Grec et Latin, deux langues mortes en Europe ?

"Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie" Jacques Prévert

Voici déjà le 100ème article publié sur lapartmanquante ! Depuis sa naissance en février 2011(pendant les festivités asiatiques de l’année du lapin à Paris) on peut dire que nous ne vous en avons pas posé, de lapin, tout en évitant de courir la garrigue pour lever les lièvres les moins comestibles. En effet le gibier le plus gros n’est pas toujours le plus savoureux… Et puis il y a déjà les médias traditionnels pour parler des gros buzz, des nouveaux scandales, des guerres et des crises financières qui agitent notre « village planétaire », village globalisé, virtuel ou vécu par procuration, qui n’a plus de sympathique que le nom ! Le bruit de fond aux accents tragiques qui assourdit notre quotidien est déjà bien assez prégnant, usant même…

Libertà, Ελευθερία, Freedom, Libertad

L'homme du XXIéme siècle, nouveau Sysiphe / Atlas dominé par le monde de la finance ?...

Mais il reste heureusement tant d’autres sujets qui permettent d’aiguiser sa réflexion, de rester critique et maitre de ses pensées, tout en s’ouvrant à des univers inconnus, des terrains vierges ou tout simplement d’avoir un regard neuf sur ce monde qui semble pourtant déjà vieux et sous la contrainte en ce début de millénaire. C’est un peu le rôle de ce blog, que nous avons voulu avant tout comme un gage de LIBERTÉ, liberté de s’exprimer et de s’intéresser aux sujets qui nous concernent directement, aux sujets qui nous font vibrer… et qui restent à la portée de tous !

« Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie » Jacques Prévert

Un billet d’humeur oeil pour oeil, cent pour cent !

Aussi je profiterai de ce centième article pour pousser un coup de gueule qui vient en contrepoint des dernières publications plus anecdotiques. Certes, le carnet de voyage mexicain se poursuivra, mais j’avais envie de vous faire part de mes impressions, non pas d’étranger au Mexique, mais en tant que témoin de l’actualité européenne vue de l’étranger. Une sorte de miroir tendu depuis cette autre Amérique, à la fois entrainée vers la modernité et riche de plusieurs civilisations brillantes et reliées au cosmos. Un cosmos qui n’est pas tellement différent du notre, puisque nous vivons tous sur cette planète Terre, sous la même voute étoilée, un peu plus au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest…Enfin, tout cela n’est pas que poésie, car selon un sens giratoire bien connu depuis Copernic et Galilée, le mouvement céleste des sphères régit l’équilibre des galaxies, en face desquelles nous sommes minu-minu-minuscules. Mais ce genre de considération peut finir par donner le vertige a ceux qui ne savent regarder que leurs pieds ou leur écran de télévision !

Ce texte est avant tout un parti pris, qui ne rentrera pas dans des explications techniques, qui aura surement le défaut de survoler l’actualité, de manquer d’argumentaire, mais aussi la qualité d’être écrit d’un seul jet et d’aller droit au but.

Convulsions européennes : la bête bouge encore

Donc la rumeur de l’Europe s’entend bizarrement de ce côté-ci de l’Atlantique. Un peu noyée dans le flot courant d’espagnol, l’animation des villes, la ritournelle publicitaire de la surconsommation sauce mexicaine, les fait-divers liés aux narcotrafiquants (omniprésents aux infos avec les délinquants et les catastrophes climatiques), les concours pop – style Star Academy – mais aussi la salsa et la cumbia, les annonces colorées des vendeurs ambulants, le cri des perruches, le chant du vent dans les palmiers et sur les hauts plateaux…

Eh bien elle sonne plutôt faux la comptine européenne en ce moment, elle vrille même les oreilles à plusieurs milliers de kilomètres ! Les derniers soubresauts politiques liés à la dette grecque et les conclusions du G20 à Cannes me laissent en effet consterné, mais heureusement pas sans voix. Et l’analyse généralement partiale dans la presse (sauver l’euro avant les peuples !) le peu de réaction sur les réseaux sociaux et le manque d’intérêt à la chose politique me semblent encore plus inquiétant. Comme disait Machiavel :

« L’inertie des peuples, c’est le meilleur rempart des tyrans. »

