origines et celle des populations installées au sud du Sahara occidental.
Dans La maison, toit du moi et du nous, suivi de La maison flottante et la ville fluide, je présente le « virus du wétiko », ainsi que l’a formulé Jack D. Forbes universitaire, écrivain, enseignant et activiste politique, né en 1934 de parents natifs en Californie, et mort en 2011 dans ce même État. Spécialisé dans les questions amérindiennes, il est surtout connu pour son rôle dans la création de l’un des premiers programmes d’études amérindiennes. J’y parle également de l’appauvrissement des relations sociales en France et de la standardisation des modes de vie comme des lieux d’habitation. Un parallèle vient naturellement entre le wétiko, qui enferme les gens dans des calculs égoïstes et les rend prisonniers de perversités psychiques, capables de multiples cruautés envers les autres, et la toue récente pseudo-pandémie Covid associée à la pensée covidiste, qui ont tant déstabilisé les populations de l’Europe, les Français en particulier.
Ici, je vais m’intéresser à l’articulation entre famille et maison, ces deux piliers concrets et essentiels qui ne tiennent pas pour la plupart des personnes sans un troisième qui est le travail. J’entends famille au sens de liens sanguins, mais aussi le couple sous différentes formes avec possibilité d’avoir une descendance, et constitution plus ou moins conscient de « sa » famille de choix. Sans aller revisiter mes souvenirs d’enfance pour m’appuyer encore sur mon vécu, je traiterai la déstructuration de la société française du fait de la dissoution des solidarités au sein de la famille aujourd’hui, et du fait de la réduction de son aspect symbolique. Mais aussi de sujets actuels qui suscitent rejet et méfiance, précipitatant un Nous, un Tout en une série de couches impérméables : l’appauvrissement et de la difficulté à trouver un logement décent ; les nouvelles stratégies de survie pour continuer à exister dans un environnement compétitif : le néolibéralisme / ultra-capitalisme / individualisme de plus en plus hostile aux personnes qui n’ont pas les armes ni la vocation à étendre le mode de vie dominant promu avec force depuis une quarantaine d’années ; le monde envisagé uniquement en termes compétitifs, survivalistes, marchands ou guerriers.
Voici un constat douloureux mais sincère d’un monde glissant vers une instabilité et une incommodité permanente.
Je terminerai donc cette série de trois articles avec une mise en relief de certaines anormalités postmodernes, et du nécessaire retour au droit naturel comme à la reconstruction de notre psychisme et de notre environnement, afin de (re)trouver une forme d’harmonie intérieure comme extérieure.
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La famille nucléaire, dernière forteresse de la normalité
La maison, c’est principalement le lieu où s’installe et se développe une famille. L’embryon de la famille-maison, renvoit à l’image de la mère, qui se fond dans l’archétype de la matrice puis du foyer, autour de laquelle s’articulent le rôle du père et les enfants. Traditionnellement, l’intérieur, l’organisation domestique (ou la gestion de la domesticité) et l’éducation des enfants en bas âges, l’extension vitale du champ et du jardin potager, sont du domaine maternel. Tandis que l’extérieur, la chasse ou la quête des ressources indispensables pour faire vivre une famille, le monde politique, social et économique et la formation des adolescents revient au père. C’est historiquement une structure bicéphale et un contrat marital de base, vérifiable dans pratiquement toutes les sociétés et cultures humaines ; avec quelques exceptions – des variations plus périphériques que centrales – qu’on appelle sociétés à structure matriarcale. Les amazones ont beaucoup suscité de phantasmes et d’interprétations, mais ce sont des organisations avant tout guerrières, comme en Grèce ou en Afrique, travaillant à leur autonomie ou au service d’un royaume – en Afrique, celui-ci se constituait autour d’un roi très souvent polygame.
La famille nucléaire correspond à une famille regroupant deux adultes mariés ou non avec ou sans enfant. Cette structure familiale se distingue de la famille élargie et de la famille polygame.
