San Pablo Villa de Mitla, Oaxaca

Le village de Mitla est situé à 1680 m d’altitude dans la vallée du même nom, à 50 km environ au sud-est de la ville de Oaxaca. Il compose avec un climat sec à tempéré, recevant peu de pluie pendant l’été qui est la saison humide. Il est entouré de végétation boisée dans la partie haute, avec des conifères et des feuillus ; dans la partie de la vallée, on trouve des plantes de type mezquite (arbuste résistant à la sécheresse), maguey (agave) et nopal (cactus à figue de barbarie). Dans la région, il y a une carrière de pierre rose et quelques bancs d’argiles qui provoquent la poussière blanche descendant de la montagne. Le panorama environnant le village est impressionnant et dramatique.

Mitla est entourée d’énormes collines qui forment une tapisserie verte pendant la saison des pluies ; c’est ici qu’on peut découvrir l’une des principales zones archéologiques mexicaines car d’importants personnages et prêtres ont été trouvés enterrés sous les principaux palais. Il a été habité par des Zapotèques et des Mixtèques à différentes époques, d’où le mélange culturel prévalent.

Le nom de Mitla vient du nahuatl mictlan, qui signifie « Vallée des âmes » ou encore « lieu de la Mort » ; en zapotèque c’est lyobáa, réunion des termes lyo (maison) et báa (tombe). La petite ville reçoit le nom de Saint Paul en l’honneur de l’un des quatre apôtres de Jésus. Les grottes préhistoriques de Yagul et Mitla sont classées au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 2010, car elles recèlent des peintures rupestres illustrant la vie des premiers agriculteurs de la région.

En outre, dans les environs de Mitla abondent les palenques ou fabriques artisanales de mezcal à base d’agave, mais aussi les propriétés gigantesques et les champs des grands marques vendues à l’international, ce qui préserve son paysage unique de la frénésie immobilière. La vallée est aussi le lieu du camino del mezcal oaxaqueño.

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Le site archéologique

Mitla, qui a atteint son apogée entre 950 et 1521 après J.C. se caractérise par ses formes architecturales horizontales très géométriques, presque futuristes, et est devenue un must de l’activité touristique de Oaxaca, avec Hierbe el Agua situé plus en hauteur au sud-est de la ville. On remarquera ci-dessus, dans le Grupo del Arroyo (comme pour tous les autre édifices du site) les angles du batiment légèrement obliques, donnant avec l’effet de perspective, une forme trapezoïdale inversée.

La zone de Mitla est le deuxième centre cérémoniel le plus important de l’État de Oaxaca après Monte Albán. Celui-ci se trouve à l’occident ou poniente de la capitale régionale Oaxaca de Juárez, tandis que Mitla se situe à l’orient. Elle compte plusieurs groupes de constructions, dont celui des colonnes situé à côté de l’église baroque, construite au début de la colonie espagnole.

La zone archéologique comprend cinq ensembles d’architecture monumentale : Groupe du Nord, Groupe des Colonnes, Groupe de l’Adobe ou du Calvaire, Groupe de l’Arroyo et Groupe du Sud. Les ensembles de l’Adobe ou du Calvaire et du Sud, pour avoir été construits à des époques antérieures, reproduisent la tradition des places, entourées de palais sur des plates-formes, dans le style de Monte Albán.

Dans les ensembles du Nord, des Colonnes et de l’Arroyo, se trouvaient les bâtiments administratifs et les palais de personnages de haut rang. Ces palais se caractérisent par l’utilisation architecturale de grands monolithes et par leurs façades ornées de mosaïques de grès de différents dessins encadrés par des panneaux, éléments qui font partie de la riche tradition architecturale zapotèque commencée à Monte Albán avec de fortes influences de Teotihuacan.

À l’ouest de la ville actuelle de Mitla, on peu voir La Fortaleza, site fortifié par les Zapotèques pour défendre leur ville contre d’éventuelles invasions. À proximité de Mitla se trouve le site de Hierve el Agua (« faire bouillir l’eau ») alors fréquenté par les Zapotèques.

Au XVIe siècle, l’église catholique Saint-Paul fut construite sur certains vestiges archéologiques de la zone. Pour ce chantier colonial ont été utilisés essentiellement des matériaux de construction obtenus par la destruction de plusieurs palais préhispaniques. C’est ainsi que la gloire antique de Mitla est restée figée dans la pierre dans les premières années de la conquête espagnole, devenant un des sites les plus récent de l’histoire mésoaméricaine.

Les grecques de Mitla

Voici à quoi ressemblait en 1875 le salon des grecques dans la zone archéologique de Mitla, Oaxaca. La photographie a été prise par Teobert Maler – © Médiathèque INAH

Les panneaux de certains salons sont décorés de mosaïques de pierres serties sans mortier ni colle, qui forment des grecques d’une beauté saisissante, souvent reproduites dans les textiles et autres objets d’artisanat produits dans la région.

Ces bas-reliefs constitués d’un fin assemblage de briques de pierres tallées, uniques dans l’espace mésoaméricain, sont étudiés avec soin par les archéologues. On y retrouve par exemple le motif de l’eau vive ou dormante, une spirale simple, et celui du cycle de la vie-mort-renaissance ; ou encore ceux de la montagne, du ciel et des nuages.

Les frises à la grecque de Mitla représentent ainsi la condition humaine et son lien avec la divinité. De dieux comme Quetzalcóatl (le serpent à plumes, l’étoile du matin) et Tláloc (ou Cosijo, dieu de la pluie) y sont symbolisés. Le premier sous la forme d’un escargot stylisé, le second sous celle d’un éclair, en hommage à l’orage, la fertilité, la sagesse et le pouvoir.

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©Photo Florent Hugoniot

Une boucle de 12 ans

J‘ai retrouvé l’ambiance mi-lunaire, mi-solaire, mystique et un peu désolée de Mitla que j‘avais perçue alors en 2011, quand j‘ai rapidement visité le site archéologique pendant un itinéraire touristique complet d’une journée entière dans la vallée. Nous avions relié en camionnette avec un petit groupe de touristes de différentes nationalités Oaxaca de Juárez, l’arbre du Tule, la zone préhispanique de Mitla, Teotitlan del Valle et ses tisserands, une palenque de mezcal avec dégustation, pour finir par un manifique coucher de soleil à Hierbe el Agua.

Il est parfois bon de revenir sur ses pas… Par exemple dans mon cas, afin de mesurer le chemin parcouru pendant mon épopée mexicaine qui s’est déroulé sur une durée complète du cycle du zodiaque chinois. Un itinéraire riche en surprises et découvertes, remises en question, fait tout à la fois d’échanges humains, de chamboulements intérieurs et de retrouvailles cosmiques.