Ceiva, arbre originaire du Sud du Mexique, sacré chez les Mayas et Zapotèques – Huatulco 2019
Ma quête chamanique
Peut-être étais-je un peu paumé lorsque je suis arrivé au Mexique en 2011, certainement en recherche d’une autre voie. Je n’avais pas réussi à me débloquer au niveau psycho-émotionnel après une psychanalyse sur une durée de 12 ans en France, relatée ici. Mais il aura fallu la possibilité de m’y établir durablement à partir de 2013 et de plusieurs rencontres importantes, d’y construire des amitiés fortes pour que s’initie un véritable processus de guérison dans le cadre de la médecine traditionnelle et chamanique. Concernant cette second phase de ma thérapie – plus expérimentale et aventurière – cela vient à soi « naturellement » : il faut laisser les conditions se mettre en place et ne pas précipiter les choses en ce domaine, comme Antonin Artaud l’a malheureusement fait en 1936 parmi les indiens de la Sierra Tarahumara, les Raramuris. Une expérience dont il a sorti un texte halluciné et maladroit, dans lequel transparait la mystification dont il s’est fait lui-même la victime consentante. Il était miné par une rancœur vis-à-vis de la société française et du milieu avant-gardiste de son époque. Sans vouloir me mettre à son niveau, l’ombre de mon passé, la pesanteur de l’égo m’ont longtemps poursuivies au Mexique, jusqu’à ce que le courant de vie, plus puissant que la pulsion de mort dans ce pays, prenne vraiment le dessus au fur et à mesure de mon aventure mexicaine.
Le chamanisme est un système de croyances et de techniques d’interaction entre l’homme et sa tribu d’une part, et le monde intermédiaire des esprits de la nature d’autre part. Le mot chamanisme (chamane vient du toungouse, parlé en Russie, Chine et Mongolie) relie cette pratique aux sociétés traditionnelles sibériennes, mais le chamanisme, du fait des pratiques se retrouvant chez de nombreux peuples, présente un caractère d’universalité. Les traditions animistes et chamaniques ne sont pas des traditions religieuses distinctes, mais elles participent toutes deux à une compréhension du monde par des expériences spirituelles ou symboliques. Des travaux scientifiques considèrent qu’il s’agit d’une pratique qui implique qu’un pratiquant, usuellement le chaman, atteigne des états de conscience modifiés afin de percevoir et d’interagir avec ce qu’il considère être un monde spirituel et afin de canaliser des énergies transcendantes présentes dans ce monde, ceci dans le but de servir sa communauté. Wikipedia
Personnellement, le processus a commencé à Zacatecas assez rapidement, après avoir été inclus dans un des cercles artistiques et alternatifs de cette ex-ville minière aux magnifiques palaces et églises baroques, située dans des montagnes arides, au centre géographique du Mexique. Avec un groupe d’amigos zacatecanos, dont mon amie française Sarah, j’ai goûté au peyotl amer, qui ne me provoqua aucune hallucination visuelle, juste un sentiment océanique de bien-être dans le semi-désert autour de Real de Catorce. J’ai aussi découvert l’art et la symbolique des Huitcholes, qui tout en faisant commerce de leurs productions artisanales se sont toujours protégés de l’influence néfaste des Occidentaux, notamment en se repliant dans des régions montagneuses au cours des cinq derniers siècles, tout comme les Raramuris plus au nord, dans l’État de Chihuahua.
Après une parenthèse de quelques années, pendant lesquelles je me suis principalement consacré à mon métier de professeur de FLE dans les États du nord et du centre du pays largement américanisés, les courants mystiques et artistiques m’ont progressivement retrouvé et entraîné. J’ai partagé quelques mois un grand appartement à Torreón avec un collègue réunionnais, engagé dans une quête personnelle et versé dans les cérémonies d’ayahuaska. Celles-ci étaient excessivement chères, entourées de mystère, mais ses retours d’expérience ne m’ont pas orienté vers une tentative de consommation de cette drogue très forte, désormais partie prenant de la panoplie de psychotropes naturels New Age, et dont le mode d’utilisation nous vient de tribus la forêt amazonienne.
