
L’épreuve de la post-vérité
On se tâte parfois, on se pince en se demandant dans quel monde on vit :
- celui que supportent nos pas et écoutent nos oreilles, que nos propres yeux voient, et à partir duquel nous pensons et agissons en fonction du saisissement des éléments qui nous viennent, nous pénètrent via notre propre appréhension sensible des choses ; en effet, nous pouvons – ou nous pouvions, nous le croyions jusqu’à présent – avoir une image, une compréhension et une analyse du monde extérieur en fonction de différents critères d’évaluation personnels et internes, dont la mémoire, l’esprit logique ou rationnel, la connaissance et l’intuition.
- ou celui qui nous est offert par Internet, les réseaux sociaux et la sphère débordante de la communication, désormais elle-même majoritairement digitalisée ; un monde qui ne s’éfleure que du bout des doigts, sur le clavier ou l’écran, dans lequel on entre uniquement en esprit, en projection et en imaginaire, et qui nous propose une autre lecture de notre réalité, du monde, via des connections, des informations, des archives galopantes et des analyses externes. Mais aussi une relecture selon des intérêts qui nous sont de moins en moins personnels, dans une guerre de l’information de plus en plus intense.
Nous nous savions déjà trahis dans notre cheminement parmi le vaste monde et les complexes sociétés humaines, par nos biais cognitifs, nos histoires particulières, notre milieu socio-culturel, notre caractère et nos humeurs, grâce à certains philosophes : notamment Étienne de la Boétie et la servitude volontaire, Karl Marx et les conditions matérielles, ou plus récemment Pierre Bourdieu et la reproduction sociale (1). Au XXIe siècle, notre perception du réel reste biaisée par des acteurs en présence et en position dominante, et cette dissonance cognitive se maintient dans l’architecture capitaliste d’achat-vente ou de prédation d’espaces, dont une partie de notre cerveau disponible. Les médias, les gouvernements, les multinationales sont ces acteurs principaux, également les cartels, les religions prosélytes, les mafias et les sociétés secrêtes et leurs intérêts occultes, leurs idéologies.
Autrement dit, la compréhension de notre réalité se base-t-elle sur le présupposé cartésien « Je pense donc je suis. » – auquel on pourrait ajouter le préambule Je sens – et qui exprime le libre arbitre et la liberté individuelle occidentale, si chers aux théories libérales de la libre entreprise ? Ou sur des « j’aime » / « j’ignore » (ou encore « j’achète ou pas ?” pour le mode consumériste), avec la multiplication des affects et des émotions à l’infini ? La chaîne sentimentale de l’adhésion, de l’intérêt ou du désintérêt, dans l’univers augmenté, serait l’unique explication et validation du réel, enfermé dans le verrou du couple AMOUR/HAINE et la polarisation du débat public – et même du dialogue intérieur – entre Noir/Blanc, l’injonction soft à se ranger du côté du mal ou celui du bien, en fonction de la logique binaire 1/0, et en effaçant au final toute nuance dans le débat public ?
Le mirage technologique
On pourrait penser qu’au tournant du XXe-XXIe siècles, avec l’avènement du numérique et sa démocratisation, les ordinateurs personnels, l »accès facile à la Toile, chacun peut avoir accès à davantage d’informations et donc avoir une approche plus pertinente du réel et des mécanismes à l’oeuvre dans les sociétés humaines. Or, à défaut de retranscrire une image fidèle du réel, les nouvelles technologies nous permettent-elles de mieux penser notre propre réalité (pour la différence entre réel et réalité, lire Ceci n’est pas la réalité), de l’améliorer ou de seulement l’évacuer avec la production d’émoticones et de métadonnées, d’archétypes sociaux, l’adhésion à des artéfacts et à des affects positifs ? Bref, de succomber à toutes les sirènes virtuelles ?
Pourtant, une dictature du virtuel est en train d’étendre son ombre sur nos réalités respectives, désormais une synergie permanente entre monde réel et monde virtuel. D’aune part, la censure est de plus en plus pressante sur les réseaux sociaux et Google, moteur de recherche Internet ultra-dominant (2). D’autre part, des jugements de valeur tortueux et souvent injustifiables, des analyses en équilibres instables, des conclusions péremptoires ou biaisées sont donnés de fait comme vérités absolues par les ténors de la communication, ou comme refuges par la doxa. Il faudrait, pour comprendre cette évolution dramatiquement réductrice de la réflexion humaine, revenir à certains classiques du XXe siècle, celui de tous les totalitarismes à défaut de tous les aveuglements, et convoquer des lanceurs ou lanceuses d’alerte avant l’heure : Baudrillard et le concept d’Hyperréalité, partant de Gramsci et suivi par Gilles Lipovetsky avec la Postmodernité, la banalité du mal selon Hannah Arendt, le virtuel et la post-vérité avec Deleuze et Gattari, le conditionnement des masses et des individus avec Orwell et Foucault, mais aussi Guy Debord.
Et se ressaisir du scandale de Cambridge Analitica (3), parler du contrôle et de l’utilisation frauduleuse de nos données, convictions et pensées intimes, un vol de haute main rendu possible par les informations personnelles que nous fournissons aux GAFAM, mais aussi aux spams et autres formes d’espionnage high tech et industrielles, les fleurons de la nouvelle économie occidentale. Informations pouvant être revendues sans consentement des intéressés au plus offrant ou transmises au plus puissant et en toute impunité. La Justice et le milieu des avocats d’affaires a accompagné dans les textes cet autre accaparement du vivant. On peut faire confiance à la Justice bourgeoise pour toujours aller dans le sens de l’Histoire, celle des Winners et de ceux qui rafflent toujours la mise à la fin de la partie.