X

Et c’est bien au déferlement d’une tyrannie a laquelle on assiste sur le vieux continent. Celle de l’argent et des pouvoirs financiers, ceux là-même qui ont tout fait pour obtenir la dérégulation des marchés tout en détruisant progressivement la démocratie dans les pays membres, en faisant prospérer clientélisme, propagande et confusions. Il suffit de se rappeler du référendum européen de 2005, et du NON sur lequel le gouvernement et le parlement français se sont magistralement assis à l’époque. Et le processus continue, on vient de le voir avec la Grèce dont l’opinion du peuple semble faire craindre aux oligarques européens et autres siphonneurs de richesses nationales et du labeur quotidien, un danger pour leurs intérêts égoïstes et suicidaires. Le sabotage systématique du projet européen tel qu’il fut élaboré au sortir de la deuxième guerre mondiale – et auquel on tente toujours de nous faire croire 50 ans plus tard, alors qu’il a été complètement dévoyé – ne rend certainement pas l’avenir de cette construction plus crédible aux yeux des autres puissances mondiales, comme on nous le serine. Pas plus que l’avenir de l’euro comme monnaie unique ou l’assurance de la notation triple A pour la France (que certains appellent sur le net « Abrutissement Absolu pour les Andouilles », ou « triple A = triple Abruti ! ») ne passionnent les foules ici au Mexique. Qui se souciait de cette arme de destruction massive des agences de notation il y a encore quelques années ? Et pourtant, à entendre les dirigeants européens, le monde était sur le point de s’écrouler ! Trois jours plus tard, todo bien, jusqu’à la prochaine crise qui justifiera de nouvelles mesures draconiennes. Lire (ou relire) Naommi Klein, The Shock Doctrine.

Mysticisme vs. Cynisme

"Nous ne voulons pas être les prochains à mourir. Calderon renonce ! (réaction à la "guerre" menée contre les narcotraficants)

Le fait que Georges Papandréou, ex président de la Grèce, ait dû récemment supprimer son projet de référendum auprès du peuple grec, sur son adhésion à l’Europe (laquelle, celle des financiers, des trust, des grands hypnotiseurs et des marchands de rêve, ou celle des européens ?…) en dit long sur la réalité du fonctionnement démocratique de cette dernière. Et le fait que ce soit justement dans cette partie du continent, où a été inventée la Démocratie (« le peuple souverain ») il y a 2500 ans, que se passe un énorme hold-up bancaire doublé d’un coup d’état médiatique fait froid dans le dos. Il est très éloquent que la Grèce, pourtant caution historique, creuset de la philosophie et de l’art occidental, soit écartée des décisions, écrasée de reproches hallucinants (« les grecs, ces fainéants, ces profiteurs.. ») afin de mener le train des réformes néolibérales mortifères et d’étouffer les contestations populaires sous le poids de la rigueur. Papandréou aurait décidé d’annuler la consultation populaire par crainte d’un coup d’état, il n’y a donc plus qu’à imposer par la force un nouveau régime des colonels en Grèce afin de faire passer la pilule de la rigueur et faire travailler tous ces fainéants pendant plusieurs générations pour payer leur dette ! Mais c’est le monde a l’envers : si dette il y a, c’est celle de toute cette Europe arrogante et ultralibérale auprès de la Grèce et de l’Italie, pour la culture hellénistique dans laquelle la Renaissance des XVème / XVIéme siècles a plongé ses racines, et qui est le socle de sa prospérité actuelle.

"Hasta la Madre dice Ya Basta !" (Même la Vierge dit ça suffit !)

L’Italie tiens, venons-en ! Silvio Berlusconi, ce pantin que je ne défendrai certainement pas ici, se retrouve aujourd’hui snobé par ceux qui hier encore se précipitaient à sa table outrageusement luxueuse. Le Bling-Bling ne fait plus recette, pas plus que le Bunga-Bunga, et il est devenu un ami bien embarrassant. Bon, disons-le clairement, on s’en fout de ce bouffon, mais la dignité du peuple italien là dedans ? Il a le droit d’être traité de la même manière que les Anglais, les Allemands, les Suédois et non pas considéré comme un peuple arriéré et corrompu. Il n’y a pas si longtemps, il a montré sa ferme résistance aux affabulations berlusconiennes lors des référendums (tiens tiens…) organisés en mai dernier par recours populaire et démocratique ( voir sur ce même site « L’eau est le premier bien public de l’humanité » ) Les Italiens, comme les Grecs, ne cautionnent certainement pas la corruption dans leur pays. Ils en ont plus que raz la coupe de mauvais retzina ou de chianti à 2€ des injustices sociales et de l’argent roi, du veau d’or, de la rigueur et de la misère humaine comme uniques horizons. Comme la plupart les peuples européens spoliés, il veulent un vrai changement qui ne reporte pas aux calendes grecques la fin d’un système inique. C’est surtout cela qu’ils manifestent dans les rues, derniers lieux d’expression de leurs opinions, de leur colère et de leurs exigences.

l’Europe en otage, entre Charybde et Scylla

"Quand le pouvoir de l'amour sera plus grand que l'amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix."