Il y a seulement deux ou trois choses qui m’ont toujours accompagnées dans mon itinéraire mexicain : la pratique du yoga et de la méditation, des séances d’accupuncture selon les possibilités locales et une curiosité insatiable à l’égard de ce grand et beau pays que j’avais la chance de découvrir par étapes, à mon rythme. Via l’écriture sur ce blog, je me suis plongé dans la compréhension des particularismes de la société mexicaine – qui comporte de toute manière un aspect hautement surréaliste pour les étrangers. Dans l’État de Durango, j‘ai assisté à une cérémonie de la Danse du Soleil uniquement faite par des pratiquants mexicains investis et aguerris, car elle exigeait, outre un jeune total de trois jours, des percements de la peau au niveau du pectoral afin d’effectuer une ronde en transe, de prier en étant relié à l’Arbre de Vie, en communication directe avec Wakan Tanka, le Grand Esprit ou encore Grand Mystère.
Carte du Mexique sous le Premier Empire mexicain (Imperio Mexicano) qui désigne le régime monarchique que connut le Mexique indépendant de 1821 à 1823.
C’est là que j‘ai appris que les bisons fuyant le froid hivernal s’arrêtaient lors de leur migration bisannuelle, puisque le nord du Mexique forme, malgré le mur de séparation toujours en construction à sa frontière des USA, un immense écosystème allant jusqu’aux grandes plaines du Middle West. D’ailleurs les États de Californie, d’Arizona, de l’Utah, du Nouveau Mexique et du Texas appartenaient au Premier Empire mexicain, une monarchie créé au début du XIXe siècle après l’indépendance de cette ex-colonie avec le royaume d’Espagne, avant d’être progressivement mangé par le nouveau géant du Nord : suite au traité de Guadalupe Hidalgo signé en 1948 qui mit officiellement fin à la Guerre américano-mexicaine, les autorités furent forcées de faire de grosses concessions territoriales en donnant (ou en vendant avec corruption à la clef en 1954) presque la moitié du territoire aux USA. Au sud, le pays allait alors jusqu’au Costa Rica mais cette zone d’Amérique centrale était disputée par la Grande Colombie, avant d’être morcelée en micro-pays.
Oaxaca, pas au delà
J‘ai renoué dans l’État de Oaxaca avec la métaphysique amérindienne et plus particulièrement zapotèque, tout en développant ma production artistique de lampes et de céramiques.
Je me suis laissé couler dans l’atmosphère tropico-paradisiaque de la côte sud du Pacifique, qui attire toujours davantage de tourisme en mal de naturalisme et d’orgie des sens, avec un fort courant brassant la pratique du yoga, l’économie bio (appelée « organique »), la contemplation des couchers de soleil et la relaxation dans des resort autour d’une piscine avec la plage à deux pas, pour bobo-hipster. Je m’inclus dans cette catégorie… D’ailleurs pour compléter le tableau, j’allais régulièrement à San Jose del Pacifico dans une posada familiale consommer des champions hallucinogènes après une première expérience concluante, en plus de faire provision de marijuana bio. Surtout, ce « circuit court » me permettait de ne pas passer par un réseau contrôlé par un des cartels mexicains. La marijuana, malgré un usage très répandu chez les jeunes générations et une législation assez floue (il est légal d’en porter sur soi pour une consommation modérée, seule la vente est sanctionnée, du moins en théorie), reste considérée comme un fléau bien plus dangereux que l’alcool ou le sucre, dangers publics de premier plan qui génèrent addiction et maladies graves ; particulièrement le sucre, présent en grande quantité dans les sodas que boivent par litres chaque jour les Mexicains de tout âge.
Puis j’ai rencontré Firmin, descendant d’une longue lignée de curanderos dans la capitale de Oaxaca, qui organise des temazcals rituels dans son espace familial. Enfin, j‘ai connu la chaman Myriam Yolotlxochitl à l’occasion d’une cérémonie du cacao, dans un magnifique patio du centre-ville colonial, qui depuis a été transformé en bar de nuit dans une bâtisse rebaptisée Central de Arte, réunissant des galeries d’art réputées.
Rien d’exceptionnel ou de « magique » dans ces rencontres, mais elles m’ont donné la possibilité de participer à des cérémonies qui m’ont ouvert à d’autres dimensions spirituelles et guéri des parts déséquilibrées de mon être, d’aller aussi plus loin au centre de moi-même. De plus, Oaxaca est traversé par des énergies vitales de toutes sortes, mais cultive une forte proximité avec le monde de la mort sous une forme ritualisée (c’est l’origine de Día de muertos) et mythologique (la porte d’entrée de l’inframonde à Mitla). Une particularité qui donne le frisson à ceux qui souhaitent sentir le souffle de la grande faucheuse sur leur nuque ou qui sont fans de romans noirs, du cinéma d’horreur et autres œuvres macabres. Ces deux aspects rendus à une dualité aussi évidente et cruciale attirent le tourisme, nourrissent la production artistique locale en plus de faire la fortune de quelques astucieux et opportunistes entrepreneurs.