Cette surveillance de masse, actuellement renforcée avec la 5G mondialisée, peut tout naturellement être imposée aux populations pour des prétextes de risque de terrorisme ou soit-disant sanitaires, dans une pandémie présentée comme le Mal du siècle, par des gouvernements soit-disant démocratiques tels celui d’Emmanuel Macron en France, ou celui plus ou moins occulte qui contrôle toute l’UE.
« Sur le long terme, pour remporter au-delà de quelques batailles, il nous faudra encore multiplier nos voies d’actions – ne pas nous arrêter aux stratégies juridiques, mais gagner aussi le monde des idées et de l’imaginaire. D’abord, il nous faudra regarder comme formant un tout nos diverses luttes contre la dystopie technologique annoncée par nos gouvernants : reconnaissance faciale, drones, passe sanitaire, safe city, analyse comportementale, automatisation et déshumanisation des rapports sociaux… »
La Quadrature du Net (4)
Pour autant, il est clair que nous sommes entrés avec tellement de facilité et de confort dans le prêt-à-penser virtuel, qu’il nous sera difficile d’en ressortir, si nécessaire. Ainsi des liens hypertexte et des « contenus » appropriés à notre profil numérique, cet avatar virtuel qui semble vivre sa vie autonome dans le labyrinthe des circuits intégrés ; ces suggestions de connexion surgissent sur Facebook ou dans nos vagabondages sur Youtube, en fonction de notre historique de recherches sur Google ou de nos conversations sur messageries dites privées.
Même pour des raisons de survie et de mort, comme on nous l’assène depuis presque deux ans de coronafolie, il faut savoir sacrifier des pans entiers du savoir-vivre à la française, ou d’une certaine légèreté de l’existence chère à Kundera, pour sortir de ce nouvel état de guerre extérieure devenu intérieure et même intime : La France est en guerre, son président l’a annoncé dès le début de l’épidémie Covid-19, mais on a du mal à percevoir contre qui ou quoi, contre une épidémie mal gérée par les pouvoirs publics, contre la légendaire habitude française de manifester ou de faire grêve, contre ses supposées valeurs démocratiques, contre une population toute entière qui ne rentre pas dans le cadre de pensée étroit des néolib et les catégories de la Nouvelle économie, contre les apéros de rue ??… Il faudrait donc mourir un peu pour survivre au virus, ce qui résume parfaitement l’inversement des valeurs dans la novlangue de plus en plus en cours :
Vivre, c’est mourir. La mort (sociale, du commerce de ville, culturelle, de l’esprit critique, scientifique, des surprises du quotidien, des interactions directes), c’est la vie…
Une société d’associaux
On supposait que l’arrivée d’Internet, issu d’une technologie militaire étasunienne à la fin des années 1950, puis adapté à l’usage privé et étendu techniquement dans les années 1970-1980 et popularisé dans les années 1990, allait nous apporter plus de facilité de communiquer, et davantage de fluidité dans les rapports sociaux. On vient de se rendre compte que tout dépend de la période et du Zeitgeist (esprit du temps, Hegel).
Alors que le Web World Wide semblait ouvrir indéfiniment et pour une éternité un nouvel espace d’expression et de développement des activités humaines, tel un nouveau Far West mais sans Indiens à exterminer cette fois, il s’est petit à petit régulé aux lois du monde matériel et spéculateur des humains, et soumis au partage des nouveaux-nés du Web.2, les GAFAM (Google, Apple puis Facebook, Amazon, et bien-sûr Microsoft).

Or avec la crise sociale découlant de la crise sanitaire due au surgissement du virus SRAS-Cov-2 dans nos vies, avec les confinements et les limitations d’échanges réels remplacés par des interconnexions, des appels vidéos, des ateliers, classes ou réunions sur Zoom, Google Meet, de nouvelles habitudes communicationnelles et productives se sont mises rapidement en place, car l’être humain sait s’adapter. C’est même son principal outil de survie terrestre.
Effet qui a surtout donné une occasion en or pour les mastodontes comme Amazon et Delivery de prendre davantage de marges commerciales, amputées sur les échanges de proximité ; tandis que les cartes de menu au restaurant sont remplacés par des des Q Codes, les services administratifs et leurs guichets de plus en plus invisibilisés, éclipsés par un site à visiter obligatoirement – unique solution technologique – ou encore dans un monde de post catastrophe nucléaire où chacun se protège de tous, les services clientelles dans le privé sont remplacés par des voix mécaniques sur des interfaces téléphoniques, qui semblent habités par de rares employés en déhérence, comme punis par une épreuve réelle, celle de l’exposition directe avec le monde extérieur et parfois même, avec un(e) client(e) en chair et en os !
La finance dématérialisée poursuit son baroud d’honneur, préparant le lancement de la monnaie virtuelle globalisée. Elle continue de sabrer les bouteilles de champagne du fait de la grande forme particulièrement indécente de la dynamique néolibérale : celle qui conduit à une accumulation de capitaux toujours plus grande, afin que – cerise sur le gateau – des millionnaires puissent s’envoyer en l’air dans l’espace ; et avoir comme conséquence dans le monde réel que davantage de personnes se retrouvent dans la précarité, tombent dans les chausse-trapes d’une société humaine devenue de plus en plus inhumaine, cynique et cruelle. Mais cela ne passera pas à la TV ni sur nos écran tactiles.
