
Il y a des endroits qui appellent le respect et apportent la paix de l’âme. C’est le cas du site archéologique de Yagul, peu fréquenté par le tourisme et habité par les Hommes depuis plus de 10 000 ans. Des vagues d’occupation s’y sont succédées depuis les temps archaïques, ont parfois laissé des traces : un ensemble architectural de l’époque dite Monte Alban IV (700 à 1000 après J.C.), des peintures rupestres dans les environs, un parking pour automobiles discret en pierre à l’entrée du petit parcours tout en montées et descentes.
Le choix du site comme lieu de vie, de cultures agricoles et de cérémonies sacrées semble évident quand avec un peu de hauteur on peut embraser du regard le magnifique panorama qui s’offre avec des courbes aimables, un relief habitable, la présence diaphane de l’eau en sous-sol. La poussée du printemps est bien là malgré la sécheresse de la terre, ici dans les jeunes pousses des arbres, là dans les fleurs de cactus, les abeilles et autres insectes sont déjà en pleine activité.
Depuis la route fédérale qui part de Oaxaca et passe par Tlacolula, un embranchement d’environ un kilomètre mène pratiquement tout droit au site, logé dans les contreforts de la montagne avec une vue imprenable sur la vallée. C’est la Dame en rouge qui nous ouvre le passage pour Yagul et nous accompagne le long de cette promenade dans un paysage grave, à la fois romantique et un peu sombre, sec, dense et fluide, mi-solaire, mi-lunaire.

Yagul signifie « vieil arbre » en Zapotèque, mais les habitants de Tlacolula l’appellent Yugul ou encore Gyaag Guul, « vieux village ». Ce lieu relie au cosmos, à ce que nous avonsde plus sacré, ainsi qu’à nos lointains aïeux qui ont progressivement peuplé la terre. Il nous enseigne aussi comment les hommes, les femmes, les enfants nés et morts là – Zapotèques, Mixtèques Cuiquatèques – vivaient en harmonie avec la nature, les cieux et leur environnement.
Retrouver ses racines pour s’élancer vers la vie qui partout remue, gonfler ses ailes, laisser aller ses pensées pour faire germer demain.
Florent Hugoniot
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El poeta y el artista
Le thème de cette belle excursion me donne l’occasion de présenter ici l’exposition El poeta y el artista: Seamus Heaney & Jan Hendrix en Yagul presentée au Centro de Artes de San Agustín (CASA) à Etla, près de Oaxaca de Juárez.
Voici l’introduction de l’article de Mónica Mateos-Vega, paru dans la Jornada le 26 décembre 2022 :
« La force et la résistance du paysage de Oaxaca, transformées en poésie, art, parole et textile, composent l’exposition Le poète et l’artiste : Seamus Heaney & Jan Hendrix à Yagul en cours au Centre des Arts de Saint-Augustin (CASA), à Etla.
Composée de tapisseries, sérigraphie, lithographie et livres d’artiste, l’exposition supervisée par Cuauhtémoc Medina est surtout une sorte d’hommage à la vision extraordinaire qu’avait le peintre Francisco Toledo (1940-2019) en publiant dans son éditorial, en 1991, une traduction du livre de Heaney L’île des saisons, par la poète mexicaine Pura López Colomé.

En 1995, l’écrivain irlandais [né en 1939 à Castledawson et mort à Dublin en 2013] remporte le prix Nobel de littérature et quatre ans plus tard, grâce à un ami commun, Toledo l’invite à découvrir Oaxaca pour présenter La lumière des feuilles (1999), le deuxième recueil qu’il publie en tant que poète.
Ce lien fut précisément Jan Hendrix (né à Maasbree aux Pays-Bas, 1949), que Toledo envoya un jour faire connaissance avec la zone archéologique de Yagul, car il réalisa ce dont j’avais besoin. C’est là que j’ai trouvé une force qui m’inspire, a rappelé l’artiste dans la conversation avec La Jornada.
(…)
Seamus et Jan produisirent trois livres : La branche dorée, 1992 ; La lumière des feuilles, 1999, et L’Énéide. Livre VI, 2016 (ce dernier à titre posthume à la mort du Nobel). Ce fut une relation intime d’amitié et de créativité qui est documentée aujourd’hui dans l’exposition Le poète et l’artiste. »

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Merci à Domi, la Dame en rouge !
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SOURCES
https://www.jornada.com.mx/2022/12/26/cultura/a05n1cul
La Terre cuicatèque : une terre de légendes…
« Il y a plus de 3000 ans que les Cuicatèques se sont implantés dans la région de la Cañada, autour des montagnes, vivant en contact étroit avec la nature qu’ils sont parvenus à connaître et à vénérer. La terre ne leur appartient pas. Son propriétaire n’est autre que Saa Davi, le “propriétaire de la montagne”, qui détient le pouvoir de faire tomber la pluie sur les champs pour améliorer la récolte et ainsi permettre la subsistance… »
http://inventarte.free.fr/spip.php?article135
La nature imite l’art
Oscar Wilde, « Le déclin du mensonge », Intentions (1928), trad. H. Juin, Éd. UGE, colt 10-18, 1986, pp. 56-57.
https://www.roseaupensant.fr/pages/textes/textes-sur-l-art/wilde-la-nature-imite-l-art.html