Plus largement, nous vivons dans une époque où la réalité et la représentation de la réalité sont devenues interdépendantes, au point de se fondre l’une dans l’autre, créant une confusion problématique et déstabilisante au niveau intime comme sociétal. Le défaut d’ancrage dans le réel est ce qui caractérise les sociétés occidentales dites évoluées (ou postmodernes). On constate chez toutes les générations post-soixante-huitardes, davantage encore chez les plus jeunes, un besoin de se confronter au réel, de l’envisager selon une approche personnelle et d’expérimenter des pratiques afin de le « toucher du doigt ». Que ce soit via des ateliers d’expression artistique qui permettent de réorganiser, d’affirmer un univers symbolique et imaginaire, des défis sportifs ou via des thérapies alternatives qui font prendre conscience des besoins et attentes de notre organisme vivant. Car celui-ci, malgré la bulle virtuelle exponentielle, est constamment en interaction avec son environnement d’un point de vue vibratoire. Par exemple avec les forces naturelles comme les changements de saison, le mouvement de notre planète dans l’univers, les phases de la lune, les configurations stellaires et les tempêtes solaires ; ou plus prosaïquement avec les contraintes de la société humaine et « la vraie vie ». Mais c’est plus spécifiquement sur notre relation au cosmos, du niveau micro au niveau macro, qu’agit le chamanisme.
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Légende des photos, copyright Florent Hugoniot : « Chaman », collage, encre de Chine et dessin sur papier kraft, étape 1 et 2, recto/verso – Autel à ma mère – Cuidame / Prends soin de moi – Au temazcal de Firmin, Oaxaca – IN LAK’ECH – HALA K’IN – Lámpara gran caracol / Lampe conque marine – Lampe sacrifiée au feu – Coucher de soleil sur le Pacifique avec Siena – Oaxaca solaire – Dessin à l’encre et au Bic pour une cérémonie du feu – « Ondes d’eau » peinture et collage sur kraft -ci-dessous : « La vie en rose »
« La vie en rose », peinture sur kraft, collage et assemblage – Florent Hugoniot 2021
Curanderos du Mexique (2)
Ma quête chamanique
Peut-être étais-je un peu paumé lorsque je suis arrivé au Mexique en 2011, certainement en recherche d’une autre voie. Je n’avais pas réussi à me débloquer au niveau psycho-émotionnel après une psychanalyse sur une durée de 12 ans en France, relatée ici. Mais il aura fallu la possibilité de m’y établir durablement à partir de 2013 et de plusieurs rencontres importantes, d’y construire des amitiés fortes pour que s’initie un véritable processus de guérison dans le cadre de la médecine traditionnelle et chamanique. Concernant cette second phase de ma thérapie – plus expérimentale et aventurière – cela vient à soi « naturellement » : il faut laisser les conditions se mettre en place et ne pas précipiter les choses en ce domaine, comme Antonin Artaud l’a malheureusement fait en 1936 parmi les indiens de la Sierra Tarahumara, les Raramuris. Une expérience dont il a sorti un texte halluciné et maladroit, dans lequel transparait la mystification dont il s’est fait lui-même la victime consentante. Il était miné par une rancœur vis-à-vis de la société française et du milieu avant-gardiste de son époque. Sans vouloir me mettre à son niveau, l’ombre de mon passé, la pesanteur de l’égo m’ont longtemps poursuivies au Mexique, jusqu’à ce que le courant de vie, plus puissant que la pulsion de mort dans ce pays, prenne vraiment le dessus au fur et à mesure de mon aventure mexicaine.