Car malgré l’imposition d’une forme de censure de plus en plus agressive et intrusive, la société liquide et dématérialisée se doit d’être cool, positive et heureuse, multipliant de nouveaux désirs-mirages. Elle se doit aussi d’effacer elle-même les ratés, les morts collatérales, les restes des sacrifices ultralibéraux (lire Misères et sacrifices de la Coronafolie) et les tâches trop visibles de ce qui apparait, pour le Monde de Demain, comme un vilain crobard en 3D, bancale et sans structure. Désormais tout peut s’envisager en réalité virtuelle augmentée (publicitaire et enjolivée) grâce à la prise de pouvoir du scientisme sur le religieux (lire Le temps des nouvelles croyances) d’une manière totale ou provisoire. La mise en application à l’échelle humaine de la dictature sanitaire, un variante du fascisme comme pourrait l’être bientôt la dictature écologique, est désormais effective. On peut le constater avec cette nouvelle mode un peu moyenâgeuse qui consiste à s’enfermer chez soi pour se portéger de tout microbe et virus, et de porter en toute circonstance des cache-bouches. Rappelons-nous pourtant les récentes luttes inversées contre le port du voile islamique, au prétexte qu’un visage dissimulé ou semi-caché est un visage dangereux pour la République, susceptible de terrorisme. Nais surtout d’accepter définitivement le tracage de tous nos faits et gestes, le catalogage de notre santé (et la fin du secret médical), de nos choix politiques, de nos pensées intimes.
À monde idéal, être idéal
On est sommé de garder ses distances avec tout quidam, de se préserver de l’altérité. Car il s’agit avant tout de continuer à croire à la Fabuleuse Aventure de la Modernité, dans ce qui ressemble finalement à une mise au pas de toutes nos capacités et probabilités humaines, via les nouvelles technologies du numérique : algorythmes tout puissants, contrôle personnalisé au faciés (reconnaissance faciale), aux empreintes digitales, par la voix ou le fond de rétine, pour autoriser par exemple l’entrée dans un bâtiment, l’accès à un service administratif, à l´hôpital, à votre lieu de travail, ou à un espace virtuel tel que votre boîte mail. À l’image de celui mis en place en Chine, plus coercitif que le système de surveillance des USA, pionnier du genre urbis et orbis. Un système également développé en Israël, le pays qui compte le plus de start-up et licornes dans le domaine de la surveillance numérique et physique, et qui a une grande expérience déjà de la ségrégation. Ce virage carcélaire et néo-fasciste s’applique dans des démocraties emblématiques et réputées tolérantes, en Australie, au Canada et dans tout le bloc occidental dont l’UE, ainsi que chez les diverses dictatures du monde. Cela se passe en direct–live et en ce moment sur nos écrans.
En France, la mise en place au forceps par le gouvernement Macron du Pass sanitaire et l’application inévitable et quasi obligatoire de la vaccination anti-Covid pour ne pas être mis au banc de la nouvelle société réinitialisée, avec une injection intramusculaire en plusieurs doses (à redéfinir selon les besoins en liquidité des Boss et actionnaires de Big Pharma, des sociétés de surveillance informatique) à tous les citoyens français et même aux enfants, est un exemple frappant quant à l’immiscion du monde de l’information dans nos vies particulières : du contrôle des esprits, nous passons subrepticement au contrôle total des corps (en partie accompli aux XIXe et XXe siècles) avec celui de la chimie et du fonctionnement même de notre organisme, avec l’injonction d’abandonner nos choix de santé, notre dossier médical ou d’autres domaines de notre vie privée à d’anonymes collaborateurs de Big Brother.
Le Pass sanitaire, faux-nez de la vaccination obligatoire Covid qui ne peut pas dire son nom, est un objet politique de coercition sociale, bien plus que de santé publique. Le gouvernement Macron-mondialisé, associé à Google, Facebook et Twitter, veut TOUT savoir de nous, mais pour QUOI au fait ? Une segmentation de la population, une stigmatisation des réfractaires au pass sanitaire et à la piquouze ? Afin de créer de nouvelles catégories de gens qui ne comptent plus, après les sans-papiers et les immigrés, les pratiquants de l’Islam, puis les précaires, les prolos et les Gilets Jaunes ? De nouveaux ghettos mentaux, de nouveaux camps de concentration réels tel Calais ou certaines cités de banlieue exclues des pratiques républicaines et laïques, et à une échelle supérieure, Abu Ghraib en Irak, Gantanamo à Cuba, ou encore la bande de Gaza en Palestine ?? Mais possiblement, tout cela n’est qu’une oeuvre de salubrité publique, et les citoyens de la gouvernance globalisée, se dirigent à leur rythme, disciplinés et un peu apeurés vers une transparence post-démocratique éblouissante, telle la déflagration d’Hiroshima en 1945 dans un ciel d’été. Ce ne ne fut d’ailleurs pas une erreur de l’Histoire (la seconde guerre mondiale était alors perdue par les forces de l’Axe nazi-fasciste) mais un simple test militaire sur de simples mortels.
Quelle époque formidable, quoiqu’un peu sulfureuse, on vit !
Apprentis sorciers, docteurs folamour dans les labos, irresponsables et pervers narcissiques à l’Élysée, manipulateurs et vendus à la TV-Radio-France-nous-ment, bisounours et cobayes humains dans les rues.
