Le MACO, dernières expositions

Le Musée d’Art Contemporain de Oaxaca est un des lieux culturels les plus prestigieux et renommé de la ville. Ou plutôt aura été, car cet espace d’exposition voulu, géré et suivi de près par Francisco Toledo, grand artiste oaxaqueño disparu il y a deux ans, est l’objet de rivalités pour garder en l’état la structure ou la remplacer par un autre projet, pas forcément artistique. En effet, le MACO se situe dans une magnifique villa à double patio du centre-ville, qui est désormais devenu une proie pour les investisseurs immobiliers et les acteurs principaux de l’industrie du tourisme au niveau local.

C’était un lieu incontournable du parcours artistique, situé sur l’allée piétonne de la Calle Alcala. J’y ai vu de très belles expositions, notamment celle de Siegrid Wiese, une peintre mexicaine vivant à Oaxaca, dont deux toiles grand format illustrent Mots animés, la voix est libre. Voici la présentation de la philosophie générale du MACO :

Notre histoire – À propos du MACO

Depuis son inauguration en 1992, le Musée d’Art Contemporain de Oaxaca a fondé ses actions sur la conviction qu’il est possible de réaliser une synthèse originale, harmonieuse et de grande signification communautaire, avec des éléments actuels des traditions régionales et des réalisations de la culture mondiale contemporaine. À la lumière de cet objectif, ses actions et le contenu de sa programmation ont été définis. En effet, le jeu de contrastes et d’affinités qui se joue entre le programme d’expositions cosmopolite et d’avant-garde, et la noblesse sévère et ancienne du site qui l’accueille, amène le spectateur attentif et sensible à considérer l’importance de travailler ensemble pour harmoniser nos aspirations de modernité avec les traditions que nous ont léguées les multiples communautés qui composent le tissu humain du Mexique.

Le message que le MACO transmet, à travers ses installations et activités, où le présent et le passé peuvent être intégrés dans une expérience précieuse et originale, a une pertinence particulière dans le domaine de Oaxaca; la richesse et la diversité culturelle de cet État recèle un potentiel énorme qui, plus qu’un motif de désagrégation, devrait être un facteur important de développement social. Le MACO, en plus d’être un espace pour la célébration de la beauté, de la liberté et de l’imagination, se définit comme une institution éducative dont le but est de stimuler la réflexion, l’analyse et la discussion afin d’enrichir la vie communautaire.

Le Maco, fin de partie ?

C’est un objectif qui a été atteint, par exemple avec l’exposition Bajo la boveda Azul, mais qui est en passe d’être mis sous le tapis. Malheureusement, cette fenêtre sur l’art contemporain, de niveau international mais incorporant largement pratiques artistiques et artisanales, est en train de se refermer. Le personnel qui gardait les salles, des étudiants et jeunes employés, a fait une longue action de protetation collective du fait du non-paiement de leurs salaires pendant  presque un an, de blocages de toutes sortes, de problèmes administratifs et de direction. L’atelage mis en place par Toledo et ses proches collaborateurs n’a pas survécu longtemps à sa mort, du fait de rivalités internes, d’intérêts divers dont financiers et de trahisons.  Depuis, l’Art, entendant la générosité, la beauté du geste et l’expérimentation artistique, est en deuil à Oaxaca.

Voici un communiqué datant du 19 mai 2021, jour international, publié sur la page Facebook du MACO, un message émanant du collectif de travailleurs en lutte pour sauver leurs emplois, mais aussi la vocation première de l’institution culturelle :

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“Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des musées, nous souhaitons inviter tout le public à partager ses photos au MACO, pendant l’une de ses activités ou expositions, dans ses cours ou dans ses salles.

Célébrons également tous les éléments essentiels qui participent à la construction des musées et leurs propositions : leurs collections, leurs travailleurs, leurs collaborations avec des artistes, curateurs, critiques, écrivains, etc. Pour le projet muséal du MACO dirigé par la directrice Cecilia Mingüer, toujours à la recherche de l’inclusion et de l’ouverture à d’autres façons de penser et de créer, à partir des divers discours de l’art contemporain, les pratiques ancestrales de nos communautés, l’activisme, etc., ont fait partie de la consolidation du MACO comme un forum importantpour la diffusion des idées.