Alors que la tribu, la famille large constituait le premier cercle humain en Europe, l’importance donnée à la famille nucléaire s’est progressivement imposée avec l’arrivée du capitalisme et ne se dément pas dans la phase ultralibérale actuelle. Au Mexique par exemple, les liens familiaux au sens large sont toujours des facteurs de cohésion sociale essentiels, leur désintégration est en cours mais n’est pas encore aussi flagrante que dans la plupart des autres pays Occidentaux. Ailleurs dans le monde, surtout dans les hautes strates économiques et socioculturelles plus sensibles aux modes de vie bourgeois définitivement adoptés au XIXe siècle en Europe, le resserrement autour de la famille mononucléaire est de mise, ce qui vient cacher la totalité de l’arbre généalogique.
La vie en compagnonnage puis le PACS (Pacte civil de solidarité ou Union civile, 1999) et finalement le mariage pour tous (mariage homosexuel, 2013) sont venus bousculer le schéma ancien du mariage. Mais à défaut de créer un autre type de contrat de vie entre deux adultes consentants, selon une morale, un positionnement social et une philosophie différentes, les couples gay et lesbiens ont tendance à calquer les attitudes et les valeurs des couples hétéro-normés, probablement afin de jouir du même statut social et symbolique. Était-ce vraiment le but recherché ? Les couples issus de la mouvance LGBT se sont ils plus ou moins inconsciemment soumis aux pratiques et usages de la doxa ultralibérale qui donne la primauté au contenant sur le contenu, où un fort pouvoir d’achat est un signe essentiel de réussite ?
La famille au sens d’alliances stratégiques, administratives et économiques, repose sur le socle du mariage traditionnel. Un symbole fort repris par les formes plus libérales de mariage homosexuel, ce qui inclu l’insémination artificielle pour que des couples gay ou lesbiens puissent aussi bénéficier du statut valorisant de parent. Pourtant, si le but est vraiment le bien être de l’enfant, son développement harmonieux, pourquoi ne pas faciliter et mieux encadrer l’adoption d’enfants abandonnés, deux fois orphelins ou réfugiés dans les pays dits développés ? Peut-être parce que l’enfant continue à y être considéré comme un prolongement et un accomplissement, un bien et un produit – soit une autre forme de capital symbolique – et que les liens familiaux restent avant tout génétiques mais aussi motivés par des mouvements inconscients d’appartenance, d’obligation, de satisfaction et de compensation. C’est malheureux à constater, mais l’enfant demeure un être sur lequel ses parents désirent appliquer dogmes et croyances, qu’elles soient personnelles ou collectives. Une projection égotique à travers laquelle ils/elles souhaitent réaliser leurs rêves, grâce auquel ils/elles comblent leurs manques actuels et soignent leurs souffrances passées.
Pour autant, la très grande majorité des humains présents aujourd’hui sur terre est née de deux parents, l’un de sexe féminin, l’autre de sexe masculin – la femelle et le mâle pour le règne animal mais aussi végétal. Pour ceux et celles qui ont grandi avec une mère et un père ou avec un seul parent, nous avons tous des souvenirs d’enfance en leur compagnie sinon avec chacun d’entre eux, associés à des lieux. Des images se situant dans des espace-temps qui ne sont plus d’actualité, mais dans lesquelles invariablement notre psyché va retrouver des événements, des émotions, comme une pièce de théâtre qui se rejoue avec des personnages dans un décor qui s’efface ou s’affine, se modèle et se redéfinit selon les dispositions de notre mental du moment. Inévitablement, nos souvenirs nous ramènent à des foyers, des logements partagés avec des membres de notre famille nucléaire. Raison pour laquelle les maisons d’enfance, les lieux d’habitation familiaux sont des piliers de notre construction intime, mais aussi de l’être adulte que nous sommes devenus. Parfois objets de pèlerinages, ils génèrent des effets « Madeleine de Proust » lorsque nous avons encore la possibilité de les revoir ou de les habiter à nouveau.

