Après 5 ans de déambulations mexicaines et des millions de visages croisés, entraperçus, scrutés le temps d’une seconde ou régulièrement observés, parfois encore aimés, détaillés sous tous les angles et même traversés, je reste toujours surpris de la diversité des traits et des types de physionomies que ce pays, terre de métissages, donne à voir.
Ce n’est pas dans les publicités ou les magazines, soumis aux canons de beauté étasuniens (on dira encore caucasiens pour employer un terme des Gringos) qu’il faut jeter un oeil pour découvrir l’éventail des visages mexicains, mais bien dans la rue ou, parmi des inconnus de type européen, arabes et même chinois, des profils d’indiens natifs s’avancent fièrement – toltèques, mayas, zapotèques, huitchols, raramuris, etc. – et où toute la gamme de couleurs de peaux, de la plus mate à la plus pâle, se dévoile. La rue de tous les rythmes, la rue des piétons nonchalants ou pressés qui la dispute à celle des conducteurs, la rue des facades qui vous regardent.
Ce sera ici la rue de l’art urbain, un langage artistique qui met en scène la vie d’aujourd’hui dans un effet miroir, et qui sait si bien dire en montrant. Voici donc une suite de visages cueillis un peu partout dans ce grand pays ; des visages immobiles et inscrits sur les murs, les trottoirs, figés sur des devantures, visages divers et hétéroclites dans leurs traits comme dans la geste artistique. Ici une série de photos en noir et blanc collées régulièrement sur une vitrine à Torreón, là des graffitis à Puebla.à Ciudad Juarez, d’autres ailleurs dont j’ai oublié l’origine…
Voici la beauté banale, souvent rondouillette des Mexicains et des Mexicaines, un peuple apparemment heureux mais toujours à la recherche de son identité et tellement victime des apparences. Expressions selfiques immobilisées dans un présent si changeant, tendues entre mythes précolombiens et fuite en avant vers un futur virtuel, matériel et incertain.
Aquí y ahora – Ici et maintenant – ce mantra mexicain tant entendu ne peut plus occulter les grands défis de demain. Et pourtant, c’est un visage confiant et souriant, orienté vers toutes les lumières, celles de l’astre solaire ou lunaire, lumières de la ville et des écrans, reflets ou divines vibrations stellaires, que nous tendent ces enfants, ces hommes et ces femmes d’Amérique.
Florent Hugoniot
encore un article fort intéressant, bravo
🙂