Entre les murs de Padoue

Œuvre murale (technique mixte, pochoir et tag) de Kenny Random, Padoue

Padoue (Padova en italien) est une ville du Veneto, située à une quarantaine de kilomètres de Venise. Elle est réputée pour les fresques magnifiques de Giotto, qui a entièrement peint l’intérieur de la chapelle des Scrovegni et de l’église de l’Arena. La technique traditionnelle que cet immense artiste, précurseur de la Renaissance (1267-1337) a utilisé, est la peinture a fresco, qui nécessite de peindre avec des pigments purs délayés à l’eau sur un enduit au sable et à la chaux, encore frais. Cette technique également utilisée par de nombreux peintres de la Renaissance lui a permis d’obtenir ces merveilleuses nuances de bleu outremer intense, toujours aussi vibrantes 700 ans plus tard.

La renommée de Giotto attire aujourd’hui des milliers de touristes à Padoue, il reste aussi une illustre référence pour les nombreux artistes que compte cette ville étudiante. Car sorti du parcours culturel tout tracé par les guides touristique, la ville réserve quelques surprises dans ses rues et le long des canaux du Bacchiglione. De jeunes artistes animent les murs avec des pochoirs et des peintures murales sophistiqués et pleins d’esprit. On fait d’ailleurs le lien avec la période pré-renaissance du vivant de Giotto, avec ce chapeau haut-de-forme un peu conique (typique de cette époque et de Padoue) et qu’on retrouve par exemple un peu partout dans la ville, habillant les silhouettes de KENNY RANDOM. Ces mystérieux personnages semblent doués du don d’ubiquité, ainsi que du pouvoir de faire des aller-retours dans le temps. Ils passent ainsi au travers des siècles et traversent les façades des maisons, glissent entre les colonnes du centre historique classé, se faufilent dans les ruelles tortueuses de la ville populaire et des quartiers universitaires, pour venir se fixer, furtifs comme une révélation photographique, sur un coin de mur.

Une intention poétique fine, qui relie ces deux époques troublées et en pleines mutations que sont ce début de troisième millénaire, et la fin de la période médiévale italienne. Ne dit-on pas que la révolution numérique dans laquelle nous sommes engagés déjà de plain-pied en 2012, entraine une autre perception de la réalité, au moins aussi importante que l’arrivée de la perspective au Trecento (XIVème siècle) dans la représentation du monde ?… La différence étant que les artistes du Street Art, à Padoue comme partout ailleurs au monde, préfèrent de loin l’acrylique, qu’ils utilisent entre autres pour les pochoirs, ou encore les bombes aérosol à la fastidieuse technique de la peinture a fresco. Et ils n’utilisent pas forcément la perspective pour faire illusion de la réalité et ouvrir le mur vers des horizons lointains. Il leur suffit de nous surprendre, d’interpeller le passant en le sortant de ses pensées quotidiennes pour le tirer vers des ailleurs surréalistes, poétiques et parfois vibrants d’accents révolutionnaires.

Voici une galerie qui donne le ton de cette illustre cité artistique et intellectuelle italienne, en révélant son côté obscur, une affirmation de son engagement dans le XXIème siècle, aux accents un peu mélancoliques.

Florent Hugoniot © photographie et rédaction

Avec Alexandra Bourré

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2 commentaires pour Entre les murs de Padoue

  1. Alexandra dit :

    Je suis tout émue devoir ces photos…Et le referendum sur l’eau ? Tu nous en dis 3 mots ? AB

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