Papandréou et Berlusconi auront tous les deux été forcés à démissionner de leur poste, le premier dans un faux geste d’honneur et le deuxième dans la corruption, la boue, tel un empereur mégalomane et malade, poignardé par ses amis politiques… Une vraie tragédie gréco-romaine ! Ces deux personnages ont été largement compromis – chacun à leur manière – par l’exercice du pouvoir, mais comment peut-on laisser les marchés dicter leur loi et faire et défaire les gouvernements ? Entre la peste et le choléra, on éradique les peuples…

Plus sérieusement, qu’on soit dans l’incapacité de faire le lien entre les émeutes en Angleterre, au Portugal, en Grèce, en Italie, les manifestations en Espagne et j’en oublie, donnent bien la preuve de l’aveuglement dans lequel les Européens sont tenus. Pourtant la prise de parole populaire existe, elle est juste méprisée, sous-estimée. En France par exemple, le mouvement des Indignés est regardé avec condescendance par la plupart des médias alignés, c’est.. indigne et écœurant ! Ce sont des expressions démocratiques en formation, tuées dans œuf (voir le dispositif policier de répression, digne d’une attaque terroriste) par peur justement de la vox populi ! Nous assistons à l’instauration de régimes de plus en plus autoritaires et sectaires qui ne sont en place que pour appliquer la politique du pire pour la majorité, celle qui a été définie par les 1% qui détiennent le pouvoir économique et financier, c’est lamentable et c’est inquiétant pour l’avenir. Ailleurs dans le monde, les résistances se renforcent et s’organisent (Indignados, Occupy…, We are 99%)

Ce qui se passe actuellement dans le sud de l’Europe n’est-il pas tout simplement un exemple, une mise en garde et un avant-goût pour tous les autres pays membres ?

Dire et partager : Démocratie, Humanisme

Exprimer un oui ou un non sur un projet, ce n’est pas une fin en soi, mais un début de discussion, l’élaboration entre plusieurs parties d’un devenir commun. Au contraire, le futur en Europe s’assombrit d’avantage chaque jour, et les responsabilités comme les richesses ne sont pas partagées. Au programme, c’est toujours mutualisation des déficits et privatisation des bénéfices. Avec cette doctrine irresponsable et nihiliste, comment ne pas se révolter ?

Démocratie et humanisme ne font décidément plus partie du vocabulaire technocratique européen. Faut-il attendre que la Grèce et l’Italie soient exclues du premier cercle « vertueux » des instances politico-économiques de l’Europe, voire laissée au bord de la route, pour venir pleurer sur nos plus belles valeurs ? Trop tard, perdues pour combien d’années d’obscurantisme à nouveau ?

C’est encore Machiavel qui disait : « Diviser pour mieux régner ». Les populations européennes, à commencer par les Français actuellement résignés et paralysés, feraient bien de réviser leurs classiques et de croire à nouveau en eux, en la liberté, l’égalité et la fraternité. Un autre avenir est possible ! Ils devraient surtout ne pas continuer à vendre leur âme au diable, pour du vent et des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient…

La croyance relève du religieux et donc de la sphère privée, tandis que la politique est sensée être une affaire publique, l’affaire de tous. C’est un principe de la laïcité, un gage de paix sociale que certains aimeraient bien faire oublier. Et il y a des amalgames qui desservent la liberté et la dignité de chacun, pour le pire, uniquement le pire…

À bon entendeur, salut !

Est-ce que tout peut se vendre ?Ici le volcan Popocatepl en fond, effet d’optique. Mais on sait déjà que le Pirée,  port d’Athènes, a déjà été vendu à des investisseurs chinois. A quand l’Acropole aux enchères chez Christie’s ?..

F.H.

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