Vaaaaaccinons, vaaaaccinons, il en restera bien quelque chose…
Rappellons tout de même le Code de Nuremberg (5) de 1947, toutjours valable en 2021, même si le principe de précaution élémentaire dans toute cette affaire Covid-19 est déjà passé par pertes et profits. Cet accord international, intervenu suite aux horreurs du docteur Menguele et ses assistants pratiqués dans les camps de concentration nazis, établi une liste de dix critères contenue dans le jugement du procès des médecins de Nuremberg (décembre 1946 – août 1947) qui précisent les conditions auxquelles doivent satisfaire les expérimentations pratiquées sur l’être humain pour être considérées comme « acceptables ».
Le premier article (sur les 10) commence ainsi :
« Le consentement volontaire du sujet humain est absolument essentiel. Cela veut dire que la personne concernée doit avoir la capacité légale de consentir ; qu’elle doit être placée en situation d’exercer un libre pouvoir de choix, sans intervention de quelque élément de force, de fraude, de contrainte, de supercherie, de duperie ou d’autres formes sournoises de contrainte ou de coercition (…) »
Or la campagne de vaccination mondiale à échelle 1, se pratique actuellement dans la phase 3 du protocole pharmaceutique, avant-dernière phase avant la finale, la 4, avec la mise sur le marché. Ce protocole inclu l’expérimentation des nouveaux vaccins à recombinaison génétique, tandis que la phase 3 est normalement encore circoncise aux laboratoires avec tests sur cobayes humains volontaires et en général rémunérés. D’autant plus que les laboratoires qui innondent par exemple la France de vaccins Pfizer ou Moderna, ont bien pris le soin auprès des gouvernements et des parlements, d’être dégagés de toute responsabilité quant aux possibles effets secondaires ou erreurs de laboratoire…
Comme la stratégie du gouvernement Macron est d’obliger à la vaccination sans l’imposer dans la Loi, cela signifie que l’acte de vaccination est un choix individuel et assumé : Big Pharma et la gouvernance mondiale occidentale dont l’OMS ne porteront aucune responsabilité concernant les ratés de l’expérimentation scientifique, ni les sacrifiés, de simples cas particuliers. À noter que les 4 seules marques de vaccin autorisées à ce jour en France sont toutes étasuniennes Pfizer BioNTech, Moderna, Janssen de Johnson&Johnson, AstraZeneca), aucune russe ou chinoise. Si on estime que la géopolitique ne joue pas un rôle dans la « crise sanitaire » en UE, c’est que l’épidémie d’aveuglement en cours est encore plus puissante que la pandémie de Covid.19… (6)
À ce stade, on se demande bien ce qui restera après la ou les piquouzes magiques réclamées à corps et à cri par tant de consommateurs soucieux des modes capitalistes et des portefeuilles des actionnaires : une population qui, pour retourner à « une vie normale » (c’est à dire pour que la bourgeoisie urbaine puisse retourner sans entrave au restaurant, au cinéma et au théâtre) ne trouvera jamais une immunité collective et effective contre la Covid-19, ses variants ou les autres virus à venir ; des gentils consommateurs, pas forcément en meilleure santé générale, qui recevront ou paieront régulièrement leur injection de survie ; sans parler du poison publicitaire pour le Nouveau Monde Virtuel, le Grand Reset, innoculé par voie psychologique, chaque jour via les différents canaux de communication (pour ne pas dire de propagande) qui est déjà le monde d’aujourd’hui. Ou espérons un jour, celui du passé.
Les rouages du 4e Pouvoir, les Médias, sont en effet totalement tombés ces deux dernières décennies sous la coupe du CAC40 et des millionnaires-actionnaires en France-UE. C’est donc au tour de la Santé publique de subir le relooking des marchés financiers et de Big Pharma. Et demain, ce sera le tour de l’Éducation Nationale, avec la formation des futures générations qui sera juste un formatage au Nouveau Monde Virtuel, avec des professeurs distributeurs de contenu et oublieux de l’esprit critique et analytique, mathématique, philosophique, sociologique. Même l’architecture de nos corps sera redessinée par les nouvelles technologies génétiques, sorte d’OGM pour humains, notre mental étant assez généralement conquis par la soumission morale, tandis que les récalcitrants, les moutons noirs-gris seront encore sacrifiés. Pour que les moutons blancs hygiéniques se sentent plus propres et responsables, préparés pour la Grande Braderie, la fin de l’insouciance de vivre.
Demain un labo inventera le vaccin contre la Mort et tous les nouveaux zombies iront se précipiter dessus. Histoire de croire que leur vie n’a pas basculé dans la pire science-fiction de série B, et qu’ils ne sont pas déjà des mort-vivants. Une dystopie que même Georges Orwell n’avait jamais osé écrire !
De l’Antropocène et ses alertes incessantes sur « la fin du monde » avec le réchauffement ou dérèglement climatique et ses effets bien réels, nous devrions plonger corps et âme dans la cyberréalité, notre unique solution de survie désormais. Ou comment l’instrumentalisation des peurs existentielles a préparé le terrain de la soumission aux nouvelles technologies – ceci étant le prétexte de la perpétuation des forces de dominations à l’oeuvre depuis la suprématie de l’Occident sur le monde, les pouvoirs capitalistes de l’argent et des idéologies racistes, classistes, voire fascistes.