Le MACO a plus d’un mois pour rester fermé par la myope et violente table ronde de l’Association Civile Amis du MACO.

La violence, la misogynie et l’orgueil de l’Association civile Amis du MACO vont clairement à l’encontre de la vocation de notre cher MACO. Rubén Leyva, José Luis Bustamante del Valle et Mayella Audelo ne nous représentent pas, ils ne pourront jamais comprendre les principes humanistes de la culture et de l’art.”

Les travailleurs du MACO

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Les artistes conscients soutenons les travailleurs du MACO – L’art se fait tous les jours

Ce conflit ne s’est pas résolu dans la consiliation, le petit personnel a été littéralement mis à la porte, au petit matin de forcé, exclus finalement de l’espace qu’ils occupaient pacifiquement depuis des mois en assurant l’accueil et l’organisation des ateliers et la surveillance des expositions encore en cours. Les communiqués sont contradictoires, il y a des manoeuvres sous-terraines de prise de pouvoir, et on ne sait pas à quoi se dédiera réllement le MACO à l’heure actuell. Il est à craindre qu’il perde son statut de musée à structure publique et associative.

C’est dans cette même période que la Casa de Cultura, autre lieu culturel populaire et très fréquenté, une Maison de la Culture avec des classes d’art plastique, de musique et de danse, a fermé définitivement, l’espace ayant été donné en concession pour plusieurs années à des investisseurs privés. L’offre culturelle, aussi bien populaire qu’élitiste, s’étiole dans cette ville face au développement touristique à pas forcés et aux projets immobiliers en relation. Un grand gachis au regard des efforts effectués par les artistes et amateurs d’art engagés, Toledo en premier lieu, pendant les décennies précédentes.

Pour autant, je vais traiter ici des 3 dernier événements artistiques avant fermeture au public.

1 – XIXe Biennale Rufino Tamayo 2021

C’est la 19e édition de la cette événement, avec ue sélection d’une quarantaine d’oeuvres d’artistes de plus de 30 ans, surtout mexicains mais aussi étrangers vivant à Oaxaca.

Dans le diaporama ci-dessous, quelques oeuvres qui ont retenu mon attention :

Légendes oeuvres :

Jorge Bordello

La llegada de Hernán Cortés a Tlaxcala o la invención de México, 2019 – Pintura acrílica y semillas, cera de abeja – 100×100 cm

José Alfredo Gallegos Mena

TAAF I, 2020 – Fumage sobre barro cocido sobre madera – 98×98 cm

Gloria Isabel Rivera Blanca

Not your exotic, 2020 – óleo, acrílico, café, cacao y hoja de oro falso sobre tela – 127×127 cm

Diego Fernando Rodarte Planter

16 iágenes encontradas en Instagram con el hashtag: México 2020 – olea, tela sobre soporte rigido – 160×120 cm

Quirarte + Ornelas

Extrapolación 46, 2020 – acrílico sobre tela, políptico 4 piezas – 200×160 cm

Plionio Humberto Avila Márquéz

Plaza de las Tres Culturas, 2018 – acrílico sobre lino – 200×165 cm

Diego Narváez Herrasti

Edición de Cine VI-Bucareli, 2020 – óleo sobre tela – 125×120 cm

Francisco Armando Rangel Flores

Fuera de Lugar, 2020 – 118×90 cm

Davis Birks (Mención Honorífica)

Paisajes Reconstruido no. 10, 2019 – 14×16 cm

Yummis Partida Duarte

Arribar por tierra, 2020 – acrílico diluido en agua de mar de la playa de brucerias, sobre tela en bastidor rígido – 60×80 cm

2 – Una trilogía de cuevas

Resilencia tacluache – vidéo – Naomi Rincón Gallardo

Dans l’espace dédié aux projections, j’ai decouvert le travail d’opéra numérique de Naomi Rincón Gallardo, impressionnant et déjanté. Voici une présentation de la curatrice de l’exposition :