Les châteaux et hôtels particuliers des lignées féodales puis aristocratiques, les grands vignobles ou même les affaires commerciales de grandes familles bourgeoises sont parfois appelées Maison Machin Chose. Jusqu’à ce que la mobilité soit un facteur essentiel de la vie moderne, il était très fréquent que, sur des générations, les familles issus du même arbre généalogique comme les familles par alliance habitent le même lieu, vivent dans le même village et villes voisines, avec des déplacements occasionnels. Ainsi ils se référaient tous à une même identité régionale voire nationale.
« La famille connaîtrait-elle un lent processus historique de désagrégation ? Le discours sur la crise de la famille est récurrent depuis le XIXe siècle. Régulièrement, on déplore sa décomposition et certains annoncent même sa disparition. Ces considérations ne vont pas sans accuser la « déshumanisation de la société », qui ferait disparaître les liens affectifs et les relations de parenté. Familles réduites puis éclatées, décomposées, recomposées, seraient le lot d’une déliquescence sociale où se perdent les valeurs essentielles… La modernité, incarnée dans la société industrielle, aurait bouleversé les anciennes structures de la famille et son fonctionnement. » Martine Fournier
Jusqu’à maintenant, dans la sphère occidentale, la famille nucléaire reste le lieu-refuge et une valeur sacrée, comme un ilot de confiance et de sécurité dans la vague qui s’étend et tente de nous submerger complètement, et que je nommerai « post-normalité ». Elle reste célébrée dans le cinéma made in Hollywood, dans la publicité… Mais combien de temps va-t-elle tenir face aux assauts du monde virtuel et du transhumanisme ?
Je renvoie aux travaux d’Emmanuel Todd sur les différents types de structures familiales et leurs conséquences sociopolitiques :
Famille nucléaire égalitaire, famille « souche », systèmes paysans : dans cet entretien, Emmanuel Todd décrypte l’évolution des systèmes familiaux en France et l’influence de la famille sur l’histoire politique.
Propos recueillis par Ismaël El Bou-Cottereau, Maïna Marjany et Driss Rejichi
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La fin de la maison et d’une vie enracinée ?
« Les architectures utopiques qui se développent à partir du XVIIIe siècle prônent-elles, au nom de l’idéal démocratique, l’uniformité des demeures, le plus souvent collectives. Le village idéal de Célesteville, sous l’autorité éclairée du roi Babar, aligne ses maisons toutes identiques dans une référence presque explicite aux théories du Bauhaus. Mais ce dernier mouvement a surtout débouché sur les architectures collectives. Dans les cités radieuses de Le Corbusier (« la maison est une machine à habiter » disait-il), une grande partie des activités sont gérées dans des espaces collectifs, cependant que les cloisons intérieures des appartements tendent à s’effacer et que les couloirs disparaissent. La Reconstruction d’après-guerre et l’industrialisation forcée des techniques de construction transformeront cette vision en caricature, aboutissant à la privation d’identité de ceux qui habitent les plus pauvres et les plus monotones de ces grands immeubles collectifs répétitifs. Avec la raréfaction de l’espace la ville devient le mode de vie obligé de l’ensemble des humains. Tandis que cette ville ne cesse en s’étendant de s’élever en hauteur et de se creuser en sous-sol, la maison, transformée en « appartement » (en « partie »), simple unité d’habitation numérotée, n’a plus de visible que ses ouvertures, porte sur le palier et fenêtres extérieures, que rien ne distingue des autres, tandis qu’elle partage ses murs, son plancher et son plafond avec ceux qui l’entourent. Les maisons rurales, celles qui ressemblent à des maisons, sont des maisons héritées du passé mais détournées, ou bien des copies bon marché de ces maisons-là; elles servent aux loisirs, maisons « secondaires », comme si l’intériorité visible de l’extérieur était devenue un luxe, ou un second degré.