Le chamanisme est un système de croyances et de techniques d’interaction entre l’homme et sa tribu d’une part, et le monde intermédiaire des esprits de la nature d’autre part. Le mot chamanisme (chamane vient du toungouse, parlé en Russie, Chine et Mongolie) relie cette pratique aux sociétés traditionnelles sibériennes, mais le chamanisme, du fait des pratiques se retrouvant chez de nombreux peuples, présente un caractère d’universalité. Les traditions animistes et chamaniques ne sont pas des traditions religieuses distinctes, mais elles participent toutes deux à une compréhension du monde par des expériences spirituelles ou symboliques. Des travaux scientifiques considèrent qu’il s’agit d’une pratique qui implique qu’un pratiquant, usuellement le chaman, atteigne des états de conscience modifiés afin de percevoir et d’interagir avec ce qu’il considère être un monde spirituel et afin de canaliser des énergies transcendantes présentes dans ce monde, ceci dans le but de servir sa communauté. Wikipedia
Personnellement, le processus a commencé à Zacatecas assez rapidement, après avoir été inclus dans un des cercles artistiques et alternatifs de cette ex-ville minière aux magnifiques palaces et églises baroques, située dans des montagnes arides, au centre géographique du Mexique. Avec un groupe d’amigos zacatecanos, dont mon amie française Sarah, j’ai goûté au peyotl amer, qui ne me provoqua aucune hallucination visuelle, juste un sentiment océanique de bien-être dans le semi-désert autour de Real de Catorce. J’ai aussi découvert l’art et la symbolique des Huitcholes, qui tout en faisant commerce de leurs productions artisanales se sont toujours protégés de l’influence néfaste des Occidentaux, notamment en se repliant dans des régions montagneuses au cours des cinq derniers siècles, tout comme les Raramuris plus au nord, dans l’État de Chihuahua.
Après une parenthèse de quelques années, pendant lesquelles je me suis principalement consacré à mon métier de professeur de FLE dans les États du nord et du centre du pays largement américanisés, les courants mystiques et artistiques m’ont progressivement retrouvé et entraîné. J’ai partagé quelques mois un grand appartement à Torreón avec un collègue réunionnais, engagé dans une quête personnelle et versé dans les cérémonies d’ayahuaska. Celles-ci étaient excessivement chères, entourées de mystère, mais ses retours d’expérience ne m’ont pas orienté vers une tentative de consommation de cette drogue très forte, désormais partie prenant de la panoplie de psychotropes naturels New Age, et dont le mode d’utilisation nous vient de tribus la forêt amazonienne.
Il y a seulement deux ou trois choses qui m’ont toujours accompagnées dans mon itinéraire mexicain : la pratique du yoga et de la méditation, des séances d’accupuncture selon les possibilités locales et une curiosité insatiable à l’égard de ce grand et beau pays que j’avais la chance de découvrir par étapes, à mon rythme. Via l’écriture sur ce blog, je me suis plongé dans la compréhension des particularismes de la société mexicaine – qui comporte de toute manière un aspect hautement surréaliste pour les étrangers. Dans l’État de Durango, j‘ai assisté à une cérémonie de la Danse du Soleil uniquement faite par des pratiquants mexicains investis et aguerris, car elle exigeait, outre un jeune total de trois jours, des percements de la peau au niveau du pectoral afin d’effectuer une ronde en transe, de prier en étant relié à l’Arbre de Vie, en communication directe avec Wakan Tanka, le Grand Esprit ou encore Grand Mystère.
C’est là que j‘ai appris que les bisons fuyant le froid hivernal s’arrêtaient lors de leur migration bisannuelle, puisque le nord du Mexique forme, malgré le mur de séparation toujours en construction à sa frontière des USA, un immense écosystème allant jusqu’aux grandes plaines du Middle West. D’ailleurs les États de Californie, d’Arizona, de l’Utah, du Nouveau Mexique et du Texas appartenaient au Premier Empire mexicain, une monarchie créé au début du XIXe siècle après l’indépendance de cette ex-colonie avec le royaume d’Espagne, avant d’être progressivement mangé par le nouveau géant du Nord : suite au traité de Guadalupe Hidalgo signé en 1948 qui mit officiellement fin à la Guerre américano-mexicaine, les autorités furent forcées de faire de grosses concessions territoriales en donnant (ou en vendant avec corruption à la clef en 1954) presque la moitié du territoire aux USA. Au sud, le pays allait alors jusqu’au Costa Rica mais cette zone d’Amérique centrale était disputée par la Grande Colombie, avant d’être morcelée en micro-pays.
Oaxaca, pas au delà
J‘ai renoué dans l’État de Oaxaca avec la métaphysique amérindienne et plus particulièrement zapotèque, tout en développant ma production artistique de lampes et de céramiques.