La peur de la catastrophe climatique et qu’un jour le ciel nous tombe sur la tête, la peur des mouvements incontrôlés de la population dont les flux migratoires mais aussi les manifestations politiques, la peur du krach ou de la récéssion économique, du terrorisme, des maladies anciennes et surtout nouvelles, la peur de ne pas être finalement éternel grâce aux artefacts proposés d’une manière toujours un peu plus insistante, et finalement la peur de mourir un jour, avec le retour aux angoisses préhistoriques de la naissance, de la mort et de la conscience humaine…
Un certain pli idéologique que malheureusement les décideurs chinois, après avoir copié aux nord-américains et aux européens leurs produits manufacturés, leurs services commerciaux et financiers, sont en train d’appliquer, en avant-gardistes, à leur propre population, Comme d’autres décideurs en Occident. Étrange inversion des choses, dans un songe mi réel, mi-virtuel. Ou est-ce juste un cauchemar qui s’évaporera dans un futur proche ??
L’escalade du déni

C’est avec stupéfaction et sidération que les premiers Gilets jaunes, dans le courant de l’automne 2018, ont recu les charges violentes de la Police, des patrouilles volantes de CRS normalement destinées aux cités, ou des gendarmes, expérimenté les effets de nasse et les gaz lacrymogènes (à ce moment, comme pour le voile islamique, il était plutôt question de tomber le masque de protection, le casque de moto et la cagoule pour entrer sur le terrain des manoeuvres) au point pour certains manifestants de perdre un oeil ou une main. Les Flahs Balls, les munition LBD, qui ont tué et mutillé de nombreux manifestants en deux ans – des « effets collatéraux » plus que des bavures policières dans la novlangue – a pourtant été jugée inadaptée à l’encadrement policier et est théoriquement interdite par les instances judiciaires de l’UE. On espère donc qu’un jour les premiers couteaux de la macronie se présenteront en tant qu’accusés devant le tribunal de la Haye.
Le déni de réalité, pendant le mouvement des GJ a été immense dans les médias des millionnaires, et particulièrement visible dans les rangs de la gauche bourgeoise, afin de déconsidérer ou récupérer ce mouvement spontané de résistance citoyenne contre tant d’injustices, de mensonges obcènes et de décisions criminelles durant la mandature de Macron : les manifestants sont des fachos, des racistes, des antisémites, des homophobes, laids, sales et méchants, ils ne savent pas ce qu’ils veulent, sont gratuitement violents, etc.
Pourtant, avec des chants de manifestation, des clips à foison, des concerts, des graffitis, de la performance, de la peinture, de la sculpture, de la littérature, le mouvement des Gilets jaunes engendre une explosion créative revendicative monumentale. Non compilée institutionnellement, non validée par les médias de masse, elle témoigne d’une effervescence populaire et d’une nécessité de créer l’histoire en dehors des canaux dominants. (7)
Autre forme de déni qui a supplanté celui des GJ, le déni des risques et des effets secondaires de la vaccination à thérapie génique, à grande échelle dans le monde entier. Bataille des chiffres, confusions volontaires entre nombre de cas positifs et malades de la Covid-19, nombre de morts dans les maisons de retraite, l’efficacité du vaccin, le boycott ou l’interdiction d’autres types de thérapie, plus précoces, une thérapie génique avec ARN messager ou ADN, les vaccins étasuniens uniques produits de Big Pharma acceptés sur le sol français, la validité des test PCR, le nombre d’injections à faire, le rôle effectif des masques et la sournoiserie du Pass sanitaire, le soutien de l’activité économique qui est allé surtout aux champions du CAC40, le tout enrobé dans la censure des médias et des réseaux sociaux… C’est un festival !
Le déni du personnel soignant pendant l’épidémie Covid, applaudi un temps puis oublié, méprisé, pressurisé, culpabilisé et qui reprend le chemin de la manifestation ; ajouté à celui des sachants, chefs de services et des décideurs de la Santé publique concernant les décisions absurdes et criminelles de la macronie. Le déni de leur responsabilité en tant que collaborateurs d’un système dictatorial, et de la corruption dans le monde médical et des laboratoires.
Et puis s’il y a un déni, et pas des moindres, en politique dans la mouvance centriste-écolo-bobo-bien-pensant, celle qui finit toujours par voter comme il faut, c’est que le capitalisme, muté en néolibéralisme financier, est bien la clef de voûte du désordre climatique, des crises économiques successives et des inégalités, des fractures sociales, de la plupart des guerres en cours et de l’Antropocène, une formule déjà passée en désuétude puisqu’il faudrait parler de Capitalocène.
Le Larousse précise qu’au sens figuré, l’autisme est un « déni de réalité qui pousse à s’isoler et à refuser de communiquer, et, particulièrement, d’écouter autrui ».
« Les choses ont trouvé un moyen d’échapper à la dialectique du sens, qui les ennuyait : c’est de proliférer à l’infini, de se potentialiser, de surenchérir sur leur essence, dans une montée aux extrêmes, dans une obscénité qui leur tient lieu désormais de finalité immanente et de raison insensée […] Le réel ne s’efface pas au profit de l’imaginaire, il s’efface au profit du plus réel que le réel : l’hyperréel. Plus vraie que le vrai : telle est la simulation. La présence ne s’efface pas devant le vide, elle s’efface devant un redoublement de présence qui efface l’opposition de la présence et de l’absence. Le vide lui non plus ne s’efface pas devant le plein, mais devant la réplétion et la saturation. »
Jean Baudrillard (8)
Biais cognitifs et autres effets postmodernes




Un biais cognitif est une distorsion dans le traitement cognitif d’une information. Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité.