Ces dix mille ans d’histoire de la maison ont-ils un sens ? Qu’abrite vraiment l’enveloppe matérielle de la maison, alors que l’extérieur protège parfois plus que l’intérieur et que des frontières invisibles traversent la maison mais aussi ses alentours ? Pourquoi fallait-il s’immobiliser dans des maisons pour finir empilé dans des non-maisons ? La maison n’est-elle pas ce lieu où l’on n’est jamais seul ? »
Jean-Paul Demoule
« La cosmogonie, écrit Mircea Eliade, est le modèle exemplaire de toute espèce de faire : non seulement parce que le Cosmos est l’archétype idéal à la fois de toute situation créatrice et de toute création – mais aussi parce que le Cosmos est une œuvre divine ; il est donc sanctifié dans sa structure même. Par extension, tout ce qui est parfait, plein, harmonieux, fertile, en un mot : tout ce qui est « cosmisé », tout ce qui ressemble à un Cosmos, est sacré. Faire bien quelque chose, œuvrer, construire, créer, structurer, donner forme, informer, former, tout ceci revient à dire qu’on amène quelque chose à l’existence, qu’on lui donne vie, et, en dernière instance, qu’on le fait ressembler â l’organisme harmonieux par excellence, le cosmos. Or, le cosmos, pour le répéter, est l’œuvre exemplaire des dieux, c’est leur chef-d’œuvre.
C.G. Jung observe, d’autre part, que toute cosmogonie implique une certaine notion de sacrifice : donner forme à une matière, c’est participer à l’énergie primordiale pour la modifier. Ce qui ne va pas sans lutte : les cosmogonies s’accompagnent toujours de théomachies (combats de dieux), de gigantomachies, de bouleversements gigantesques, où dieux et héros se démembrent, s’assomment et s’entre-tuent soulèvent des chaînes de montagnes et roulent les océans entre les abîmes. L’ordre et la vie ne naissent que du chaos et de la mort : ces contraires sont des couples jumeaux, ou les deux faces, diurne et nocturne, de l’être contingent. Tout progrès s’appuie sur une destruction. Changer, c’est à la fois naître et mourir. C’est un autre aspect des cosmogonies, cette loi générale que le sacrifice régénère. Sous une forme souvent cruelle, barbare et monstrueuse, elles illustrent et symbolisent cette loi énergétique. »
J. Chevalier – A. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont

La crise structurelle du logement
Les mal-logés ou pas-logés-du-tout grossissent les statistiques depuis des années, sans qu’une politique publique s’empare efficacement de ce problème existentiel pour beaucoup. Beaucoup d’encore-logés souffrent en silence, se résignent à une situation uste un peu moins désespérante. Car il est évident que quand de plus en plus de foyers sont obligés de réserver presque 40%, voire 50 % de leur revenu global pour régler leur loyer, ou au budget pour leur logement, même avec un projet immobilier à plus long terme (par exemple pour devenir propriétaire ou rénover son habitat) c’est qu’il y a un problème qui va au-delà de la conjoncture. Celle-ci est mauvaise du fait de la hausse de la taxation sous toutes ses formes, des restrictions des dépenses sociales et de la crispation des échanges dans l’économie globalisée. On peut mettre dans cette courte liste les efforts de guerre pour soutenir l’Ukraine, un des fronts les plus sanglants dans la lutte à mort que se livrent ouvertement depuis plus de deux ans les deux géants que sont les forces de l’OTAN d’un côté et la Russie soutenue par la Chine et l’Iran de l’autre. Une réalité voilée par les médias-menteurs à une population crédule et inquiète.
Au final, les sacrifices exigés dans le bas de la pyramide pour vivre décemment ou même survivre deviennent excessifs. Dans cette catégorie, c’est pire pour les personnes vivant seules, et c’est encore plus dur pour celles ayant à charge un ou plusieurs enfants. Commencer par revaloriser les salaires de base et entraver la fuite en avant vers davantage d’inégalités – qui crée une fracture exponentielle entre plus et moins aisés – serait une sage décision. Exiger une juste contribution à l’intérêt général selon les richesses accumulées serait un premier pas volontaire. La taxation des dividendes indécents issus du casino boursier virtuel est une évidence. Mais une partie de la société française a pris le parti de la logique ultralibérale, adoptée en France au milieu des années 80 et jamais réellement contrariée. L’exploitation des personnes réellement productives et créatives, la vampirisation des énergies vives dans la société française a pris une tournure totalement indécente. Le plus grave, c’est que cette situation est devenue tellement commune que cela ne choque plus. Les nouvelles formes d’esclavage sont passées dans la normalité.
