Sachant que le Street art est un mouvement artistique éphémère à l’origine, et donc intégrant sa caducité, je vous propose une plongée dans l’espace-temps des rues parisiennes, un parcours libre plutôt localisé dans les quartiers nord et est de la capitale (Xe, XIe, XIIe, XIIIe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements) dans le courant de l’année 2014. Conçu pour ne durer qu’un temps, parfois après en avoir effacé d’autres, en se superposant, les œuvres de street art tirent leur essence et leur intensité particulière de ce fait temporel. Certes elles correspondent à un environnement particulier et dialoguent avec l’espace urbain dans lequel les artistes les ont placées – raison pour lesquelles les grandes œuvres « mondialistes » et consensuelles, hors temps et géographie, qui tournent en boucle sur Facebook ne m’intéressent que très rarement – mais aussi à une époque, un thème, une actualité, une température, un instantané de vie urbaine, une empreinte sociale et culturelle.

Des manifestants sont dans les rues de Narbonne le dimanche 09 Novembre 2018, contre laugmentation des prix du carburant. Une première manifestation avant celle du 17 Novembre. Photo DR
Nous avons vu comment le dernier mouvement politique des Gilets jaunes en France, à cheval entre 2018 et 2019, a inspiré de nombreux slogans chocs, quelques images fortes en direction des journaux télévisés, et pourtant de rares tags et graffitis rudimentaires, peu de production artistique jusqu’à aujourd’hui, en attendant d’autres plus conséquentes à venir (lire Le surgissement des Gilets jaunes à Oaxaca) tandis que celui né à Oaxaca en 2006 (Front artistique à Oaxaca) a produit de nombreuses gravures et œuvres murales de très belle facture. On n’en déduira pas que les street artistes mexicains sont plus doués que leurs camarades français, mais que certains sujets sont plus déclencheurs et fédérateurs que d’autres. Ainsi la créativité de la scène parisienne s’affiche d’une manière diverse et toujours régulière, dans des actions individuelles avant que d’être collectives. Des associations et collectifs d’artistes proposent parfois des rencontres locales ou internationales où il s’agit surtout d’un concours de talents à s’approprier un espace (In Situ Art Festival, Fort d’Aubervilliers, été 2014).
Ce sont des événements publics culturels se développant et s’exposant dans des immenses espaces, initialement absolument pas dédiés à l’expression artistique, et pour un temps souvent court et déterminé en fonction de la destruction du site ou des immeubles. Ces événements viennent quelquefois en soutien à une cause ou en hommage à d’anciens moments forts du street art (In Situ Art Festival, Fort d’Aubervilliers, été 2014), ou encore à des personnalités particulières, ce qui est déjà plus rare.
Mais ici rien de cela, pas de prétexte à cette floraison de graffitis et de collages, c’est juste la ville qui parle, des sensibilités qui s’affichent dans ce Paris bouillonnant d’énergie, du moins qui tente de résister toujours et encore à la frénésie immobilière, à la marchandisation du vivant et et à la disparition/neutralisation, l’embourgeoisement progressif de tout ce que Paris compte encore de zones populaires. Ce sont des expressions artistiques disséminées dans la ville au gré de la volonté de leurs auteurs, et on y retrouve beaucoup de cette force, mais aussi de cette verve et de cet humour particulier, détaché, qui a construit l’image du parigot, du Paris populaire.
En espérant que ce trait de caractère subsiste toujours demain, après le passage du rouleau compresseur ultralibéral signé Macron et contre lequel se battent les Gilets jaunes, voici une jolie sélection de photos faites uniquement avec mon regretté IPhone entre mon premier séjour touristique au Mexique et mon deuxième, toujours en cours, en tant qu’enseignant de FLE. Une année et demie de préparation pour retourner dans un pays que j’adore, et qui me permet de dire que j’ai aujourd’hui deux amoooouuurs, mon pays et Paaaaris 😉
Voilà, les temps et les ambiances changent, je n’ai pas retrouvé une si fraiche énergie, si diversifiée dans ses formes, lors de mon dernier séjour par rapport à celle déposée sur les murs de la capitale en 2014. Cependant, la récolte fut belle pour cet été 2018 (lire Street art autour du bassin de La Villette, été 2018). Et puis J’ai dû, pour cause de vol à l’arraché à Montpellie, le soir de la victoire de l’équipe de France au Mondial, changer in extremis de smartphone. Peu désireux d’investir 1000 € pour un nouvel avatar d’Apple, j’ai joué petit budget (plus de 100 € tout de même pour un modèle basique) et malheureusement j’ai fait mauvaise pioche en investissant dans un modèle Altice, vendu par SFR. Quelle déception, cet appareil a une très mauvaise réception, idem pour la qualité de l’écran et du son, l’horreur niveau ergonomique, une capacité de mémoire qui s’étiole, une charge lente : c’est sûr, passer de la Rolls Royce du numérique à une petite voiture en plastique, un gadget commercial vendu comme une marque de confiance, cela fait tout bizarre. Déjà que j’avais eu des déboires avec SFR à mes premières années d’abonnement portable, cette fois-ci je suis devenu complétement allergique à la firme de Patrick Drahi, escroc notoire s’il en faut. Ce qui ne veut pas dire que j’adule Apple (qui par exemple a joué de l’obsolescence programmée sur mon IPhone 4, qui fonctionnait très bien après 7 ans d’utilisation mais qui perdait peu à peu en fonctionnalités, impossible par exemple de mettre à jour de plus en plus d’applications…) mais il faut avouer qu’il y a des années lumières de distance entre les systèmes Android et iOS : autant le premier est confus, autant le deuxième est clair et intuitif, si facile d’utilisation. Et c’est toujours pratique d’avoir le recours d’un bon objectif photo sur son portable. Mais maintenant je n’ai plus qu’une option, je fais exclusivement mes photos avec mon compact Nikon !
Après avoir fait ma contre-pub à SFR (car oui, nous vivons aussi dans un environnement commercial agressif et destructeur de valeurs positives et humaines, de celles que le street art très souvent défend et remet à l’honneur), voici enfin ce voyage dans le temps, un retour vers une utopie urbaine et une expression artistique version 2014, un parfum du passé récent en images.
Florent Hugoniot © Photo