(Wikipedia)
« Le biais cognitif est un mécanisme de pensée à l’origine d’une altération du jugement. À cause des biais cognitifs, la prise de décision de l’individu sera faussée. D’abord étudiée en psychologie cognitive, la notion de biais cognitifs a été exploitée dans différents domaines. » (usabilis.com)
« En psychologie sociale, la dissonance cognitive est une théorie selon laquelle une personne qui se trouve confrontée simultanément à des informations, opinions, comportements ou croyances qui la concernent directement et qui sont incompatibles entre elles, ressent un état de tension désagréable. » (toupie.org) (9)

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »
Günther Anders, L’obsolescence de l’homme, 1956

Charmes et curiosités de la Novlangue
Pour définir le simulacre, Baudrillard cherche à cerner l’acte de simuler, par contraste avec l’activité connexe de feindre : « Dissimuler est feindre de ne pas avoir ce qu’on a. … Tandis que la simulation remet en cause la différence du vrai et du faux, du réel et de l’imaginaire. »
Ainsi, dans l’univers de la post-vérité, il n’y a même plus cette possibilité de dénoncer ou de critiquer une situation concrète avec des mots. La post-vérité est plus insidieuse et destructrice que le mensonge, qui appelle la vérité, puisqu’elle nie l’idée même de contradiction. Le terme post-vérité décrit une situation dans laquelle il est donné plus d’importance aux émotions et aux opinions qu’à la réalité des faits. Étymologiquement, le terme signifie l’existence effective et est traduit de l’anglais post-truth, apparu dans l’ouvrage de Ralph Keyes, The Post-Truth Era paru en 2004. Avec l’expression d’ère « post-vérité », il a été élu mot de l’année 2016 par le dictionnaire d’Oxford. (10)
La notion de post-vérité s’appuie sur l’idée selon laquelle il est plus facile de façonner et d’infléchir l’opinion publique en jouant sur les émotions et la démagogie que de s’appuyer sur des faits avérés. Ce qui est tout simplement une nouvelle forme de propagande et un outil du déni de certaines pensées dérangeantes, positionnements politiques et pratiques citoyennes, d’autres réalités gênantes et du réel tout entier. La post-vérité est la vérité de fait de tout totalitarisme, autrement dit de toute politique où l’idéologie tend à se substituer intégralement au réel.
On connait maintenant beaucoup de néologismes du Nouveau Monde Virtuel qui soutiennent le mirage de la post-vérité, et l’inversion faites de certaines formules courantes par nos gouvernances :
· « une Start-up Nation, performatif, les éléments de langage, l’islamo-gauchisme, la mouvance rouge-brun, les anarcho-syndicalistes, des casseurs, des Fake news, l’ancien monde, les jours heureux, libérer les énergies, le monde d’après, les premiers de cordée, les sans-dent, l’État d’exception, la sécurité globale, l’extrême-centre, mon ennemi c’est la finance, le nombre total de manifestants samedi dernier était de… », entre autres pour ceux, si nombreux issus du monde politico-médiatique. À compléter avec le fameux et fumeux « en même temps » macronien mis à toutes les sauces…
· « une pandémie, applanir la courbe des décès, le taux de mortalité, les gestes barrières, un vaccin, un Pass sanitaire, un porteur asymptomatique, un variant, la santé publique, le monitoring, la crise / la dictature sanitaire, du fact-checking et des données brutes, une étude en double aveugle randomisée, les rassuristes, les complotistes / les anti-complotistes, la bienveillance, la résilience » pour la coronafolie et la santé en général, dont la mentale.
· « Faire des réformes, la flexibilité de l’emploi, les charges sociales, la protection des intérêts commerciaux, l’utilisation des données personnelles, la flax-tax, une entreprise innovante, l’éco-tourisme et les industries vertes » pour la campagne néolibérale unilatérale.
· « L’écriture inclusive, les racisés, les Indigènes de la République et les décoloniaux, le Nouveau Féminisme, un facho, la convergence des luttes, les rond-points, le convivialisme (11), le confusionisme » pour la mouvance de la gauche bourgeoise.
Jolis mots que nous servent entre autres médias de la fabrique du consentement, Médiapart, ce journal qui a participé activement et d’une manière peu cavalière à l’accession de Macron au trône présidentiel en 2017.
Le rôle subversif de la presse gauche-droite néolibérale
Le confusionnisme est tout particulièrement une spécialité de Philippe Corcuff et Philippe Marlière (12), deux penseurs du sérail plénelien, dans la campagne perpétuelle que ce journal en ligne mène pour préserver les intérêts géopolitiques étasuniens, israéliens, néocons et ceux des magnats et néolib bleu blanc rouge. Ces deux universitaires qui ont aussi leurs rond-de-serviettes à l’Obs – cet hebdomadaire qui a congédié sans ménagement Aude Lancelin, ensuite passée par Le Média pour finalement fonder QG (Quartier Général), le média libre. Ils servent régulièrement leurs développements amphigouriques sur le Club Médiapart, toujours en accès libre. Éric Fassin – journaliste de l’Obs également (13) – est invité à y recentrer le débat sur le racisme autour d’une dualité (vivement dénoncée dans le fil de commentaires à ses articles) : le racisme serait une perversion idéologique et coloniale des « blancs » tandis que l’anti-racisme serait le privilège des autres coloured people et de certaines religions. Ainsi comme dénoncer l’Islam intégriste présnt dans les banlieues, ou des traditions réactionnaires, sexistes et homophobes, serait un acte de racisme… une essentialisation du débat en cours en France et aux USA, où factuellement tout n’est pas tout blanc et tout noir !