« Le premier constat dressé par Manda est sans appel: en quatre ans la part du loyer dans le budget des ménages Français n’a fait qu’augmenter, passant de 32,5% en 2018, à 33% en 2019, puis 34,5% en 2020 et 34,8% en 2021. Étude menée sur 4.000 locataires » Manda
De plus, La parole performative, la mise à distance des réalités du monde, la dérision et le cynisme sont des instruments d’un « savoir-être » qui génère et amplifie l’égotisme et donc l’insensibilité aux autres, selon les modalités désormais intégrées du confinement physique, intellectuel et moral. La sécession économique est documentée, analysée et décriée de longue date, dans ce phénomène d’accaparement des richesses par une infime partie de la population vivant sur cette Terre. La globalisation financière reste toujours de vigueur. Seulement son épuisement dans un conflit de type troisième guerre mondiale ou une catastrophe systémique plus ample que la crise bancaire de 2008 semblent pouvoir y mettre un terme à l’avenir. Nous sommes revenus à un état comparable à la veille de la Grande Guerre de 14-18 du fait de l’énorme inégalité des revenus, sur la voie de vivre les mêmes effets et de rencontrer les mêmes conséquences.
Le 31 janvier 2024, La Fondation Abbé Pierre s’alarme : « L’année 2023 restera celle d’une aggravation alarmante de la crise du logement. »
2023, année noire pour les mal-logés

« L’année 2023 restera celle d’une aggravation alarmante de la crise du logement. Cette crise annoncée s’impose par son ampleur et la gravité de ses conséquences économiques et sociales qui plongent les plus vulnérables dans une situation encore plus difficile qu’il y a un an.
Faute d’une réponse gouvernementale suffisante, des milliers de personnes ne disposent toujours pas d’un hébergement. Parmi les victimes de la crise figurent également, les plus modestes, de plus en plus de femmes et d’enfants, des étudiants qui renoncent à leurs études faute de logement, des demandeurs de logement social en concurrence pour accéder à un logement locatif quand la demande est quatre à cinq fois supérieure à l’offre disponible annuellement et des ménages confrontés au rétrécissement de l’offre locative privée compte tenu de l’emprise croissante des meublés touristiques. La crise touche également cinq millions de propriétaires et locataires qui habitent des passoires thermiques, lesquels deviennent en été de véritables « bouilloires », des salariés qui éprouvent des difficultés pour poursuivre leur trajectoire professionnelle comme des entreprises bloquées dans leur recrutement faute de logement… Les dysfonctionnements s’accumulent sans que le pouvoir politique ne s’en saisisse vraiment. »
« Il y a certainement plus de 100 000 personnes qui vivent au camping », pour le sociologue Gaspard Lion. Dans Vivre au camping, un mal-logement des classes populaires, fruit d’une enquête de terrain qui a duré dix ans, le sociologue Gaspard Lion analyse de l’intérieur le phénomène du “camping résidentiel” qui s’étend en France, dans un contexte de crise économique et sociale. » Zoé Picard
Depuis mon retour en France, les signes de la désorganisation et de la dilution sociale comme familiale s’additionnent. C’est un constat que je n’avais pas l’heure de faire au Mexique, où le pays se prend progressivement en main, manœuvre avec finesse une plus grande souveraineté vis à vis des USA, demeure confiant en l’avenir et stable sur ses fondations, malgré la corruption et la narco-économie endémiques. Certes l’individualisme, l’inflation et le chacun pour soi y existent aussi comme un peu partout désormais, mais ces aspects sont largement compensés par une tonicité manifeste et une réelle importance accordée aux relations humaines en général. L’état d’esprit qui y est plus léger et fluide me protégeait des lourdeurs et de la tragédie européenne. Je savais que mon retour aux sources serait une épreuve. Cela a effectivement mal commencé à Marseille, malgré mon vif désir de revivre au rythme de mon pays natal.

