Le spot de la plage du Boucanet

Bon sang que la mer était froide ce jour-là ! Cet été 2017, pour mon premier bain dans la Méditerranée depuis des lustres, la tramontane avait décidé de souffler trois jours durant sur les vignes et les vagues, gelant les étangs tout comme la Belle Bleue. Au moins le ciel était lavé, profond, et derrière la plage du Boucanet, entre la Grande Motte et le Grau du Roi, les bâtiments abandonnés de l’ancien centre de rééducation annexe du CHU de Nimes attiraient l’oeil et appelaient à l’investigation.

Situé en bord de mer, ce spot bien connu des street-artistes des environs ou de passage, vibrait ce jour-là de toutes les couleurs de ses graffitis. Cet ensemble architectural des années 50, constitué de différents corps disposés entre la plage et la route, est aéré, horizontal et de type fonctionnel. Il peut aussi faire penser à un hôpital désaffecté et faire verser dans le pathos, un espace ouvert aujourd’hui à tous les vents mais abritant encore quelques fantômes. Combien d’existences se seront croisées dans ce bel environnement hygiéniste avec l’horizon azur comme ligne de mire, impression accentuée par l’état d’abandon, les vandalisation et autres destructions du temps. Mais surtout par ces oeuvres criant la vie comme un manifeste, au milieu d’imaginaires odeurs d’éther, de souvenirs de corps et d’esprits enfermés dans des chambres, soignés, tranquilisés. Triste passé progressivement nettoyé par par les embrunts iodé et les dunes, mémoire pesante désintégrée par le soleil, la chaleur et le vent.

Petite ballade visuelle à travers ce paysage surréaliste, afin de rassasier ma soif de sensations. Peu d’oeuvres marquantes, plus généralement l’ambiance poétique du lieu suscite une excitation plus aventuresque qu’artistique. Intéressant aussi de voir l’évolution du spot à travers les photos publiées sur d’autres blogs, mis en lien ci-dessous.

Mais bou diou que la mer était froide ce jour-là, à vous couper les jambes !

Florent Hugoniot