Le Club Médiapart reste cependant une mine de renseignement sur notre époque ; le coeur de cible des abonnés étant la gauche de droite, le centre-gauche, les ex-socialistes largués et les libertaires libertariens ; les marxistes à la retraite et les militants LFI encore convaincus ayant pratiquement déserté ou été expugnés du Club ! (lire Espoir, grandeurs et deceptions au pays des Médiapartiens)
Je conseille également la lecture régulière des articles du site Le Grand Soir ; la presse des milliardaires (Le Monde, Libération, l’Express, Ouest France et toute la presse régionale officielle) ne méritant même pas d’être évoquée. Relisons plutôt ceux qui ont prophété ou décortiqué cette Novlangue qui s’étale partout dans ces journaux et qui est actuellement très en vogue dans la société :
« Il était entendu que, lorsque le novlangue [la nouvelle langue] aurait été adopté une fois pour toutes et que l’ancilangue [l’ancienne langue] serait oubliée, une idée hérétique […] serait littéralement impensable, du moins dans la mesure où la pensée dépend des mots. » (1)
Georges Orwell, 1984

« La vie de l’esprit consiste en un va-et-vient entre la pensée
et son expression langagière. »
Jacques Dewitte, Le Pouvoir de la langue et la liberté de l’Esprit, 2007 (14)
La caractéristique de la dictature qui se met en place en France et dans la gouvernance mondialisée, est d’empêcher de penser le réel par de subtils glissements de sens et des réalités ou des démonstrations tronquées qui semblent rationnelles, alors qu’en prenant un peu de recul et en croisant les faits, ce n’est plus le cas.
« C’est le monde d’Orwell, les mots ne veulent plus rien dire. Ou bien, s’ils veulent dire quelque chose, c’est le contraire de ce qui est dit […] Les mots nous sont volés à tout instant. Voilà comment il faudra les réinventer » s’indignait Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne des élections européennes. (1) Il serait cependant remarquable, afin d’être plus crédible, que l’outsider de la Gauche et ex-membre du PS, qui vise pour la troisième fois les fonctions présidentielles de la Ve République en mai 2022, applique le principe de démocratie directe dans son propre parti politique, LFI aux statuts et contours toujours gazeux. Lui et son équipe de députés, les nombreux militants participants au programme l’Avenir En Commun, proposent en effet aux citoyens français la fin du statut monarchique du président avec l’avènement d’une VIe République, ainsi que des mandats révocables en cas de mensonges électoraux, corruption avérée et fraude politique. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, effectivement. On apprécierait que logiquement, les bonnes actions suivent les belles paroles.
« Tout doit changer pour que rien ne change. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le Guépard, 1958

Tout ça ne tient qu’à un fil
Fil du funambule, de l’équilibriste, ou fil à la patte et fils du marionnettiste ? Fil des conversations qui se perdent dans le vide sidéral de l’époque. Réseau de cables Internet, qui transmettent sous les mers et les océans un flux d’informations quotidien, ininterrompu…
C’est le fil du langage, que ce soit à l’oral ou à l’écrit, qui nous fait tenir debout et avancer en tant qu’être pensants et agissants. C’est toujours le langage qui fait de nous des êtres sociaux et politiques au bon sens du terme, c’est à dire responsables des affaires de la Cité. Il est donc souhaitable de ne pas perdre le fil de notre propre narration personnelle ni de se mélanger les fils dans le méli-mélo de cette période trouble et confuse. Un grand chamboulle-tout qui se définit et se vend avec des “après”, des “nouveaux” et des superlatifs “performatifs”, dont la réalité augmentée, le Monde d’après, l’Homme Nouveau (cette dernière, la formule préférée des dictatures du XXe siècle), faisant ainsi croire par la magie de néologismes, souvent forgés par des penseurs autrement critiques et visionnaires que les imposteurs qui les reprennent en choeur dans leurs discours lisses et policés, que le personnel politique actuel, totalement acquis au néolibéralisme et au productivisme – donc à ce que les formes modernes d’esclavage matériel et psychique persistent – souhaite dépasser le cadre de l’Histoire et figer le temps indéfiniment dans la foi au virtuel et aux solutions technologiques. Un peu comme dans le film Un jour sans fin, où le personnage interprété par Bill Murray est condamné à revivre éternellement la même journée.
Le fil du destin des sociétés modernes occidentales à beau être pour l’instant suspendu à un virus capricieux ou à une énième crise financière, je conseille vivement de revenir aux bases de la construction de la pensée, aux sources du langage, à la méthodologie et aux arcanes de la linguistique, de la logique grammaticale et particulièrement, pour la langue francaise, si belle et toujours aussi séduisante dans le monde, à ses articulations sémantiques, ses nuances et ses fulgurances. Car le langage peut aussi devenir, en rhétorique ou dans les slogans des manifestations, une arme des plus complexes, désarmante et incisive, un outil fondamental de résistance. Il fait encore partie du domaine public et résiste de lui-même à l’écume des jours, car le langage est d’une créativité, d’un humour parfois et d’une fluidité débordante pour toutes les formes de totalitarisme, dont le néo-fascisme. Prenons-en de la graine et profitons-en, utilisons-le à bon escient !!
« … le résultat d’une substitution cohérente et totale de mensonges à la vérité de fait n’est pas que les mensonges seront maintenant acceptés comme vérité, ni que la vérité sera diffamée comme mensonge, mais que le sens par lequel nous nous orientons dans le monde réel – et la catégorie de la vérité relativement à la fausseté compte parmi les moyens mentaux de cette fin – se trouve détruit. »
Hanna Arendt, « Vérité et politique », dans La crise de la culture, folio poche p. 327-328 (15)
C’est avec cette dernière citation que je conclue ce texte, en espérant que la floraison de la parole ici présentée portera ses fruits pour une méditation qui s’impose, avec deux questions toujours pertinentes, parfois brûlantes :
xxxxx
Comment définir ma réalité ?