L’amour sous toutes ses formes comme l’entraide restent des liants fondamentaux pour la communauté, alors que le désamour, les stratégies du mensonge, l’arnaque institutionnalisée et la perte de repères mènent à la désagrégation. L’équilibre est un effort permanent entre des forces contraires et des réalités contraignantes ; l’harmonie une neutralisation des passions morbides grâce à la mobilisation de nos énergie vitales et l’ouverture au monde. L’évolution humaine requiert un saut qualificatif pour s’affranchir des entraves de l’inconscient, qu’il soit individuel ou collectif, sans toutefois se départir de l’humour, de la fantaisie et de l’audace ! Possiblement lorsque les Français s’aimeront un peu plus et un peu mieux, l’ordre naturel des choses se remettra en place, sous des formes contemporaines mais aussi selon nos valeurs traditionnelles. Car notre style de vie jovial tant envié à travers le monde entier est actuellement en ballotage et en souffrance.
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Florent Hugoniot, Montpellier, mai 2024
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SOURCES
https://fr.wikipedia.org/wiki/Amazones
https://www.scienceshumaines.com/histoires-des-familles_fr_10451.html





Dans un premier temps la jeunesse bourgeoise se différencie de ses parents, croit se rebelle et s’estime avant-gardiste. Puis elle vient grossir es troupes de challengers du genre Macron qui portent « un projet innovant », affirment vouloir faire mieux mais ne savent construire que des mondes volatiles (start-up nation) sur de la parole performative. Des exemples de ces jeunes cadres dynamiques pas toujours de première fraicheur, il en a à la pelle parmi les journalistes, universitaires, chercheurs, fonctions politiques. Elle devient exclusive, fonctionne en huis-clos et monopolise les tribunes pour faire passer ses messages (ou ceux qu’elle a goulûment absorbé, pratiquant elle-même l’adaptation aux savoir penser/savoir-être/savoir faire des décideurs et groupes dominant, subissant des manipulations de la part d’idéologues pervers ou de psy-op) pour vanter la transformation sociétale, seule chose sur laquelle elle peu espérer un impact. Car le régalien (finance, géopolitique, éducation, santé, militaire) n’est définitivement plus à sa portée, ni dans son cadre de pensée, ni dans son pouvoir. Nous avons donc sous les projecteurs actuels une génération de prétentieux qui se croient progressistes mais participent â la reconstruction d’un système réactionnaire et carcéral.
La famille mais aussi la maison, deux symboles forts, sont en voie de dissolution dans la « nouvelle normalité ». La valeur travail, le rapport à la nature également dans cette anormalité postmoderne.
Inclusion et normalisation : du progrès social au néo-progressisme fanatique – par Rorik Dupuis Valder
« D’un point de vue pratique – puisque la politique tient avant tout du pragmatisme collectif -, le plein-emploi est sans doute le premier critère observable d’une société réellement inclusive. Avec ses 3 millions de chômeurs, on peut raisonnablement dire que la France actuelle est en crise et pratique plus ou moins directement l’exclusion, malgré les diverses offensives sociétales menées par les gouvernements successifs. Nous ne parlerons pas des offensives migratoires qui, alimentant au mieux l’économie parallèle (traite d’êtres humains, exploitation sexuelle, trafic d’organes…), ne font qu’apporter une misère exotique à la misère locale.
Par la transformation du monde du travail ces dernières décennies et la généralisation des bullshit jobs, ces métiers inutiles du secteur tertiaire liés aux nouvelles technologies, les compétences et les tâches attendues ne sont plus les mêmes, s’éloignant toujours plus du savoir-faire traditionnel et de sa noblesse fonctionnelle : on ne recrute plus des leaders, mais des exécutants. Et on ne veut plus d’exécutants, mais des communicants. Dans la hiérarchie des valeurs du travail, le mérite laisse place à la servilité intéressée : le talent en deviendrait presque un facteur de discrimination (négative). (…) »
https://reseauinternational.net/inclusion-et-normalisation-du-progres-social-au-neoprogressisme-fanatique/