Je me suis laissé couler dans l’atmosphère tropico-paradisiaque de la côte sud du Pacifique, qui attire toujours davantage de tourisme en mal de naturalisme et d’orgie des sens, avec un fort courant brassant la pratique du yoga, l’économie bio (appelée « organique »), la contemplation des couchers de soleil et la relaxation dans des resort autour d’une piscine avec la plage à deux pas, pour bobo-hipster. Je m’inclus dans cette catégorie… D’ailleurs pour compléter le tableau, j’allais régulièrement à San Jose del Pacifico dans une posada familiale consommer des champions hallucinogènes après une première expérience concluante, en plus de faire provision de marijuana bio. Surtout, ce « circuit court » me permettait de ne pas passer par un réseau contrôlé par un des cartels mexicains. La marijuana, malgré un usage très répandu chez les jeunes générations et une législation assez floue (il est légal d’en porter sur soi pour une consommation modérée, seule la vente est sanctionnée, du moins en théorie), reste considérée comme un fléau bien plus dangereux que l’alcool ou le sucre, dangers publics de premier plan qui génèrent addiction et maladies graves ; particulièrement le sucre, présent en grande quantité dans les sodas que boivent par litres chaque jour les Mexicains de tout âge.
Puis j’ai rencontré Firmin, descendant d’une longue lignée de curanderos dans la capitale de Oaxaca, qui organise des temazcals rituels dans son espace familial. Enfin, j‘ai connu la chaman Myriam Yolotlxochitl à l’occasion d’une cérémonie du cacao, dans un magnifique patio du centre-ville colonial, qui depuis a été transformé en bar de nuit dans une bâtisse rebaptisée Central de Arte, réunissant des galeries d’art réputées.
Rien d’exceptionnel ou de « magique » dans ces rencontres, mais elles m’ont donné la possibilité de participer à des cérémonies qui m’ont ouvert à d’autres dimensions spirituelles et guéri des parts déséquilibrées de mon être, d’aller aussi plus loin au centre de moi-même. De plus, Oaxaca est traversé par des énergies vitales de toutes sortes, mais cultive une forte proximité avec le monde de la mort sous une forme ritualisée (c’est l’origine de Día de muertos) et mythologique (la porte d’entrée de l’inframonde à Mitla). Une particularité qui donne le frisson à ceux qui souhaitent sentir le souffle de la grande faucheuse sur leur nuque ou qui sont fans de romans noirs, du cinéma d’horreur et autres œuvres macabres. Ces deux aspects rendus à une dualité aussi évidente et cruciale attirent le tourisme, nourrissent la production artistique locale en plus de faire la fortune de quelques astucieux et opportunistes entrepreneurs.
Plus largement, nous vivons dans une époque où la réalité et la représentation de la réalité sont devenues interdépendantes, au point de se fondre l’une dans l’autre, créant une confusion problématique et déstabilisante au niveau intime comme sociétal. Le défaut d’ancrage dans le réel est ce qui caractérise les sociétés occidentales dites évoluées (ou postmodernes). On constate chez toutes les générations post-soixante-huitardes, davantage encore chez les plus jeunes, un besoin de se confronter au réel, de l’envisager selon une approche personnelle et d’expérimenter des pratiques afin de le « toucher du doigt ». Que ce soit via des ateliers d’expression artistique qui permettent de réorganiser, d’affirmer un univers symbolique et imaginaire, des défis sportifs ou via des thérapies alternatives qui font prendre conscience des besoins et attentes de notre organisme vivant. Car celui-ci, malgré la bulle virtuelle exponentielle, est constamment en interaction avec son environnement d’un point de vue vibratoire. Par exemple avec les forces naturelles comme les changements de saison, le mouvement de notre planète dans l’univers, les phases de la lune, les configurations stellaires et les tempêtes solaires ; ou plus prosaïquement avec les contraintes de la société humaine et « la vraie vie ». Mais c’est plus spécifiquement sur notre relation au cosmos, du niveau micro au niveau macro, qu’agit le chamanisme.
X
Légende des photos, copyright Florent Hugoniot : « Chaman », collage, encre de Chine et dessin sur papier kraft, étape 1 et 2, recto/verso – Autel à ma mère – Cuidame / Prends soin de moi – Au temazcal de Firmin, Oaxaca – IN LAK’ECH – HALA K’IN – Lámpara gran caracol / Lampe conque marine – Lampe sacrifiée au feu – Coucher de soleil sur le Pacifique avec Siena – Oaxaca solaire – Dessin à l’encre et au Bic pour une cérémonie du feu – « Ondes d’eau » peinture et collage sur kraft -ci-dessous : « La vie en rose »
Troisième partie
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SOURCES
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/ayahuasca-boisson-psychedelique-de-la-pharmacopee-amazonienne-et-un-jour-medicament-homologue_170545
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89volution_territoriale_du_Mexique
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