Qui détient les clefs de la narration du réel ?
xxxxx
Florent Hugoniot
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NOTES
(1) : https://www.cairn.info/revue-ballast1-2015-1-page-88.htm
(2) https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/300821/voulez-vous-vraiment-quitter-youtube-oui
(3) https://www.bbc.com/mundo/noticias-43472797
(4) : https://blogs.mediapart.fr/la-quadrature-du-net/blog/140921/les-drones-reviennent-nous-aussi
(6) : https://espanol.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/vaccines/different-vaccines.html
(7) : http://www.flashebdo.com/2019/07/alternatives/gilets-jaunes-la-puissance-creative
(8) : https://www.cairn.info/revue-lignes-2010-1-page-37.htm
(9) https://www.toupie.org/Biais/Dissonance_cognitive.htm
(10) : https://www.toupie.org/Dictionnaire/Post-verite.htm
Définition Biais cognitif
(11) : https://blogs.mediapart.fr/les-convivialistes/blog/030921/billet-n-1-pourquoi-un-blog-convivialiste
(12) : https://blogs.mediapart.fr/philippe-marliere/blog/100921/france-un-zeitgeist-neofasciste
(13) https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/blog/090621/qu-est-ce-que-le-racisme-la-definition-en-proces
(15) : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-essais/La-crise-de-la-culture
AUTRES SOURCES
https://blogs.mediapart.fr/nathalie-coulvier/blog/130519/la-mise-mort-du-langage-de-lautre
Obligation vaccinale : FO manifeste pour refuser la suspension de soignants de l’AP-HM
https://www.illustre.ch/magazine/manquons-recul-face-aux-potentiels-effets-indesirables-vaccins
https://rumble.com/vmrbpv-le-directeur-dune-entreprise-funraire-sexprime.html
Petite vidéo d’actualité pour aider celles et ceux qui se heurtent à la dernière grossièreté en vogue de la part des personnes qui ne tolèrent pas le débat d…
youtu.be
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Article du Monde Diplo de septembre 202, Pierre Rimbert.
Extrait :
« Sous-traiter les infrastructures sociales aux entreprises de la Silicon Valley paraît d’autant plus incongru que leurs fondateurs, presque tous des jeunes hommes esseulés et taciturnes issus de milieux sociaux favorisés, ont rarement manifesté une prédilection pour l’attention aux autres, les relations sociales épanouies, les amitiés chaleureuses, les enthousiasmes collectifs. Tout au contraire : la sous-culture geek, teintée d’introversion et d’une masculinité frustrée endémique sur les forums de jeux vidéo, valorise l’absence d’empathie. Elle révère un panthéon peuplé de dieux atteints d’une forme légère d’autisme, tels les milliardaires libertariens Elon Musk, patron de Tesla, Peter Thiel, cofondateur de Paypal, et bien d’autres non officiellement diagnostiqués. Au point qu’un journaliste du magazine Wired, alors bible mensuelle de la Silicon Valley, rebaptisa en 2001 le syndrome d’Asperger « syndrome du geek » : « On en plaisante souvent dans le secteur : nombre des programmeur purs et durs employés au sein de bastions informatiques comme Intel, Adobe et Silicon Graphics, qui commencent à travailler dès l’aube et rentrent chez eux tard le soir, qui codent des heures d’affilée en avalant des litres de soda, résident quelque part dans le domaine d’Asperger (3). » Les personnes affectées par ce trouble connaissent de profondes difficultés sociales liées à leur incapacité à saisir le langage non verbal qui forme la toile de fond des relations interpersonnelles, mais elles manifestent des aptitudes parfois exceptionnelles dans les domaines qui figurent au petit nombre de leurs centres d’intérêt. »
https://www.monde-diplomatique.fr/2021/09/RIMBERT/63484
« L’oracle Zuckerberg nous prédit notre avenir en nous fabriquant un futur fait de metaverse. Effets d’annonce pour investisseurs, certes mais aussi nouveau réseau qui se combinera à la 5G et aux objets connectés pour ne rien changer à son/notre modèle économique. »
://blogs.mediapart.fr/dominique-g-boullier/blog/291021/meta-quand-zuckerberg-nous-programme-un-autre-monde
Excellent article de blog, sur le transhumanisme qui a déjà passé le seuil.de nos portes et police notre imaginaire :
https://blogs.mediapart.fr/le-blog-de-boris/blog/291121/la-democratie-sans-laissez-passer-limpasse-technologique
« Au final, nous sommes tous tombés malades du Covid : dans la chair – pour de bien trop nombreuses personnes -, mais aussi dans les esprits, chacun à des degrés divers tiraillés par la peur, l’angoisse mais aussi la défiance. L’esprit autant paralysé que le corps. »
https://blogs.mediapart.fr/edition/covid-19-penser-notre-monde-covide/article/091221/tous-et-toutes-malades-du-covid-19
https://anthropo-logiques.org/une-societe-en-pleine-decadence-par-michel-maffesoli/
« Une société en pleine décadence », par Michel Maffesoli, Professeur émérite à la Sorbonne
Michel Maffesoli nous livre un texte direct et panoramique sur la décadence de notre société que suscitent nos élites. A force d’être obsédées par la morale et par une étiquette de cour, ces élites se sont détournées de flux du vivant et entretiennent une vision artificielle de la société dont le seul destin est de disparaître.