“Une trilogie de grottes imagine l’inframonde à travers trois projets multidisciplinaires en vidéo : Le voyage de formol (2017), Sangre pesada (2018) et Resiliencia tlacuache (2019). Dans ces trois opéras contemporains, Naomi Rincón Gallardo (en collaboration avec d’autres créatrices, compositeurs, chanteurs, chorégraphes et performers) donne vie à un ensemble de personnages qui, par le biais de fables, représentent la dévastation engendrée par les pratiques extractives de sociétés transnationales opérant au Mexique. Trois espèces endémiques mexicaines – respectivement un ajolote, un colibri et un tlacuache – racontent ces trois histoires. Leurs péripéties et récits reflètent les changements abrupts de ces paysages exploités qui sont, en outre, les habitats qui leur ont été spoliés.

Des rapports récents estiment qu’au cours des deux dernières décennies, sans tenir compte d’autres métaux, seul le volume d’or extrait du sol mexicain a quintuplé par rapport à celui extrait au cours des trois cents ans de vice-royauté espagnole. Cette donnée met en évidence le territoire en tant qu’agenda politique. L’exploitation illimitée entraîne des dommages écologiques, l’accaparement des eaux, la faillite de l’organisation locale et l’augmentation du harcèlement, des disparitions et des assassinats de défenseurs communautaires. Ainsi, des montagnes entières disparaissent après que les machines de ces corporations les creusent imparablement jusqu’à en extraire le dernier gramme de métal, éliminant des écosystèmes et des enclaves d’une haute valeur symbolique et environnementale collective.

Le monde souterrain dans Une trilogie de grottes est ce monde mytho-poétique dans lequel l’implique de la terre se fait entendre, tout comme les gens qui ne sont plus vivants. Ces agents racontent des histoires sur le désir et la pulsion de la vie, et non sur le mal et la perte.

  • Le voyage de formol représente une offrande et un hommage à Beatriz Alberta « Bety » Cariño – défenseuse du droit à l’autonomie des peuples indigènes, des droits de l’homme, de la souveraineté alimentaire, et la gestion communautaire des eaux et des terres – tuée en 2012 dans une embuscade paramilitaire.
  • Dans Sangre pesa, tourné à Zacatecas, un colibri réinvente ses routes migratoires parce que les collines qui l’abritaient n’existent plus, alors que différents personnages donnent corps et témoignage sur l’aridité que laisse l’exploitation minière après que l’on ne puisse plus rien extraire.
  • Resilencia tacluache a comme point de départ l’épisode où l’avocate et activiste de San José del Progreso, Ocotlán, Rosalinda Dionicio survit à un attentat. Loin de diminuer son activité, cette expérience a stimulé sa lutte pour la défense du territoire avec différentes communautés de Oaxaca.

Les paroles des chansons, les récits, les personnages et l’iconographie des costumes dans la trilogie proviennent de conversations avec des acteurs impliqués dans ces histoires, avec des philosophies et des littératures féministes, et des conceptions du temps, des cosmovisions mésoaméricaines. La salle un du musée est dédiée à montrer les procédés plastiques et d’assemblage impliqués dans la production de ces mises en scène. Une trilogie de grottes remarquable qui, pour résister aux nécropolitiques de notre temps, la sororité, l’humour, l’érotisme et le désir sont des forces vitales et nécessaires.”

Carmen Cebreros Urzaiz , curadora

3 – Tú de mí, yo de ti / colectiva mujeres / feb 2021 MACO

Siegrid Wiese – eau forte

C’est un collectif d’artistes femmes et féministes, avec la proposition de faire dialoguer des binômes d’artistes à travers le choix, la présentation et le commentaire au sujet de l’oeuvre de l’autre. Ainsi de Sigried Wiesse avec Judith Romero. Le lien sur cette page Facebook donne davantage d’informations.

Judith Romero – photographie
Judith Romero et Siegrid Wiese

Florent Hugoniot

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 SOURCES

http://naomirincongallardo.org

https://www.oaxacaevents.com/10/23/2020/online-trilogy-of-caves-una-trilog-a-de-cuevas/

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Un commentaire pour Le MACO, dernières expositions

  1. Boris dit :

    déplorable: des victimes collatérales de plus de cette pandémie qui n’en finit pas.

    Tres intéressant: je fais passer á ma fille, merci de ce partage.

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